EN BREF – Les étudiants en travail social de l’IFTS d’Échirolles se mobilisent contre la réforme de leurs formations, dans le cadre d’une fronde d’ampleur nationale. Ils dénoncent leur précarisation grandissante, les stages non gratifiés et l’inégale reconnaissance de leurs diplômes. Une délégation a été reçue par la préfecture de Grenoble.
« La précarité tue. » Tel était le message brandi sur la banderole des élèves de l’Institut de formation en travail social (IFTS) d’Échirolles qui manifestaient leur colère, ce vendredi dans les rues de Grenoble, en compagnie d’étudiants de Valence et d’Annecy. Une référence au geste désespéré d’un jeune Lyonnais qui s’était immolé par le feu en invoquant sa situation financière, il y a tout juste une semaine.
Des stages peu rétribués dans le travail social
Leurs revendications ne sont pas nouvelles. Malgré la loi sur la gratification des stages », les difficultés pour trouver des stages demeurent. Et la question financière reste délicate.
Les structures n’ont pas toujours les moyens de les honorer… On assiste parfois à un contournement de la loi pour éviter la mise en place de la gratification », déplore le collectif étudiant de l’IFTS.
Certains sont contraints de travailler en plus de leur stage », affirme Thouraya Said, étudiante à l’institut. D’autant plus compliqué qu’il y a 60 semaines de stage à effectuer pour valider le cursus ».
« On n’a pas le droit à l’erreur »
Depuis la réforme des formations en travail social (décret du 22 août 2018), les étudiants en troisième année « sont la dernière promotion sous les modalités de l’ancienne maquette de formation ». Sauf qu’aucun « dispositif transitoire » n’a été prévu pour ces derniers en cas d’échec aux examens de fin d’année. Pas de rattrapage, ni de redoublement.
En cas de « non-validation de l’ensemble de leurs domaines de compétences », les étudiants devront donc « refaire l’ensemble de la formation ». Inconcevable pour Maëva Bazia, en troisième année à l’IFTS d’Échirolles. « Cela nous met une énorme pression. On n’a pas le droit à l’erreur. »
Un même diplôme inégalement reconnu
L’après-réforme a eu une autre conséquence pour Thouraya Said, elle aussi étudiante en troisième année à l’IFTS : « la mise en concurrence des étudiants en travail social ».
Car, jusqu’à présent, leurs différents diplômes équivalaient à un Bac +2 malgré les trois années de cursus. Hors, depuis la rentrée 2018, ils sont reconnus Bac +3.
Oui mais « seulement pour les étudiants engagés dans la nouvelle maquette de formation ». Ce qui signifie, pour le collectif, que « leurs statuts, salaires, postes, pourraient être différents bien qu’ils exercent le même métier ».
Une délégation reçue en préfecture
Après avoir manifesté de la place Sainte-Claire à la préfecture, les étudiants de l’IFTS ont demandé à être reçus. Demande acceptée. Une délégation a ainsi rencontré le directeur du cabinet du préfet. « Nous lui avons exposé nos revendications », explique Thouraya Said. Celui-ci ne « s’est pas positionné sur le sujet mais a promis de faire une synthèse et de la faire remonter au ministère ». En l’absence de réponse, le collectif se dit déterminé à « poursuivre le mouvement ».
Thomas Courtade
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© Manon Heckmann – Placegrenet.fr