EN BREF – En Savoie, un maire et un industriel ont développé une visière de protection grand public comme alternative aux masques en tissu. En quelques jours, une cinquantaine de collectivités l’ont adopté. Et l’initiative commence à essaimer.
La visière de protection peut-elle être une alternative aux masques, notamment à ceux en tissu ? Aux Échelles, le maire en est convaincu. Aux côtés d’un industriel local, l’entreprise HF Technologie, Cédric Vial a développé une solution de visière grand public.
« Ces visières représentent un moyen de protection plus fonctionnel et plus confortable que les masques, surtout plus efficace qu’un masque mal porté », souligne-t-il. Dans cette petite commune de Savoie, aux confins du département de l’Isère, la visière viendra en plus des masques en tissu… et avant eux. Car les masques, fournis par la communauté de communes et la Région Auvergne Rhône-Alpes, ne devraient pas arriver avant le 11 mai.
Un complément et surtout une meilleure solution pour les plus jeunes, juge le maire. D’autant que la visière est adaptable aux enfants. « Pour les maternelles, le masque est prohibé, pour les primaires, il n’est pas recommandé. Soit donc on recommence comme avant, soit on essaie de trouver des solutions. »
40 000 visières de production commandées en quelques jours
Depuis, son initiative a convaincu de nombreuses collectivités. Une cinquantaine en Savoie se sont montrées intéressées. En quelques jours, HF Technologie a fait le plein de commandes. Et, vendredi, l’entreprise devrait démarrer la production de 40 000 visières. « On ne peut plus livrer avant la semaine du 11 mai désormais ! »
Si la solution imaginée par l’élu et l’industriel a convaincu, c’est qu’elle est aussi économique. L’entreprise spécialisée dans l’injection plastique s’est en effet engagée sur le tarif de gros de 1,52 euro par pièce, quel que soit le nombre de commandes passées.
« La visière, on ne l’a pas inventée, les matériaux non plus, poursuit Cédric Vial. Mais on a inventé un dispositif grand public. Sur internet, on en trouve des visières, mais à 15 – 20 euros ! C’est un scandale ! Quant aux makers 3D, c’est du bénévolat. Leur capacité de production reste faible. »
Moins chères qu’un masque en tissu, les visières sont lavables et réutilisables à volonté là où les masques alternatifs ne supportent pas plus d’une dizaine de lavages. Mais, comme les masques en tissu, elles ne répondent à aucune norme sanitaire et ne remplacent donc pas les gestes barrières et les mesures de distanciation sociale.
« Les visières ou écrans faciaux ne sont pas des équipements de protection respiratoire »
« Les visières ou écrans faciaux ne sont pas des équipements de protection respiratoire mais des équipements de protection des yeux et du visage », souligne l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS). De fait, les soignants l’utilisent souvent en complément du masque.
« Dans les autres secteurs, les écrans faciaux ne peuvent être utilisés qu’en complément des mesures collectives, organisationnelles et d’hygiène mises en œuvre permettant d’assurer la santé et la sécurité des salariés. »
L’initiative va-t-elle convaincre ? Le maire des Échelles a contacté l’association des maires de France et le ministère de l’Éducation nationale. Objectif ? Que cet équipement, malgré ses limites, soit reconnu comme une solution alternative aux masques dans les établissements et le transport scolaires.
« Il vaut mieux une visière qu’un masque mal porté qui peut être dangereux », insiste Cédric Vial. Le masque, les gens le portent, puis le mettent dans la poche. Et ils le lavent le moins souvent possible pour le faire durer. »
Patricia Cerinsek