REPORTAGE VIDÉO - Une manifestation contre la réforme des retraites à réuni 1 800 personnes selon la police – 5 000 selon les syndicats – à Grenoble ce 12 décembre. Soit le lendemain même des annonces d'Édouard Philippe, qui n'ont pas réussi à convaincre les manifestants. Considérant que « le compte n'y est pas », les syndicats déjà mobilisés, désormais rejoints par la CFDT, annoncent la poursuite du mouvement. Et appellent à une nouvelle journée nationale de mobilisation ce prochain mardi 17 décembre.
Les annonces du Premier ministre Édouard Philippe concernant la réforme des retraites n'ont pas convaincu les quelque 1 800 manifestants – 5 000 selon les syndicats – qui ont une nouvelle fois battu le pavé grenoblois, ce jeudi 12 décembre. Un troisième épisode depuis la première mobilisation.
Un peu moins fourni que celui de ce 10 décembre, le cortège intersyndical* et interprofessionnel est parti de la gare pour rallier la place de Verdun où il s'est dispersé vers 11 h 30. Encore plus déterminés, les manifestants ont réclamé l'abandon pur et simple du nouveau système à points, la pièce maîtresse de la réforme.
« Nous voulons le retrait de ce projet et invitons les salariés à se mettre en grève », a déclaré Élisa Balestrieri, de la CGT Isère. Qui donne rendez-vous pour ce mardi 17 décembre, date à laquelle l'intersyndicale a d'ores et déjà appelé à une nouvelle mobilisation nationale.
Une « ligne rouge » a été franchie avec un âge pivot fixé à 64 ans
Pour les syndicats, le compte n'y est pas dans les annonces d'Édouard Philippe. Et dire qu'ils sont déçus serait un doux euphémisme. Mieux ou plutôt pire, le Premier ministre a même réussi à se mettre à dos le premier syndicat français, en l'occurrence la CFDT. La centrale syndicale réformiste et partisane d'une réforme systémique prive ainsi le gouvernement d'un précieux allié en rejoignant la contestation.
Un renfort inespéré pour les opposants et qui pourrait bien faire basculer le rapport de force entre le gouvernement et des syndicats qui, tous, rejettent désormais en bloc son projet de réforme. Pour Laurent Berger, le patron de la CFDT , une « ligne rouge » a en effet été franchie avec l'instauration d'un âge pivot à 64 ans.
De fait, si le futur système universel de retraite maintient l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans, il prévoit un « âge d'équilibre » fixé à 62 ans et 4 mois, à compter du 1er janvier 2022. Ce dernier augmenterait ensuite de 4 mois par an pour arriver à 64 ans en 2027. Le tout accompagné d'un « système de bonus-malus », peu ou prou calqué sur celui des retraites complémentaires.
Des représentants syndicaux très remontés contre les annonces gouvernementales
De quoi alimenter les craintes des syndicats. En effet, estiment-ils, ce dispositif pourrait contraindre à devoir travailler quelques mois, voire quelques années supplémentaires pour optimiser les droits à la retraite.
Tout l'inverse de ce qu'ils demandaient, à savoir ne pas obliger les travailleurs à cotiser plus longtemps. Ce sont donc des représentants syndicaux très remontés contre les annonces gouvernementales qui se sont exprimés au cours de cette manifestation. Retour en images sur cette troisième journée d'action qui, bien qu'animée, s'est déroulée dans le plus grand calme.
Joël Kermabon
* Les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT, Usa, Unef, UEG et UNL
Solidaires appelle à la grève générale contre la réforme mais pas seulement…
Parmi les secteurs en lutte contre la réforme des retraites, celui des personnels de l'Éducation nationale n'est pas en reste. « Le système de retraite par points est une nouvelle attaque contre notre système social, qui promet une baisse générale des retraites pour toutes et tous. Nous ne laisserons pas notre avenir et celui de nos enfants sacrifiés au nom du profit ! », clame la section éducation de Solidaires Isère.
Pour autant, la réforme des retraites n'est pas le seul axe de lutte des enseignants. Ces derniers, soutenus par une intersyndicale* appellent ainsi à la grève générale pour le « retrait total » du projet de loi. Mais aussi pour obtenir des réponses du gouvernement sur des revendications catégorielles.
Notamment, le retrait de la loi Blanquer, la titularisation des personnels précarisés de l’Éducation nationale et l'augmentation des salaires. C'est du moins ce qu'il ressort d'une assemblée générale organisée ce 10 décembre réaffirmant la nécessité de « construire et poursuivre la grève ». Avec, érigée en principe, « la solidarité avec les travailleuses et travailleurs en lutte des autres secteurs ».
Pour le syndicat, qui veut rester combatif, « seule la lutte paie ! » « Nous refusons les tentatives de division du mouvement et des secteurs par le gouvernement, qui promet des miettes afin de calmer notre colère », concluent les militants de Solidaires.
* CGT éduc'action, le collectif Éducation 38, la CNT, FO, PAS, la FSU et Sud éducation.