FIL INFO – L’incendie qui, le 30 septembre, a détruit la salle du conseil municipal de l’Hôtel de ville de Grenoble est d’origine criminelle. Des prélèvements réalisés sur place révèlent la présence de supercarburant, écartant de fait la piste accidentelle.
Des pompiers à l’intérieur de l’Hôtel de Ville de Grenoble partiellement incendié, le 30 septembre 2019. © Sébastien Riglet – Placegrenet.fr
L’incendie qui a détruit lundi 30 septembre au petit matin la salle du conseil municipal au rez-de-chaussée de l’Hôtel de ville de Grenoble est d’origine criminelle. C’est l’analyse d’un prélèvement effectué sur les lieux de l’incendie par le laboratoire de la police scientifique de Lyon révélant la présence de carburant qui a permis de réorienter l’enquête.
L’incendie, volontaire, aurait donc pris après qu’un ou des individus ai(en)t déversé du supercarburant au niveau de l’accès central à la salle du conseil municipal. D’après le rapport d’expertise de la police scientifique, deux hypothèses sont possibles : soit l’incendiaire est parvenu à entrer dans la salle et a déversé le carburant à l’intérieur à même le sol, devant l’entrée centrale. Le feu se serait ensuite propagé au mobilier et aux boiseries.
Soit le carburant a été déversé à l’intérieur du sas central entre les deux portes et au sol avant d’être enflammé. Le liquide aurait alors coulé sous la porte, propageant le feu à l’intérieur de la salle du conseil. Les enquêteurs excluent l’hypothèse d’un déversement de l’extérieur du sas central, avec les deux portes fermées.
Les fils électriques mis hors de cause
« Dans les deux cas, les fils électriques se trouvant dans cette zone ont subi les effets de l’incendie mais n’en sont pas la cause », souligne le rapport scientifique. Les policiers ont également repéré un départ de feu, secondaire, sur la droite de la salle, au niveau de la régie mais sans relever de trace de carburant.
Un policier municipal devant l’Hôtel de Ville de Grenoble partiellement incendié, le 30 septembre 2019. © Sébastien Riglet – Placegrenet.fr
L’enquête confiée au commissariat de police de Grenoble et qui au départ privilégiait la piste accidentelle, est désormais menée pour destruction volontaire par incendie. Le ou les auteurs de l’incendie encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
« Une attaque en règle contre notre République » pour Eric Piolle
Eric Piolle, le maire de Grenoble, n’a pas tardé à réagir dans la soirée. Il souhaite que l’enquête en cours fasse « toute la lumière sur cet acte odieux ». « La salle du conseil municipal est le cœur de notre vie commune, là où l’avenir de Grenoble se construit débats après débats, votes après votes, depuis des décennies », rappelle-t-il.
Cet incendie volontaire est une attaque en règle contre notre République, contre les valeurs de liberté et de dignité qui la fondent, contre les Grenobloises et les Grenoblois qui la font vivre au quotidien, de mille et une façons. Je le condamne avec la plus grande force », affirme-t-il.
« S’attaquer à des chaises et à des tables ne nous fera pas renoncer au goût pour la démocratie et pour les biens communs. Aussi, face à cet acte odieux, j’invite les Grenobloises et les Grenoblois à faire ce que nous faisons le mieux : rester nous-mêmes, fidèles aux valeurs qui nous unissent », ajoute encore le maire. Qui annonce, pour finir, « le déploiement d’effectifs supplémentaires » pour renforcer la sécurité de l’Hôtel de Ville.
Patricia Cerinsek