REPORTAGE VIDÉO – Les sapeurs-pompiers de l’Isère étaient en grève ce jeudi 4 juillet à l’appel des syndicats Autonome SPP-PATS et CGT Sdis Isère. En cause ? Un déficit chronique en personnel rendant leurs conditions de travail de plus en plus difficiles. Après qu’une délégation ait été reçue par la direction du Sdis de l’Isère, les agents ont obtenu quelques avancées. Cependant, un préavis de grève reste en suspens pour le 8 juillet.
« Venez dire avec nous votre refus de partir en intervention en effectifs dégradés et exiger un plan de recrutement ! » Tel était le mot d’ordre des syndicats Autonome SPP-PATS et CGT Sdis Isère appelant les pompiers de l’Isère à la grève, ce jeudi 4 juillet.
Les soldats du feu ont ainsi arrêté le travail entre 15 et 16 heures – sans impact sur les missions urgentes – après s’être rassemblés devant le bâtiment de l’état-major du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Isère. Ce juste avant que leurs représentants ne participent à un Comité technique (CT), l’instance paritaire du Sdis 38, pour demander l’ouverture de négociations.
Une augmentation exponentielle des interventions
L’objectif de cette mobilisation ? Principalement dénoncer le manque de sapeurs-pompiers professionnels face à une « augmentation exponentielle des interventions ». De fait, les analyses des services du Sdis 38 « démontrent une augmentation du délai médian d’intervention sur les lieux », souligne l’intersyndicale. Un constat qu’aggrave « le vieillissement de la population conjugué à une augmentation de la démographie du département de l’Isère. ». Sans oublier la désertification médicale. Résultat ? Une sursollicitation des équipes et de plus en plus de missions à assurer avec des effectifs insuffisants.
Cette mobilisation s’inscrit dans le cadre d’un ras-le-bol d’ampleur nationale agitant la profession depuis la fin du mois de juin. Au nombre des revendications ? Le retrait du projet de loi de transformation de la fonction publique, la revalorisation de la prime de feu à 28 % ainsi qu’un « recrutement massif » pour répondre à l’immensité des besoins.
Les recrutements planifiés ? « Le compte n’y est pas ! »
Sur un plan plus local, les agents du Sdis de l’Isère contestent les prévisions de recrutement du Schéma départemental d’analyse et de couverture des risques (SDACR). Autant qu’ils peuvent critiquer les départs en mission des engins d’incendie et de secours en situation de sous-effectifs.
Fabien Flayol, le secrétaire général CGT du Sdis 38, et Jean-Claude Peyrin, le président du conseil d’administration, se donnent la réplique sur ces points précis.
Jean-Claude Peyrin : « nous avons répondu aux inquiétudes »
Jean-Claude Peyrin balaie l’argument de l’intersyndicale reprochant de vouloir institutionnaliser des effectifs dégradés avec des véhicules armés de seulement quatre sapeurs-pompiers. « Ce n’est pas le cas, rétorque le président. Le départ institutionnalisé c’est de partir avec six personnes. » Pour autant, admet-il, « il arrive que dans certains territoires on n’ait pas pu réunir six postes et que des engins partent avec quatre personnes. Mais, en même temps, on prévient un engin qui part, lui, avec six personnes ».
Donc des situations certes dégradées mais « qui ne surviennent que quelques fois dans l’année et extrêmement rarement dans l’agglomération », précise-t-il encore. « Dans tout système, il y a la procédure et il y a la procédure dégradée, les départs à quatre en font partie », affirme le président.
Quant aux craintes que le conflit ne se durcisse encore, ce dernier se montre relativement serein. « Nous avons répondu aux inquiétudes, je ne vois pas de raison que cela perdure », conclut-il.
Des avancées mais le préavis de grève pour le 8 juillet sans doute maintenu
Après la réunion du comité technique, Jean-Claude Peyrin et la direction ont reçu, dans la foulée, les organisations syndicales. Qu’en est-il ressorti ? « Nous avons clarifié les points sur lesquels nous étions en désaccord », rapporte Fabien Flayol.
Concrètement ? « La direction nous a confirmé que les engins à quatre postes ne seront utilisés que dans les petites casernes », commence-t-il à détailler. Casernes où, de toute façon, il n’y a pas plus de quatre sapeurs-pompiers à pouvoir les armer. Ce qui ne concerne, précise-t-il, que quelques-unes des 113 casernes du département. « On va voir s’ils tiennent leur engagement », déclare prudemment Fabien Flayol.
« Quant aux effectifs manquants, la direction propose de se revoir en mai 2020. Quand les quinze postes supplémentaires seront sortis de formation, au 1er janvier », poursuit le syndicaliste. Une période de cinq mois qui permettra de déterminer si ces quinze postes seront suffisants pour répondre aux besoins opérationnels.
Considérant ces avancées, quid du préavis de grève d’ores et déjà déposé pour le 8 juillet ? « Pour l’heure, nous consultons notre base mais il va probablement être maintenu », prévoit Fabien Flayol. L’idée ? Maintenir la pression pour le conseil d’administration du 9 juillet où il sera question des évolutions de carrière des sapeurs-pompiers.
Joël Kermabon