REPORTAGE VIDÉO - À trois jours des élections européennes, deux ténors de la liste Envie d'Europe écologique et sociale étaient en visite à Grenoble, et en meeting le soir à Fontaine : Sylvie Guillaume (PS), numéro 2 sur la liste et actuelle vice-présidente du Parlement européen, et Pierre Larrouturou fondateur de Nouvelle Donne et cinquième sur la liste. Leur défi pour dimanche 26 mai ? Dépasser le seuil des 5 % de votes.
Ce jeudi 23 mai, Sylvie Guillaume (PS), numéro 2 de la liste Envie d'Europe écologique et sociale, a fait escale à Grenoble dans le cadre de la campagne des européennes.
La vice-présidente du Parlement européen était pour l'occasion en compagnie de Pierre Larrouturou, fondateur de Nouvelle Donne et cinquième sur la liste. Seule liste, à gauche, à avoir joué la carte du rassemblement pour les élections européennes du dimanche 26 mai.
Lancée par l'essayiste et journaliste Raphaël Glucksman, fondateur de Place publique, la liste a été rejointe par le Parti socialiste (PS), le Parti radical de gauche (PRG) et Nouvelle Donne (ND). Un rassemblement que le Raphaël Glucksman aurait voulu beaucoup plus large, mais les Verts, Génération.s ou La France insoumise ont préféré faire cavaliers seuls.
D'aucuns, à quelques jours de la ligne d'arrivée, s'en mordraient les doigts, d'après les informations de première main de Pierre Larrouturou : « Les gens qui n’ont pas voulu de ce rassemblement se sentent en faute depuis une semaine ! »
« Les anciens socialistes reviennent nous voir »
Entourés de militants et d’élus locaux, Pierre Larrouturou et Sylvie Guillaume affichent une relative bonne humeur, en dépit des sondages peu mirobolants. C’est le moins que l’on puisse dire. La liste PP-PS n'atteindrait pas la barre des 5 % de suffrages. Un pronostic bien sûr à prendre avec des pincettes.
Toutefois, si cette tendance se maintient, la liste ne remporterait aucun des 79 sièges réservés aux parlementaires français sur les 705 que compte le Parlement européen. Pour le Parti socialiste, la claque serait magistrale, même si l’érosion de ses parlementaires ne date pas d’aujourd’hui. Aux européennes de 2014, le PS (avec le PRG) remportait en effet seulement 13 sièges avec 13,98 % des voix, contre 16 % en 2009 et 28,9 % en 2004.
Pierre Larrouturou épingle sévèrement Yannick Jadot
Faisant fi des sondages, Sylvie Guillaume et Pierre Larrouturou regardent plutôt le verre à moitié plein. « Les gens nous reçoivent bien, la campagne est agréable à faire, commente Sylvie Guillaume. « Les anciens socialistes reviennent nous voir, poursuit-elle. Les salles de meeting sont pleines. » Et Pierre Larrouturou d'ajouter : « Les gens sentent que nous sommes dans une démarche dynamique. »
Quant aux militants locaux, Marie-Josée Salat ou encore Guillaume Lissy, ils disent aussi observer de bons retours des électeurs. « On travaille quoi qu’il en soit pour l’après 26 mai, considèrent Pierre Larrouturou et Sylvie Guillaume, parce qu'il faudra bien refonder la gauche. » Non, les dés ne sont pas jetés, assurent-ils… Les deux candidats se plaisent même à penser que nombre d'électeurs vont changer au dernier moment leur fusil d'épaule.
Des militants écologistes, « y compris grenoblois », ne comprennent déjà plus Yannick Jadot, tête de liste d'Europe Écologie - Les Verts, croit savoir Pierre Larrouturou, sans vouloir « faire de procès d’intention ». On ne pardonnerait pas à Yannick Jadot de se considérer « ni de droite, ni de gauche ». Pierre Larrouturou lui reproche, pour sa part, son silence sur « la régulation financière et la défense des services publics ».
« Macron prend vraiment les électeurs pour des imbéciles »
Les sondages pour la liste Envie d'Europe ne sont pas folichons, mais la messe est-elle dite pour autant ? Est-ce que les deux gagnants seront Marine Le Pen et Macron ? Loin s'en faut, rétorque la vice-présidente du Parlement européen, Sylvie Guillaume. Et celle-ci d'inviter, les électeurs à « dézoomer » pour comprendre.
Reportage : Joël Kermabon
La numéro 2 de la liste rappelle à toutes fins utiles, qu' « il n'y a que deux forces politiques majeures qui vont peser dans la politique européennes pour les cinq ans à venir » : les socialistes avec le S&D (Socialistes et Démocrates) et la droite avec le parti EPP (le Parti populaire européen).
« Par conséquent ni le Rassemblement nationale de Marine Le Pen, ni la liste de Macron ne pèseront dans l'hémicycle », tacle Sylvie Guillaume. « Macron prend vraiment les électeurs pour des imbéciles, fustige-t-elle, en rejouant le coup de la présidentielle, et en disant aux Français de voter pour lui pour faire barrage au Rassemblement national ! »
L’enjeu dans tout cela pour les électeurs de gauche ? Sylvie Guillaume y vient : c’est de mettre le S&D en tête. La place de premier groupe au Parlement va se jouer à une vingtaine de parlementaires près. « En votant pour notre liste, les électeurs poussent le S&D en tête, argue-t-elle. Nous pourrons alors mettre en œuvre notre programme de gauche progressiste en Europe, et prendre la tête de la Commission européenne », poursuit Sylvie Guillaume. Et de conclure : « Voter pour nous, c’est voter efficace car ni France insoumise, ni les Verts, ni Génération.s ne feront le poids pour infléchir la conduite de l’Europe. »
Un programme qui rapporte 450 milliards
« Nous sommes les seuls à proposer un programme aussi complet, avec des réponses en corrélation à la fois à l’urgence climatique, sociale et migratoire », assène Sylvie Guillaume. Quid du financement ? Tout est calé au millimètre près, à entendre Pierre Larrouturou, fondateur de Nouvelle Donne.
L’économiste a tout balisé dans son Pacte finance climat, mis au point avec le climatologue Jean Jouzel.
« Nous, on montre comment on peut trouver 450 milliards pour cinq ans, pour l’Europe. C’est concret, avec plusieurs sources de financement comme un impôt européen sur les bénéfices des sociétés. Rien qu’en France, on aurait 50 milliards chaque année », explique-t-il.
Et de compléter son propos par un argument massue : « Cela veut dire qu’à Grenoble, à Voiron, on va créer aussi des emplois. » Un projet, poursuit l’économiste, « quatre fois plus ambitieux que celui de la liste des écologistes de Yannick Jadot, dont la seule façon de financer est la taxe carbone ».
Sur la liste à la 62e place, Valérie Doubinsky, militante à Place publique, représente le sillon alpin. Elle aussi considère que le projet politique qu'elle défend est « le plus abouti de tous ».
Le volet économique et social n'est pas en reste, tient-elle à souligner, avec « la mise en place d’un salaire minimum européen à 65 % du salaire médian national, des mesures pour permettre la portabilité des droits et faciliter la mobilité, pour lutter contre le dumping social, l’harmonisation des congés maternité et paternité, des programmes de lutte contre la pauvreté (…) »
Séverine Cattiaux