EN BREF – L’Alliance citoyenne met en demeure France 3 de lui permettre de prévisualiser un débat et un reportage consacrés à ses opérations burkini menées dans les piscines municipales de Grenoble. L’association accuse la chaîne de l’avoir exclue du débat dans le cadre de l’enregistrement de l’émission Dimanche en politique et attend de la direction une explication publique, ainsi que des « regrets » par courrier.
Un nouvel épisode dans l’affaire des burkinis de Grenoble et de la stratégie médiatique de l’Alliance citoyenne ? Dans un communiqué, l’association annonce mettre en demeure France 3 Rhône-Alpes. Les défenseurs du « maillot de bain couvrant » dans les piscines municipales estiment que la chaîne leur a refusé la participation a un débat, dès lors considéré comme « tronqué ». Et demandent à prévisualiser un reportage qui leur est consacré.
C’est dans le cadre de l’enregistrement de l’émission Dimanche en politique que l’Alliance citoyenne a été conviée à la rédaction de France 3, le vendredi 6 septembre. Deux membres de l’association, « Yasmine et Fatiha », se sont présentées mais se sont vu refuser l’accès au débat. Motif ? D’une part, l’une des deux intervenantes est mineure. D’autre part, le rédacteur en chef Patrick Pinto demande à ce que l’Alliance soit représentée par un binôme composé d’une femme et d’un homme.
L’Alliance citoyenne met en demeure France 3
Le débat aura finalement lieu… mais sans l’association. Et s’est, semble-t-il, résumé à une conversation entre le conseiller municipal d’opposition de Grenoble Matthieu Chamussy et le militant pour la laïcité Naëm Bestandji.
Naëm Bestandji lors de la présentation du collectif transpartisan Laï’Cité, pour la promotion de l’universalisme dans les politiques publiques. © Paul Turenne – Placegrenet.fr
Deux personnalités qui ont fréquemment et publiquement critiqué les opérations burkinis. Ce dernier a par ailleurs, plus récemment, mené une action pour dénoncer le soutien du Planning familial aux revendications de l’Alliance citoyenne.
De quoi provoquer la colère des militants pro-burkini, pour qui « il est incompréhensible que M. Pinto ait pris la décision d’enregistrer un débat tronqué ». L’Alliance citoyenne dit en outre craindre « que son absence sur le plateau fasse l’objet d’une mauvaise interprétation ».
Son désir de visibilité n’en est pas moins très contrôlé : l’association souligne ainsi qu’à sa demande Patrick Pinto s’est engagé à ne pas diffuser d’images de ses salariés, de ses membres ou de ses bénévoles.
Patrick Pinto, rédacteur en chef de France 3 Alpes, en discussion avec les gilets jaunes, en janvier 2019. © Joël Kermabon – Place Gre’net
L’objet de la mise en demeure, adressée à France 3 sur conseil des deux avocats de l’organisation ?
L’Alliance demande à la chaîne « de s’expliquer publiquement sur la décision du rédacteur en chef de l’émission (…) d’exclure du débat enregistré les deux représentantes de l’Alliance citoyenne ». Mais aussi d’adresser « un courrier d’apaisement (…) aux membres de l’association ». Si possible assorti d’explications… voire de « regrets ».
Enfin, l’Alliance citoyenne demande à pouvoir visionner l’émission avant diffusion, prévue pour le dimanche 15 septembre. Plus précisément, l’association veut pouvoir regarder le reportage qui lui sera consacré, mais aussi le débat auquel elle n’a pu prendre part. Pour éventuellement, in fine, chercher à en empêcher la diffusion ? L’Alliance s’en défend, déclarant « laisser à France 3 le libre choix » de diffuser le reportage et le débat. Au nom de la « liberté » qu’elle définit comme son « principe fondateur ».
Sollicitée par Place Gre’net, France 3 n’a pas (encore) réagi à l’action de l’Alliance citoyenne et nous indique juste attendre les retours de son service juridique.