FOCUS – Lors du point presse de ce mercredi 18 mars, les responsables du CHU Grenoble Alpes ont détaillé les mesures mises en place pour affronter l’épidémie de coronavirus. En particulier le doublement de places en réanimation, le triplement des réponses du Samu et un large stock de masques.
« Le CHU est préparé pour répondre à la crise sanitaire. » Les mots de Marie-Thérèse Leccia, présidente de la commission médicale de l’établissement, se voulaient rassurants ce mercredi 18 mars. Selon les responsables du CHU de Grenoble, tout a été mis en place pour affronter l’épidémie de coronavirus.
Pas d’explosion du nombre de cas de coronavirus à prévoir
Avec 49 cas en Isère et 12 hospitalisations, dont deux en réanimation sans assistance respiratoire, le bassin grenoblois est assez peu touché par le coronavirus comparé au reste de la France. Pourtant, les services sanitaires sont préparés à la montée en puissance de l’épidémie.
« Il n’y aura pas de montée exponentielle mais l’on s’attend à une augmentation progressive des cas dans les prochains jours. Et nous l’avons anticipée », assure le Pr Olivier Épaulard, infectiologue au CHU de Grenoble.
Réorganisation des établissements de santé face à l’épidémie
Cette préparation s’appuie notamment sur la réorganisation des services. Les activités de chirurgie non urgentes ont ainsi été déprogrammées. Quant aux consultations ne pressant pas, elles ont déjà été reportées depuis le 13 mars.
Cela vaut pour les trois gros établissements de santé du secteur : la clinique des Cèdres, celle de Belledonne et le GHM.
« Cela nous permet sur le CHU à la fois de libérer des espaces d’hospitalisation, du matériel et du personnel », souligne Marie-Thérèse Leccia.
Grâce à cette réorganisation, le CHU a ainsi pu doubler sa capacité de prise en charge en réanimation et en soins intensifs. Des unités complètes de trente lits ont également été libérés. « Les patients négatifs au Covid-19 pourront notamment être soignés par les autres établissements de santé et la médecine de ville », complète-t-elle.
« C’est la première fois qu’une telle collaboration, qu’une telle coopération se fait, et c’est pour cela qu’il faut souligner la qualité des échanges et du travail effectué avec les différents établissements de santé et la médecine de ville », insiste Marie-Thérèse Leccia.
La médecine de ville en première ligne
Les médecins généralistes auront d’ailleurs la responsabilité d’orienter vers le CHU les patients suspectés d’être contaminés par le coronavirus.
« Les principaux acteurs du Covid dans les semaines qui viennent seront les généralistes. Ce sont eux qui vont être confrontés au plus de cas », précise le Pr Olivier Épaulard.
« Le but du dialogue actuel avec eux est donc aussi qu’ils sachent quoi faire lorsque la montée du nombre de cas arrivera en ville », complète-t-il.
Mais seront-ils assez protégés face à cette épidémie ? « On manque de visibilité sur la quantité de masques nécessaires aux médecins de ville, mais il y a des alertes pour s’assurer qu’ils ne manquent pas de masques », explique l’infectiologue. « Et c’est une problématique à faire remonter plutôt au niveau du conseil de l’ordre des médecins », ajoute Marie-Thérèse Leccia.
Large stock de masques au CHU
Pour le CHU en revanche, les stocks sont là. Marie-Thérèse Leccia assure avoir environ 100 000 masques chirurgicaux en stock. Bien plus que ce qui a a été dit jusqu’à présent, et malgré un nombre conséquent de vols. Mais de quoi tenir quelques jours en attendant le réapprovisionnement prévu par le gouvernement. La Chine a également annoncé l’envoi d’un million de masques vers la France.
En revanche, aucune mesure compensatoire prévue pour les soignants. En effet, interrogé sur d’éventuelles primes pour le personnel soignant, Gérald Darmanin a botté en touche.
Et répondu : « Aujourd’hui, la meilleure prime qu’on peut donner aux soignants, c’est de respecter les gestes sanitaires. »
Collaboration et bénévolat
Autre effet de cette réorganisation : le triplement de la capacité de réponse au Samu. « Nous répondons actuellement à 96 % des appels en moins d’une minute », assure Guillaume Debaty, responsable du Samu 38. Cela a aussi été rendu possible grâce à l’appui de 180 médecins libéraux, mais aussi des internes, des étudiants en médecine et des volontaires de la Croix Rouge.
Les télé-consultations vont également être renforcées pour les pathologies hors Covid-19. Et les médecins généralistes ont commencé à recevoir des kits de tests. Attention toutefois ! II n’est pas possible de demander à être testé. Ce sera au médecin de déterminer si un test s’avère nécessaire, selon l’état du patient.
Comment va évoluer l’épidémie de coronavirus ?
Pour l’instant, « aucun pays à part la Chine n’a atteint son pic d’épidémie », rappelle l’infectiologue Olivier Épaulard. Il est donc impossible pour lui de prévoir comment le virus va se comporter avec l’arrivée des mois chauds.
Les responsables du CHU rappellent à quel point il est primordial de respecter les mesures de confinement prises par le gouvernement. De même que les mesures sanitaires de base et la distance sociale d’au moins un mètre entre les personnes. « L’application de ces mesures a d’ores et déjà eu des effets positifs », assure le Pr Olivier Épaulard.
Anissa Duport-Levanti