EN BREF — La Ville de Grenoble déploie des ambassadrices et ambassadeurs des « bons gestes ». Une équipe jeune de neuf personnes, recrutées via les cours d’éloquence Émergences et la Mission locale, chargée d’aller à la rencontre des Grenoblois pour les sensibiliser aux gestes barrières et aux règles de distanciation physique.
Ne parlez plus des « gestes barrières » mais des « gestes protecteurs ». Nouvelle subtilité langagière du maire de Grenoble, pour mieux suggérer des gestes « qui protègent les uns les autres, qui n’empêchent pas les liens sociaux, qui n’empêchent pas la convivialité ». Et que les « ambassadeurs des bons gestes » de la Ville de Grenoble sont chargés de rappeler aux habitants à l’occasion de leurs déambulations sur le territoire communal.
Éric Piolle présente les ambassadeurs des bons gestes de Grenoble. © Florent Mathieu – Place Gre’net
C’est pour mieux présenter ces ambassadrices et ambassadeurs que la municipalité grenobloise donnait rendez-vous devant la gare de Grenoble mardi 2 mai. Depuis quelques jours déjà, l’équipe de neuf jeunes parcourt en binômes ou trinômes les marchés, les parcs et les rues de la ville pour aller à la rencontre des habitants. Ce afin d’échanger avec eux sur les gestes à adopter face à la crise sanitaire, et de leur donner des conseils si la situation s’y prête.
« C’est mieux que d’allumer la télé »
« Avec la réouverture des terrasses, il y a une certaine aspiration à retrouver l’occupation de l’espace public », juge Éric Piolle. Une raison de plus, à ses yeux, de déployer ces ambassadeurs des bons gestes. Recrutés via les master class d’éloquence Émergences, dont la cinquième édition s’est déroulée en mai, et la Mission locale de Grenoble, ils ont été formés en ligne par la Croix-Rouge pour mieux savoir aller au contact de l’autre… et appréhender au besoin les conversations houleuses.
L’accueil est cependant globalement bon. « Les gens sont plutôt ouverts : le fait de voir des gens physiquement, ça change beaucoup, c’est mieux que d’allumer la télé », explique ainsi Mathilde, membre de l’équipe. Sa collègue Rita confirme : « Je pense qu’il y a une lassitude complète autour du message qui vient d’en haut », juge-t-elle. Pour mieux vanter les mérites d’un message diffusé par « des gens normaux du quotidien ».
Avec la volonté de n’oublier personne, ajoute la jeune femme. Y compris les SDF, souvent susceptibles d’être bien moins informés sur les risques sanitaires et les gestes à adopter. Un contact plus difficile… mais peut-être plus enrichissant ? « Ils sont parfois virulents au début, mais finissent par enclencher un dialogue avec nous. Même s’ils sont en colère contre la société, ils sont toujours contents de voir des gens qui s’inquiètent d’eux », estime encore Rita.
Une campagne de communication massive
Tout est question d’approche, explique de son côté Essiah : « On rappelle que l’on n’est pas là pour faire la police, qu’on est dans le conseil ! » Des conseils souvent bienvenus car les gestes barrières comme les mesures de distanciation sociale ne sont pas (encore) une évidence pour tout le monde. « Énormément de choses n’ont pas été intériorisées, parce qu’on ne les a pas expliquées simplement », juge ainsi Rita.
Les ambassadeurs ont jusqu’au 1er juillet, date de la fin de leur mission, pour partager les gestes qui protègent. Ce tout en étant épaulés par « une campagne de communication massive » mise en place par la Ville de Grenoble, avec affichages dans les rues et informations diffusées en ligne. Et bientôt, promet la municipalité, l’ajout d’une « dimension artistique » à l’opération, autour de performances publiques ou d’une appropriation des marquages au sol.