EN BREF — En Isère comme partout en France, la FNSEA, l’Anefa et la start-up Wizifarm incitent les personnes sans emploi à s’inscrire sur la plateforme « Des bras pour nos assiettes » pour proposer leurs services aux agriculteurs en manque de main‑d’œuvre sur fond de crise sanitaire.
« L’agriculture a besoin de bras pour vos assiettes. » Tel est le cri lancé au niveau national par certains acteurs du monde agricole : la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), l’Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture (Anefa) et la start-up Wizifarm. Un appel relayé en Isère par la FDSEA, visant à « limiter les impacts de la crise du Coronavirus sur la production agricole ». Il s’agit ainsi pour les agriculteurs de maintenir ou d’augmenter leur production et d’assurer la sécurité sanitaire de leurs salariés, tout en absorbant la « hausse sensible » de l’absentéisme.
C’est pourquoi Wizifarm a lancé la plateforme « Des bras pour nos assiettes », qui incite les personnes désirant travailler dans l’agriculture à postuler et les agriculteurs en manque de main-d’œuvre à le signaler. Le tout suivi d’une mise en relation entre l’internaute qui propose ses services et l’employeur potentiel, selon les profils, les types de compétences et le positionnement géographique de chacun.
« Une volonté forte de participation à cet effort national »
« De nombreuses démarches individuelles ou d’entreprises démontrent d’ores et déjà une volonté forte de participation à cet effort national », notent les partenaires, non sans saluer « un signe réconfortant pour la profession agricole ». Plusieurs dizaines de milliers de personnes se seraient ainsi inscrites en l’espace de quelques heures. Cependant, les chiffres au niveau local, et notamment isérois, ne sont pas encore connus.
Avec cette initiative, les acteurs agricoles espèrent avant tout mobiliser les personnes actuellement privées d’emploi pour cause de coronavirus et de confinement. Une initiative des agriculteurs d’ailleurs relayée par le gouvernement avec une certaine maladresse en matière de communication, lorsque sa porte-parole Sibeth Ndiaye a pris pour exemple les enseignants qui « ne travaillent pas »… avant de faire son mea culpa.
La Confédération paysanne dénonce l’opération
Mais pour la Confédération paysanne, c’est l’ensemble de l’opération qui relève de la bévue. « Cet appel à rejoindre les champs témoigne d’un certain mépris vis-à-vis des savoir-faire paysans et de l’emploi agricole, perçu comme non qualifié », lance le syndicat. Qui attend une amélioration des conditions de travail dans les professions agricoles, et non des travailleurs « considérés comme de simples outils de production ».
Florent Mathieu
AGRICULTURE EN SAVOIE : GÉNÉRATION.S TIRE LA SONNETTE D’ALARME
Des militants Génération.s de Savoie s’adressent au préfet pour alerter sur la situation de la filière agricole du département. « En haut, les coopératives et exploitants ne savent plus comment stocker leurs productions ; dans les vallées, les rayons de fromages locaux sont vides et les marchés sont fermés », écrivent les référents départementaux, rejoints par la vice-présidente de Cœur de Chartreuse et maire de Saint-Pierre‑d’Entremont Brigitte Bienassis.
Selon le courrier, des exploitants agricoles du territoire de la Chartreuse sont à ce jour contraints de vendre leur production de lait ou de fromages à perte à des grossistes italiens. Et de citer encore « le cas de maraîchers des piémonts qui peinent à trouver des emplacements d’urgence pour la vente directe ».
Génération.s Savoie demande donc au préfet d’assouplir les contrôles routiers pour l’achat de matières premières afin de permettre aux Savoyards d’acheter des produits locaux dans les coopératives. Tout en faisant pression sur les grandes surfaces pour qu’elles se fournissent en produits locaux au prix fixé par l’agriculteur. Et en permettant la vente directe en-dehors des créneaux de marché habituels.