Éric Piolle lors de la présentation du débat d'orientation budgétaire © Joël Kermabon - placegrenet.fr

La Ville de Grenoble rejoint l’appel des villes en faveur du traité d’interdiction des armes nucléaires

La Ville de Grenoble rejoint l’appel des villes en faveur du traité d’interdiction des armes nucléaires

FOCUS – Face à la mon­tée des menaces, le maire de Grenoble a rejoint l’appel des villes en faveur du traité d’interdiction des armes nucléaires. Un appel signé par plu­sieurs grandes métro­poles mon­diales dont Paris, Los Angeles, Washington, Melbourne ou encore Milan. Pour com­plé­ter la démarche, Eric Piolle a éga­le­ment rédigé une lettre à l’intention du gouvernement.

Alors que les ten­sions géo­po­li­tiques et les menaces d’utilisation d’armes nucléaires deviennent mon­naie cou­rante ces der­niers temps, Grenoble vient de rejoindre l’appel des villes en faveur du traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), signé il y a deux ans à l’Onu. Après Paris le 17 mai, il s’a­git de la deuxième grande ville fran­çaise à le faire.

Une fierté pour la muni­ci­pa­lité et un acte fort pour les asso­cia­tions locales œuvrant pour la paix. En par­ti­cu­lier le Mouvement de la Paix et le Centre d’in­for­ma­tions inter-peuples (CIIP) qui inter­pel­laient élus et citoyens sur le sujet depuis de nom­breuses années.

Grenoble rejoint l'appel des maires pour le désarmement nucléaire deux ans après l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires à l'Onu.Bernard Macret, adjoint aux Solidarités internationales, Marc Ollivier, membre du centre d'informations inter-peuples, Jean-Paul Vienne, président de la section iséroise de Mouvement pour la paix, Joe Brillant, membre de la CISEM © Nina Soudre - Placegrenet.fr

Bernard Macret, adjoint aux Solidarités inter­na­tio­nales, Marc Ollivier, membre du centre d’in­for­ma­tions inter-peuples, Jean-Paul Vienne, pré­sident de la sec­tion isé­roise de Mouvement de la paix, Joe Brillant, membre de la Cisem. © Nina Soudre – Placegrenet​.fr

« Les asso­cia­tions nous ont beau­coup inter­pel­lés, recon­naît ainsi Bernard Macret, l’adjoint au Solidarités inter­na­tio­nales. On les remer­cie (…) On a aussi écrit au gou­ver­ne­ment et au minis­tère des affaires étran­gères ». Car, pour com­plé­ter la démarche, le maire de Grenoble Eric Piolle a rédigé une lettre au ministre des Affaires étran­gères Jean-Yves Le Drian deman­dant que la France signe le traité d’interdiction des armes nucléaires adopté par l’Onu en 2017.

Des appels qui, espère la muni­ci­pa­lité, réson­ne­ront dans d’autres grandes villes fran­çaises et attein­dront peut-être les oreilles du gou­ver­ne­ment, alors que de nom­breux acteurs, civils et ins­ti­tu­tion­nels tentent de l’a­ler­ter sur les dan­gers des armes nucléaires.

Les pays euro­péens, mau­vais élèves en matière de désar­me­ment nucléaire

Certes, 122 États membres des Nations unies ont voté en 2017 en faveur de l’adoption du traité d’interdiction des armes nucléaires. Reste que la plu­part des pays euro­péens manquent à l’ap­pel, en dehors du Liechtenstein, de l’Autriche, de la Suisse, de l’Irlande et du Vatican. Une situa­tion inad­mis­sible pour les asso­cia­tions paci­fistes. D’autant plus que 67 % des Français se disaient favo­rables à l’a­dop­tion du traité, selon un son­dage réa­lisé par l’Ifop la même année.

Sondage sur le désarmement nucléaire demandé par La Croix et le Mouvement de la Paix © Lacroix.fr

Sondage sur le désar­me­ment nucléaire demandé par La Croix et le Mouvement de la Paix © Lacroix​.fr

Pour les par­ti­sans du désar­me­ment, son adop­tion par tous les pays d’Europe, et plus lar­ge­ment du monde, « per­met­trait de créer une norme inter­na­tio­nale claire ». Et d’éviter ainsi des dés­équi­libres entre les États.

Un appel lancé par Hiroshima et Nagasaki

Grenoble rejoint l'appel des maires pour le désarmement nucléaire deux ans après l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires à l'Onu.Bernard Macret, adjoint aux Solidarités internationales, Jean-Paul Vienne, président du Mouvement pour la paix et Marc Ollivier, membre du Centre d'informations inter-peuples © Nina Soudre - Placegrenet.fr

Bernard Macret, adjoint aux Solidarités inter­na­tio­nales, Jean-Paul Vienne, pré­sident du Mouvement pour la paix, et Marc Ollivier, membre du Centre d’in­for­ma­tions inter-peuples. © Nina Soudre – Placegrenet​.fr

Créé au prin­temps 2009 par neufs membres dont le Mouvement de la paix, le col­lec­tif Ican (inter­na­tio­nal cam­paign to abo­lish nuclear wea­pons) se bat pour obte­nir l’interdiction des armes nucléaires.

