EN BREF – La CFDT EDF Hydro Alpes s’invite au congrès des maires de l’Isère ce samedi 12 octobre à l’Alpe d’Huez. Le syndicat, très remonté contre le projet de réorganisation de l’entreprise qui vise une scission des activités, dénonce une commande venue du chef de l’État avec l’appui des banques d’affaires.
La CFDT EDF Hydro Alpes s’invite au congrès des maires de l’Isère, ce 12 octobre à l’Alpe d’Huez. Les représentants du personnel entendent sensibiliser les élus du département au devenir du groupe, suspendu au projet Hercule.
Le 19 septembre, une grève à l’appel de l’intersyndicale avait déjà mobilisé une grande partie du personnel. En question, le projet du gouvernement et de la direction d’EDF de scinder le groupe en deux – EDF bleu et EDF vert– et de procéder, d’un côté, à une renationalisation, de l’autre, à une cession des actifs.
Ainsi, EDF bleu regrouperait l’ensemble des moyens de production au sein d’une entité sur laquelle l’État reprendrait le contrôle intégral. EDF vert regrouperait, elle, l’ensemble des moyens de distribution. Cette seconde entité pourrait être en partie cédée via l’ouverture du capital de sa filiale Enedis.
EDF « perdrait sa fonction de service public », selon la CFDT
Un projet de réorganisation que contestent les syndicats. « La CFDT est opposée à la désintégration du groupe EDF qui, de fait, perdrait sa fonction de service public, tout en faisant croître les bénéfices des banques d’affaires et les intérêts privés sans aucune contrepartie pour les citoyens, les consommateurs et les salariés de l’entreprise », souligne le syndicat dans un communiqué.
Prévue pour la fin 2019, la réorganisation a été repoussée, le temps d’y voir plus clair du côté de la régulation du marché de l’électricité. La ministre des Transports ne le soutiendrait par ailleurs qu’à moitié, selon la CFDT.
« Il est clair que le flottement ministère de tutelle-ministère de l’économie-Matignon-direction EDF autour du projet de réorganisation d’EDF vient du fait que la commande têtue « Hercule » vient du locataire de l’Élysée. La CFDT se souvient parfaitement qu’en 2016 M. Macron alors ministre à Bercy avait déjà en tête le projet très libéral de scission des activités », pointe le syndicat.
Une « manœuvre avant tout financière » ?
Le projet Hercule n’est pas le seul motif d’inquiétude des syndicats. Pour la CFDT, l’ouverture des barrages hydro-électriques français à la concurrence, une « manœuvre avant tout financière », fait planer un risque sur la production française. Ce alors que les barrages hydroélectriques représentent aujourd’hui entre 13 % et 14 % des capacités de production en France et 70 % de l’électricité renouvelable.
« Les barrages hydroélectriques ne sont pas que de simples outils de production d’électricité. Ce sont avant tout des stockages d’eau, essentiels dans ces temps de changement climatique et de sécheresse qui se prolongent dans la durée », souligne le syndicat.
« Quel intérêt auraient-ils [les investisseurs privés, ndlr] à assurer la maintenance et l’entretien de ce patrimoine industriel français, quand on sait combien cela coûte aujourd’hui à l’opérateur historique (près de 400 millions d’euros par an) ? »
Patricia Cerinsek