FOCUS – Le Collectif pour la gratuité des transports en commun de Grenoble compte parmi les initiateurs d’un appel lancé au niveau national. Son objectif ? Imposer la gratuité comme élément clé des campagnes des prochaines élections municipales. À Grenoble, les militants comptent bien maintenir la pression, sans se faire d’illusions sur la volonté du SMTC de se convertir au tout-gratuit.
Une « urgence climatique, sanitaire et sociale ». Dans un appel national lancé début septembre, les partisans de la gratuité des transports publics dépeignent les enjeux que recouvrent, selon eux, la mesure tant demandée. Signé par plus de 150 personnalités, l’appel a été lancé à l’initiative de plusieurs collectifs constitués sur l’ensemble du territoire français. Parmi eux, le Collectif pour la gratuité des transports publics dans l’agglomération grenobloise.
Par nature motivés, les partisans de la gratuité sont gonflés à bloc après les 2e Rencontres internationales du transport gratuit, qui se sont tenues à Chateauroux les 10 et 11 septembre. Aucun doute pour les membres du collectif grenoblois : « Ça bouge en France ». « Depuis deux ans, on sent que les lignes sont en train de bouger. Beaucoup de villes se posent aujourd’hui la question de la gratuité », se réjouit ainsi Michel Szempruch.
Des signataires locaux… dont le président de la Sémitag
S’il répond à une dynamique, l’appel ne survient pas par hasard. Le but ? « Lancer le débat, bien sûr avec la perspective des élections municipales de mars 2020 », reconnaît Bruno Cialdella, autre membre du collectif. Le propos est donc éminemment politique, comme le soulignent les profils des personnes autour de la table, membres des syndicats CGT, Ensemble, ou encore du PCF.
Quant aux “parrains” de l’appel, leur appartenance politique est également très marquée, depuis la porte-parole de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud au NPA Olivier Besancenot, en passant par la députée insoumise Clémentine Autain et, au niveau local, le secrétaire départemental du PCF Isère Jérémie Giono. Sans oublier Jean-Paul Trovéro, maire PCF de Fontaine… et accessoirement président de la Sémitag.
Si le collectif insiste sur l’enjeu écologique et climatique de la gratuité des transports en commun, et fait volontiers remarquer que des municipalités de droite s’emparent elles aussi de la question, l’idéologie se veut présente et radicale.
Les partisans de la gratuité plaident en effet pour une politique de « rupture ». Et moquent « le vide sidéral de la politique du gouvernement en matière environnementale », malgré les « discours enflammés » d’Emmanuel Macron. Une politisation du débat, au risque de rebuter une partie des interlocuteurs potentiels ?
Maintenir la pression sur la municipalité grenobloise
Face à la « volonté de certains élus qui veulent par principe que les transports publics soient payants », Michel Szempruch assume le caractère idéologique du discours. « C’est un projet de société que l’on défend », résume-t-il. Et de préciser : « On pense que la mobilité doit faire partie des droits, et être prise en charge par la communauté. »
Prise en charge, par exemple, par la Ville de Grenoble ou la Métro ? Alors que la gratuité pour les moins de 25 ans figuraient dans les engagements de campagne de l’équipe Piolle en 2014, celle-ci n’a finalement jamais vu le jour. Quant aux conclusions de l’étude sur la faisabilité de la gratuité menée par le SMTC, elles devraient être rendues publiques à la mi-novembre. Soit plus de six mois après l’échéance initialement prévue.
Dans ce contexte, le collectif n’a pas manqué de faire remarquer que le SMTC… investissait dans le remplacement de son matériel de compostage. Difficile dès lors de penser que la gratuité se profile à l’horizon… « Si les gens prennent à bras le corps cette question, ça basculera ! », affirme pourtant Bruno Cialdella. Le collectif entend donc bien continuer à maintenir la pression sur la municipalité. Et à faire de la gratuité « une question-clé des prochaines élections ».