EN BREF – Le nombre de loups pouvant être abattus passe du simple au double. Le relèvement des plafonds va permettre d’éliminer jusqu’à cent loups sur le territoire français en 2019. Une mesure que contestent les associations de défense de l’animal qui ont saisi le Conseil d’État. Depuis le début de l’année, quatre loups ont, d’après l’association Ferus, déjà été abattus en Isère.
Jusqu’à 19 % * des loups présents en France pourront être abattus en 2019. Soit près de deux fois plus qu’en 2018 où le « taux de prélèvement » (sic) avait été fixé à 10 %.
Un arrêté publié le 26 juillet, « portant expérimentation de diverses dispositions en matière de dérogations aux interdictions de destruction pouvant être accordées par les préfets concernant le loup » a officiellement rehaussé les plafonds. Sa publication n’est pas une surprise. La mesure avait été annoncée en mai dernier sur la base d’un comptage officiel de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) qui avait dénombré 530 loups sur le territoire métropolitain. Un chiffre qui dépassait le cap des 500 individus considéré par les pouvoirs publics comme le seuil de viabilité de l’espèce, et ce malgré les préconisations d’experts de… l’ONCFS.
Une décision malgré de multiples mises en garde d’experts
En mars 2017, un rapport mettait en garde les pouvoirs publics. Pour les experts de l’Office national de la chasse et du Muséum national d’histoire naturelle, le prélèvement, alors d’une quarantaine de loups par an, mettait en danger l’espèce à long terme.
Consulté pour avis sur le projet d’arrêté, le conseil national de protection de la nature (CNPN) avait le 25 avril dernier également rendu un avis défavorable, soulignant le « caractère inadéquat de la réponse apportée par les ministères (du Développement durable et de l’Agriculture, ndlr) ». Pour le CNPN, « 13% représente la marge de manœuvre maximale pour réévaluer le nombre de prélèvements sans compromettre la viabilité démographique ».
« Oubliant toutes les incertitudes qui pèsent sur les modèles, l’administration ne semble plus avoir aucun objectif en termes de développement et de conservation de l’espèce sur notre territoire, la seule stratégie apparente étant de ralentir la croissance de la population », assène son président Serge Muller.
L’arrêté a également fait l’objet d’une consultation publique nationale close le 19 juin. Où il s’avère que 81 % des contributeurs se sont prononcés contre le projet d’arrêté. **
Un recours déposé devant le Conseil d’État
Après avoir porté plainte auprès de la Commission européenne en 2018, l’association Ferus a aux côtés de l’association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) déposé une requête devant le Conseil d’État d’après le journal Le Monde .
Au 29 juillet, 51 loups ont selon Ferus été abattus en France dont quatre dans le département de l’Isère, trois dans l’Oisans et un dans le Vercors. Le nombre de prédations comptabilisé par l’ONCFS était de 12 500 en 2018, contre 9.700 en 2017.
Patricia Cerinsek
* 17 % avec une majoration de 2 % si le quota est atteint avant la fin de l’année.
**Article mis à jour le 1er août avec la mise en ligne de la synthèse de la consultation publique.