FOCUS – Ce vendredi 24 janvier, des élèves, enseignants, personnels et parents ont bloqué les portes du lycée polyvalent Vaucanson en début d’après-midi. En cause ? La première épreuve de contrôle continu en cours de formation (E3C), à laquelle des élèves ont refusé de se rendre. Une décision prise en assemblée générale malgré « des pressions de l’administration », dénonce Sud éducation.
Ce vendredi 24 janvier vers 13 heures, il y avait foule devant le lycée polyvalent Vaucanson dont plus d’une centaine de lycéens, professeurs, parents d’élèves et personnels de l’éducation bloquaient le portail.
La raison de ce blocage pacifique ? Le déroulement de la première épreuve de contrôle continu (E3C) à laquelle 57 élèves sur 160 ont refusé de se soumettre après en avoir décidé en assemblée générale. Ce « malgré les pressions et les intimidations de l’administration sur les élèves et leurs parents », rapporte le syndicat Sud éducation.
Tous rejettent en bloc ces épreuves mettant fin aux séries littéraires, économique et social et scientifique, en accordant une place plus importante au contrôle continu. Une des conséquences de la réforme du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, suscitant moult remous et critiques de la part du corps enseignant.
Les enseignants dénoncent les « effets nocifs et inégalitaires » de la réforme du bac
« Nous avons organisé une rencontre avec les parents mercredi dernier et ils voient bien que ces E3C sont mal menés. Mal pensés, non pédagogiques, elles nous mettent dans une situation non formative avec les élèves », explique Jean-Christophe Barraud. Professeur d’histoire-géographie, ce dernier dénonce « des épreuves qui viennent se poser à des moments ponctuels et dont on n’aura les notes que dans deux mois ».
L’occasion pour l’enseignant de fustiger une réforme dont les élèves ressentent, affirme-t-il, les effets « nocifs et inégalitaires ». Notamment le fait de devoir abandonner l’une des trois spécialités « sans en connaître les tenants et aboutissants ».
Quant à la décision de bloquer l’établissement pour empêcher, en réaction, la tenue de l’épreuve, Jean-Christophe Barraud nous en expose la genèse.
« Ils utilisent la peur contre ceux qu’ils sont censés faire réussir dans la vie »
Même son de cloche du côté des élèves de Vaucanson qui dénoncent, pour leur part, un manque d’organisation et le creusement des inégalités. « On n’arrête pas de nous parler d’école de la confiance, d’égalité des classes, mais ce n’est absolument pas le cas ! », nous confie un élève de première. Qui, lui aussi, fait part de « l’attitude autoritaire de l’administration1Le proviseur, interrogé sur place, n’a pas souhaité s’exprimer, s’en remettant au rectorat. face à la démocratie lycéenne ».
Et pour cause, enchaîne-t-il, « on nous a refusé le droit de réunion et ils exercent une énorme pression sur les élèves […]. Ils utilisent la peur contre ceux qu’ils sont censés faire réussir dans la vie », s’insurge le lycéen.
Que risquent les élèves qui ont refusé l’examen ? « Rien, explique un enseignant. Un élève bloqué peut invoquer des raisons de sécurité et ensuite participer à l’examen de remplacement. »
Une trentaine de CRS, dont « certains en équipement anti-émeute »
Pour autant, après l’entassement de poubelles devant les entrées du lycée, la situation, jusqu’alors calme, a pris un tour plus tendu. De fait, vers 14 h 30, des fourgons de police ont pris position aux abords de l’établissement et déversé une trentaine de CRS, dont « certains en équipement anti-émeute », relate Sud éducation. Une intervention sur « réquisition du directeur du lycée afin d’évacuer les deux entrées du lycée bloquées », selon les services de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
La suite ? Les adultes présents ont fait un bouclier humain pour éviter tout débordement et protéger les élèves.
Après sommations, les forces de l’ordre ont repoussé le groupe afin de dégager les deux portails en passant à l’intérieur du lycée. Puis ils ont manifestement intimé l’ordre de se disperser, ce que les manifestants ont fait dans le calme.
Autant dire que pour Sud éducation, la pilule n’est pas passée. « Nous observons qu’une fois de plus la seule réponse policière est apportée à ceux et celles qui défendent un service public. Nous continuerons de nous battre avec détermination contre les réformes Blanquer et de nos retraites », s’indigne le syndicat dans un communiqué.
« Nous, personnel·les de l’Éducation nationale du lycée Vaucanson présents lors du rassemblement dénonçons avec force la présence policière, ses menaces et la complicité de notre administration. Est-ce cela l’école de la confiance ? », interroge-t-il.
Joël Kermabon
1 Le proviseur du lycée Vaucanson, interrogé sur place, n’a pas souhaité s’exprimer s’en remettant au rectorat.