EN BREF – Le maire de Sassenage sera jugé, le 9 juin prochain, par le tribunal correctionnel de Grenoble pour prise illégale d’intérêts. Christian Coigné, également vice-président du Département de l’Isère en charge du logement, est accusé d’avoir favorisé sa fille dans l’attribution d’un logement communal d’urgence.
Le maire de Sassenage sera jugé le 9 juin prochain par le tribunal correctionnel de Grenoble pour prise illégale d’intérêts dans l’affaire de l’attribution d’un hébergement d’urgence à sa fille. De 2014 à 2018, la fille de Christian Coigné a en effet bénéficié d’un logement communal, sans pour autant être domiciliée sur la commune.
Le maire de Sassenage, également vice-président en charge du logement au Département de l’Isère, a‑t-il favorisé sa fille ? C’est ce que dénoncent les élus d’opposition d’Agir pour Sassenage à l’origine d’une première plainte déposée en 2015. L’affaire avait été une première fois classée, avant d’être rouverte par le parquet de Grenoble en 2018.
À Sassenage, ces logements sont d’anciens appartements d’instituteurs. Récupérés par la commune, financés par le contribuable sassenageois, ils sont attribués aux familles dans le besoin urgent. Sur quelle base ?
Des critères de sélection opaques
Les dossiers de demande de logement d’urgence transitent, comme ceux des logements sociaux, par le centre communal d’action sociale, comme nous l’expliquions en 2017. C’est là que s’opère une première sélection. Mais la décision finale, elle, est prise par un comité très restreint, réduit à la personne du maire et de son adjointe au social et au logement. Et dans une certaine discrétion.
Les logements communaux d’urgence sont d’anciens logements d’instituteurs récupérés depuis par la ville. Mais contrairement aux logements sociaux, il n’y a pas de cadre réglementaire. © Albéric Marzullo
« Il s’agit de logements qui servent aux relations du maire !, dénonçait en 2017 Florence Parvy, la présidente du groupe Agir pour Sassenage. C’est le principe de “on rend service, on rend redevable”. »
« Ces logements, on les a mis pour rendre service »
La famille de Christian Coigné n’est, semble-t-il, pas la seule à avoir bénéficié de tels logements. Des relations proches du maire de Sassenage auraient également profité d’un tel dispositif. Ce que reconnaissait le premier magistrat, il y deux ans, tout en se défendant d’en attendre un quelconque retour.
« Ces logements, on les a mis pour rendre service, admettait Christian Coigné. On ne touche aucune aide de l’État, tout est à la charge de la commune. Certains en ont bénéficié en raison du retard, par notre faute, dans l’instruction de leur permis de construire. On a voulu réparer… »
Patricia Cerinsek