FIL INFO — Un moratoire qui n’en est pas un ? À travers la voix de son président Jean-François Debat, le groupe d’opposition Socialiste et démocrate de la Région Auvergne-Rhône-Alpes éreinte le moratoire signé entre la Région et la SNCF sur les fermetures de guichets de gare. Pour les socialistes, le texte prochainement soumis au vote n’empêche en rien les fermetures… et fait payer à la collectivité les mesures de remplacement.
Le moratoire sur les fermetures de guichets de gare en Auvergne-Rhône-Alpes, une victoire de la Région ? Pas vraiment, répond le groupe d’opposition régional Socialiste et démocrate. Dans un communiqué en date du 12 septembre, deux mois après la signature du fameux moratoire, le président du groupe Jean-François Debat estime que « Laurent Wauquiez n’a rien obtenu, mais [que] la Région va payer quand même ».
« Loin des coups de menton et des déclarations péremptoires après la signature du moratoire, le président de région s’est montré en vérité impuissant face à la SNCF », assène sans ménagement Jean-François Debat. Et pour cause : aux yeux du maire socialiste de Bourg-en-Bresse, « la SNCF ne s’est engagée à rien (…) et c’est la Région qui paiera les mesures compensatoires pour les usagers », en cas de nouvelles fermetures.
La Région « légitime les fermetures de guichets », accusent les socialistes
C’est à la lecture du rapport sur le moratoire que le groupe d’opposition a déchanté. Selon les socialistes, le texte qui sera soumis au vote le 19 septembre « légitime la fermeture des gares et des guichets ». La phrase qui fait polémique ? « La Région admet que le modèle économique du point de vente en gare connaît des problèmes de viabilité ». « Une vision strictement comptable et libérale du service public », déplore Jean-François Debat.
Autre élément de discorde ? « La Région va financer elle-même les mesures palliatives à la fermeture des gares ». Est mentionnée ainsi l’installation de bornes auprès de commerces locaux en cas de fermeture de guichets… le tout sur les fonds de la Région. « En clair, le conseil régional va financer le retrait d’un service public, alors que la moindre des cohérences aurait été d’imposer à la SNCF de payer ces mesures », ragent les élus d’opposition.
Une disposition déjà sous-entendue en juillet 2019. Le moratoire stipulait en effet que la SNCF s’engageait à « ne pas fermer un point de vente (…) tant qu’un dispositif alternatif efficace n[e serait] pas proposé en substitution ». Tandis que la Région se fixait pour tâche de trouver des solutions alternatives, « avec un contact humain partout où cela sera[it] nécessaire ». Sans s’opposer, dès lors, au principe de fermeture de guichets dans les petits gares du territoire.
Florent Mathieu