EN BREF – Le dispositif de réorientation de certains patients des urgences vers la médecine de ville proposé par le député de l’Isère Olivier Véran sera expérimenté à compter du 1er avril dans trente hôpitaux en France. Le CHU de Grenoble est candidat. Pour ne pas pénaliser des hôpitaux déjà exsangues, la mesure s’accompagne d’une compensation financière qui, si elle est généralisée, se traduira par un surcoût estimé à au moins 30 millions d’euros par an.
La proposition d’Olivier Véran de réorienter certains patients se présentant aux urgences vers la médecine de ville va bientôt être expérimentée.
Au 1er avril, comme le prévoit l’arrêté ministériel publié le 3 janvier dernier, trente services d’urgences en France vont ainsi tester le dispositif imaginé, puis amendé par le député LREM de l’Isère.
La liste des hôpitaux qui seront sélectionnés ne sera pas connue avant le 15 mars. Mais, d’ores et déjà, le CHU de Grenoble, où Olivier Véran officie en tant que neurologue, a fait savoir qu’il avait prévu de faire acte de candidature.
Les volontaires ont deux ans devant eux pour expérimenter la mesure. Au lieu de trois prévus initialement, « histoire de ne pas faire perdurer un dispositif qui ne fonctionnerait pas, explique un collaborateur d’Olivier Véran. Auquel cas, il faudra vite passer à autre chose. »
La classe politique et la communauté médicale divisées
C’est peu dire que la mesure divise. Elle a provoqué un tollé sur les bancs de l’Assemblée nationale et du Sénat, où seule la majorité gouvernementale a fait bloc derrière le député de l’Isère. Et elle n’a guère plus enthousiasmé les médecins libéraux.
Le principe ? Désengorger les urgences en permettant aux hôpitaux, déjà exsangues, de réorienter les patients vers la médecine de ville, sans y perdre financièrement parlant. D’où la mise en place d’un forfait de 60 euros par patient réorienté.
« L’engagement auprès des établissements expérimentateurs est que leur niveau de ressources globales pour les urgences ne sera pas modifié par la participation à l’expérimentation », souligne l’arrêté.
Un surcoût de 1,7 million d’euros par an pour expérimenter le dispositif, 30 millions s’il est généralisé
Ainsi, rien que pour expérimenter le dispositif, le surcoût est estimé à 1,7 million d’euros par an. Sa généralisation à tous les établissements entraînerait, elle, un surcoût de 30 millions d’euros, a calculé le gouvernement. Ce sans compter le coût de la prise en charge desdits patients par les médecins de ville ou maison médicale vers lesquels ils auront été réorientés.
En 2013, une enquête de la DREES sur l’activité des services d’urgence avait estimé que 28 % des patients pris en charge auraient pu être réorientés vers un médecin généraliste. Mais le dispositif qui va être expérimenté a dû revoir les chiffres à la baisse pour tenir compte du consentement du patient. Car celui-ci aura le choix de refuser sa réorientation. Ainsi, d’après les projections, la mesure devrait permettre de diminuer le flux de patients de 5 à 10 %.
Patricia Cerinsek