EN BREF – Claude Jacquier, président de l’Observatoire sur les discriminations et les territoires interculturels (ODTI), annonce avoir été agressé à coups de barre de fer dans le quartier Très-Cloîtres à Grenoble, le mercredi 1er avril. S’il signale depuis plusieurs années des menaces à son encontre, il lie ce passage à l’acte à la tension générée par le confinement et la baisse d’activité des trafiquants du quartier.
Un signe de tensions dans l’un des quartiers de Grenoble les plus touchés par les trafics ? Au soir du mercredi 1er avril, Claude Jacquier, président et directeur de l’Observatoire sur les discriminations et les territoires interculturels (ODTI), explique avoir été violemment agressé dans le secteur Très-Cloîtres. Une attaque rendue publique quelques jours plus tard.
« Le forfait criminel a eu lieu près du parking des éditions Glénat, au bout de la cour de l’Alma », écrit Claude Jacquier dans sa Chronique ODTI Hebdo du lundi 6 avril. Une agression qui a tout de l’expédition punitive : la personne n’a pas prononcé un seul mot et portait un masque pour se couvrir le visage, nous décrit Claude Jacquier.
Résultat ? Le septuagénaire a reçu cinq coups de barre de fer sur les jambes, avant que l’assaillant ne prenne la fuite.
Un effet confinement sur le trafic de drogue ?
Si les conséquences auraient pu être plus graves, le président de l’ODTI n’apprécie pas d’entendre qu’il n’aurait été que « légèrement blessé ». « Il devait [vouloir] me casser les articulations des chevilles et genoux. Seuls les muscles ont pris, contusions et blessures ouvertes », note ainsi Claude Jacquier. Des blessures que la victime ne considère pas du tout comme « légères ». Et qui lui ont valu une ITT de huit jours.
Claude Jacquier annonce avoir déposé plainte le lendemain, en compagnie d’Éric Vaillant, le procureur de la République en personne. Ce dernier affirme pour sa part, dans Le Dauphiné libéré, que « cette agression renforce [sa] détermination à lutter contre le trafic de drogue dans le quartier ». Pas de quoi rassurer toutefois le président de l’ODTI. Qui, en 2017, signalait déjà aux autorités les menaces répétées dont il était l’objet de la part des dealers.
Pourquoi ce passage à l’acte ? Pour Claude Jacquier, l’attaque est du fait « de petits truands mis à mal par le confinement coronavirus et qui cherchent un bouc émissaire ». Et celui-ci d’énumérer les déboires que rencontrent, selon lui, les trafiquants du quartier : « pénurie de marchandise, disparition de la clientèle friquée du centre-ville et de l’université, PV dressés pour présence dans l’espace public ».
Claude Jacquier plaide pour la dépénalisation des drogues
Le président de l’ODTI le répète pourtant : il n’est pas en lutte contre les multiples trafics solidement implantés dans le quartier Alma-Très-Cloîtres… sauf au sein de la résidence Nordine Hadj Amar gérée par l’ODTI. « La seule chose que j’exigeais d’eux était que tout cela se passe à l’extérieur de l’établissement, […] l’ODTI n’étant pas un coffee-shop-hôtel à leur disposition », écrit-il dans sa chronique.
Claude Jacquier décrit en effet des dealers qui tiennent sous leur coupe des personnes âgées étrangères que l’ODTI accompagne. Avec une « mainmise sur ces proies fragiles pour les obliger à coopérer en leur servant de nourrices et de receleurs dans des combines qui rapportent gros à ces petits truands ». Quand bien même, écrit-il encore, les trafiquants partagent avec ces personnes une « communauté d’origine, de culture, voire d’intérêt ».
Et le président de l’ODTI de conclure en plaidant, une nouvelle fois, pour « une mesure expérimentale radicale de libéralisation et de dépénalisation de toutes les drogues », préférable à une répression « coûteuse et inefficace ». Quitte à citer Montesquieu, qui écrivait dans L’Esprit des lois : « C’est presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces. »