Il a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2017 et a lancé, en novembre 2018, un appel aux villes du monde entier pour qu’elles s’engagent à sou­te­nir l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Une ini­tia­tive qui s’ins­pire de celle de Hiroshima et Nagasaki, ini­tiée en 1982. À l’é­poque, les deux villes japo­naises ont créé un mou­ve­ment appe­lant les villes du monde à dépas­ser leurs fron­tières natio­nales afin de « mettre la pres­sion » sur les États membres de l’Onu en vue du désar­me­ment nucléaire. C’est à ce moment-là qu’elles ont créé le col­lec­tif des « Maires pour la paix » qui relaie aujourd’­hui l’ap­pel de l’Ican.

À ce jour, la cam­pagne inter­na­tio­nale lan­cée par l’Ican, et reprise par l’ONG « Mayors for Peace », a ras­sem­blé plus de 7 400 col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales dont Melbourne, Washington, Los Angeles, Milan, Paris ou encore Baltimore.

« Garantir la sécu­rité des citoyens »

Deux ans apInterdiction des armes nucléaires à l'Onu : Grenoble rejoint l'appel des maires pour le désarmement nucléaire.Bernard Macret, 4ème adjoint à la solidarité internationale à la Ville de Grenoble, à la conférence de presse du 10 février : " II ème rencontre paneuropéennes des villes contre TAFTA-CETA-TISA"

Bernard Macret, 4e adjoint à la soli­da­rité inter­na­tio­nale à la Ville de Grenoble. DR

« Les villes sont pro­fon­dé­ment pré­oc­cu­pées par la lourde menace des armes nucléaires », assure Bernard Macret. « Nous, élus locaux, avons pour rôle (…) de garan­tir la sécu­rité des citoyens, de les pro­té­ger. C’est la rai­son de notre enga­ge­ment dans le réseau des maires pour la paix », explique l’adjoint.

En effet, la force dis­sua­sive de ces armes de des­truc­tion mas­sive résulte de leur capa­cité d’anéantissement de zones den­sé­ment peu­plées… donc les villes par définition.

Un traité fai­ble­ment médiatisé

Jean-Paul Vienne, pré­sident du Mouvement de la Paix de l’Isère depuis 2008, déplore l’absence de média­ti­sa­tion du TIAN de 2017 et le manque d’intérêt des médias pour ce genre de sujet. En effet, « la presse fran­çaise a peu fait écho au traité », se souvient-il.

Triporteur incontournable de Jean-Paul Vienne, président de la section iséroise du Mouvement pour la paix © Nina Soudre - Placegrenet.fr

Le tri­por­teur de Jean-Paul Vienne, pré­sident de la sec­tion isé­roise du Mouvement de la paix. © Nina Soudre – Placegrenet​.fr

L’association met aussi le doigt sur l’absence de débat par­le­men­taire autour de cette ques­tion. « Oser par­ler de l’adhésion de nos conci­toyens aux armes nucléaires c’est une mau­vaise plai­san­te­rie ! », pro­teste Jean-Paul Vienne.

D’autant plus que le bud­get accordé à la moder­ni­sa­tion des armes nucléaires pèse lourd dans la balance de l’État. Plus de 37 mil­liards d’euros devraient effec­ti­ve­ment être consa­crés à cette moder­ni­sa­tion sur les cinq années à venir.

Quid de la suite ? « Nous avons l’ambition d’en faire un thème majeur dans notre pays (…) Nous sou­hai­tons en faire un sujet de cam­pagne élec­to­rale à tous les niveaux », pré­voient les mili­tants. L’objectif ? « Que l’opinion publique, les citoyens s’emparent de ce sujet (…) qui nous coûte un pognon de dingue ! »

Marche pour la paix organisée le 21 septembre à Grenoble © mvtpaix.org (Capture d'écran)

Marche pour la paix orga­ni­sée le 21 sep­tembre à Grenoble. © mvt​paix​.org (Capture d’écran)

Une marche de la paix aura ainsi lieu à Grenoble le 21 sep­tembre afin de sen­si­bi­li­ser le gou­ver­ne­ment au dan­ger des armes nucléaires. Et de lui deman­der de signer (enfin) le traité d’interdiction de l’Onu.

Nina Soudre

Cinquante ans depuis l’adoption du Traité de non-prolifération

L’année 2018 a éga­le­ment était celle du 50e anni­ver­saire du Traité de non-pro­li­fé­ra­tion. Adopté en 1968, ce traité a mar­qué le début d’un mou­ve­ment inter­na­tio­nal en faveur du désar­me­ment nucléaire.

Grenoble rejoint l'appel des maires pour le désarmement nucléaire deux ans après l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires à l'Onu.Adoption et ratification du Traité de non-prolifération de 1968 © Atlassocio.fr

Adoption et rati­fi­ca­tion du Traité de non-pro­li­fé­ra­tion de 1968. © Atlassocio​.fr

L’article VI du Traité sti­pu­lait déjà l’engagement des États en ce sens. Toutefois, pour avoir le temps de for­mer un arse­nal nucléaire consé­quent, ni la France ni la Chine ne l’ont rati­fié en 1970.

Pour Marc Ollivier, membre du CIIP, les États qui ne res­pectent pas leurs pro­messes « consi­dèrent que [ces armes] sont des élé­ments de puis­sance (…) C’est un dan­ger de ne pas res­pec­ter la signa­ture pour le désar­me­ment ». En pro­po­sant le TIAN 50 ans plus tard, l’Onu met d’ailleurs le doigt sur les man­que­ments des États à leurs engagements.

NS

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