Un snapshot de la vidéo Instagram de Mila

Mila, Iséroise de 16 ans, relance le débat sur la liberté de blas­phé­mer… en France

Mila, Iséroise de 16 ans, relance le débat sur la liberté de blas­phé­mer… en France

FOCUS – Mila est une lycéenne isé­roise pas­sion­née par le chant, ouver­te­ment hos­tile aux reli­gions et à l’is­lam en par­ti­cu­lier. Bref, laï­carde et fière de l’être. Suite à une prise de bec avec un inter­naute musul­man, elle a affirmé ses posi­tions dans une vidéo Instagram le 19 jan­vier der­nier. Ce qui lui vaut désor­mais de crou­ler sous les insultes et menaces de mort.

Après le tra­gique #JeSuisCharlie, #JeSuisMila res­tera-t-il dans l’his­toire ? Une chose est sure, les déboires de cette ado­les­cente ont débordé des réseaux sociaux pour enva­hir la sphère poli­tique. Tout com­mence samedi 18 jan­vier, sur le compte Instagram de l’a­do­les­cente isé­roise qui rêve de deve­nir chanteuse.

Au cours d’une vidéo en direct où elle dis­cute avec ses abon­nés, un inter­naute l’a­borde brus­que­ment. Alors qu’il la « drague de manière insis­tante », selon le maga­zine Marianne, la jeune fille le repousse. En effet, celle-ci est ouver­te­ment les­bienne, affi­chant le dra­peau LGBT sur son profil.

Un snapshot de la vidéo Instagram de Mila

Un snap­shot de la vidéo Instagram de Mila

Si l’on en croit son témoi­gnage publié sur le site Bellica, tenu par la fémi­niste iden­ti­taire Solveig Mineo, les insultes pleuvent. « Sale fran­çaise », « sale pute », « sale gouine »… Puis l’in­ter­naute taxe Mila de racisme et d’islamophobie.

Dès le len­de­main, la jeune fille prend la déci­sion de répli­quer par une story, tou­jours sur son compte Insta. Un mes­sage agres­sif dans lequel elle affirme détes­ter « la reli­gion, toutes les reli­gions ! » Et où elle s’en prend direc­te­ment à l’is­lam et, plus géné­ra­le­ment, à la com­mu­nauté musulmane :

« Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’is­lam c’est de la merde, c’est ce que je pense. […] Je ne suis pas raciste, pas du tout. On ne peut pas être raciste envers une reli­gion. J’ai dit ce que j’en pen­sais, vous n’al­lez pas me le faire regret­ter. Il y a encore des gens qui vont s’ex­ci­ter, j’en ai clai­re­ment rien à foutre, je dis ce que je veux, ce que je pense.Votre reli­gion, c’est de la merde, votre Dieu, je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci, au revoir. […] Vous m’in­sul­tez et vous me mena­cez de mort, vous n’êtes bons qu’à ça, vous n’a­vez pas d’é­du­ca­tion, vous êtes nuls, vous ser­vez à rien. »

https://​www​.face​book​.com/​A​l​H​u​s​s​e​i​n​i​.​W​a​l​e​e​d​/​v​i​d​e​o​s​/​1​1​4​9​3​9​5​2​9​8​6​5​7​01/

Un déra­page vidéo qui enflamme l’opinion

Un « coup de sang », selon Marianne. Oui mais voilà, contrai­re­ment à l’af­faire ini­tiale de drague lourde qui n’a pas été enre­gis­trée et n’est donc plus visible, la story fait le tour du web. D’abord sur Instagram, puis sur Twitter, Facebook et Snapchat.

Une de Charlie Hebdo, journal anticlérical assumé. DR

Une de Charlie Hebdo, jour­nal anti­clé­ri­cal assumé… et cible pri­vi­lé­giée des “anti-blas­phèmes”. DR

S’ensuivent très rapi­de­ment menaces de viol et de mort en très grand nombre. Des per­son­na­li­tés poli­tiques se mêlent de l’af­faire ; Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan sou­tiennent la jeune fille. Selon le site Bellica, elle obtient éga­le­ment le sou­tien offi­ciel de « Françoise Laborde, Audrey Pulvar, Stop Homophobie, Zineb El Rhazoui, Gilles Clavreul, Waleed Al Husseini, Le Printemps Républicain, Jean Quatremer, Nous Toutes, ou encore Inna Shevchenko ».

Deux camps se font désor­mais face. D’un côté, les #JeSuisMila, qui affirment le droit au blas­phème per­mis par la loi du 9 juillet 1881. À l’i­mage notam­ment du col­lec­tif isé­rois Résistance uni­ver­selle (ex-LaiCitéS). Ou de l’Union des familles laïques natio­nale, dont l’u­nion locale des Portes de l’Isère et du Comité 1905 Auvergne-Rhône-Alpes.

De l’autre, les #JeNeSuisPasMila, qui vouent aux gémo­nies la blas­phé­ma­trice. Parmi ces der­niers, Abdallah Zekri, délé­gué géné­ral du Conseil fran­çais du culte musul­man, affir­mant : « Qui sème le vent, récolte la tem­pête », […] Elle l’a cher­ché, elle assume ». Des pro­pos sans équi­voque, même si l’in­té­ressé affirme ne pas cau­tion­ner les menaces de mort.

Une affaire qui sou­lève des ques­tions cruciales

L’adolescente n’a pas pu retour­ner au lycée où, selon le maga­zine Têtu, elle était atten­due de pied ferme le lundi sui­vant l’é­vè­ne­ment. Une péti­tion a été relayée par le site Bellica pour que Mila obtienne une pro­tec­tion policière.

Deux enquêtes sont en cours, ouvertes par Jérôme Bourrier, le pro­cu­reur de la République de Vienne. L’une vise à iden­ti­fier les auteurs des menaces contre Mila. L’autre, à l’en­contre de la jeune fille, va déter­mi­ner si ses pro­pos tombent sous le coup de la « pro­vo­ca­tion à la haine raciale ».

© Joël Kermabon - Place Gre'net

Rassemblement cinq ans après l’at­ten­tat de Charlie Hebdo. © Joël Kermabon – Place Gre’net

L’affaire fait déjà du bruit au-delà des fron­tières de l’Hexagone : le 24 jan­vier, The Times publiait un article sur Mila, indi­quant que celle-ci rece­vait un sou­tien psy­cho­lo­gique assuré par le bureau du pro­cu­reur et avait été offi­cieu­se­ment assi­gnée à rési­dence. La ques­tion du droit au blas­phème en France, illus­trée si dou­lou­reu­se­ment par Charlie Hebdo, se repose sous une autre forme. Avec, en toile de fond, une réelle inquié­tude liée à l’im­pact des réseaux sociaux sur la jeu­nesse et son devenir.

Laure Gicquel

Laure Gicquel

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