FOCUS – Une centaine de gilets jaunes ont défilé pacifiquement dans les rues de Grenoble pour l’acte XXV du mouvement, ce samedi 4 mai. Au centre des préoccupations, les
heurts survenus lors d’une manifestation en marge du défilé du 1er mai. Des événements qui les ont incités à interpeller Éric Piolle en fin de parcours, lors de l’inauguration du square Silvestri.
Les gilets jaunes de l’agglomération grenobloise sont bien peu nombreux, ce samedi 4 mai au pied de la tour Perret, pour l’acte XXV du mouvement. « Beaucoup sont aux rassemblement de Lyon ou de Chambéry, comme ceux de Crolles, de Champagnier ou de Voreppe », tente de justifier l’un d’entre eux.
Ils vont ainsi attendre longuement que d’autres les rejoignent… en vain. C’est donc une petite troupe d’une centaine de manifestants qui s’élance finalement en vue d’arpenter l’asphalte grenobloise. « Pour montrer que nous sommes toujours là ! », lance un intervenant, imperturbablement présent sur le front jaune fluo depuis le 17 novembre dernier.
« La violence c’est Castaner »
Mais avant de partir, plusieurs gilets jaunes vont successivement exposer leurs propositions sur le sens à donner à cette nouvelle marche. Pour la visibilité ? « Il y a une brocante boulevard Foch. Nous pourrions passer par là pour distribuer des tracts », soumet un quinquagénaire.
Plus remontée, une jeune femme fustige « les promenades du samedi » et entend revenir aux « fondamentaux » et aux actions coup de poing. Notamment en « investi[ssant] la préfecture ». Brouhaha désapprobateur dans les rangs, tant l’idée paraît irréaliste et, surtout, risquée.
Un autre intervenant rappelle alors le pacifisme emblématique des gilets jaunes grenoblois et incite les participants à rester dans cette logique-là, sans pour autant trahir les fondements du mouvement. Et ce dernier d’affirmer que « la violence c’est Castaner, et la corruption c’est Macron ».
De fait, les heurts avec la police* qui ont marqué la fin du défilé du 1er mai et les huit interpellations qui ont suivi restent dans toutes les mémoires. L’occasion pour deux des personnes placées en garde à vue de décrire les circonstances de leur interpellation par les forces de l’ordre, ainsi que celles d’autres manifestants.
Relative indifférence des passants effectuant leurs emplettes
Alors que le cortège s’est remis en route pour rejoindre le boulevard Foch et sa brocante, aucune force de police ne pointe à l’horizon… Si ce n’est un commissaire en civil qui suit la progression de la manifestation, émetteur radio à la main. Après un bref passage par la brocante salué par quelques klaxons, les manifestants se dirigent vers le centre-ville, perturbant ainsi temporairement la circulation des tramways.
Le tout dans la relative indifférence des très nombreux Grenoblois effectuant leurs emplettes, les gilets jaunes semblant désormais faire partie intégrante du paysage des fins de semaine. Qu’importe ! Indépendamment du nombre, « ce qui compte c’est d’être vus », objectent des marcheurs.
Parvenu rue Félix-Poulat, le cortège est chaleureusement salué par les Algériens de Grenoble qui, eux aussi, tiennent leur énième rassemblement en soutien au peuple d’Algérie.
Publiquement interpellé, Éric Piolle condamne « les violences policières »
Sur le coup de 16 heures, les gilets jaunes vont finalement profiter de l’inauguration du square Silvestri pour interpeller Éric Piolle. Mais que reprochent-ils au maire de Grenoble ? Son absence de soutien public au mouvement et sa non-dénonciation des « violences policières » qu’ils jugent unanimement « injustes et disproportionnées ».
Une manifestante, témoin oculaire des troubles survenus au Jardin de ville, a ainsi saisi l’occasion pour raconter à l’édile ce qui s’était passé dans le passage de la rue Montorge : les manifestants, repoussés à coup de lacrymogènes par la police, se sont retrouvés coincés dans cet endroit étroit, sans repli possible, a‑t-elle relaté.
Une discussion au cours de laquelle le maire s’est dit « conscient de la situation » et a fermement condamné les « violences policières ». Et Éric Piolle de rappeler que Grenoble n’a pas connu d’agissement de casseurs, ni de gros débordements.
« Je ne sais pas si c’est le meilleur interlocuteur »
Pas de quoi satisfaire certains de ses interlocuteurs, toutefois… Ces derniers regrettent en effet que ces déclarations n’aient pas fait l’objet d’une déclaration publique plus tôt.
Idem sur les réseaux sociaux : « Gilets jaunes, je ne sais pas si c’est le meilleur interlocuteur », a ainsi ironiquement posté une internaute. Une allusion directe à l’expulsion de sans-abris et de militants de Droit au logement (Dal) de l’ancien bâtiment du Crédit agricole à Grenoble.
Il y a, en tout cas, fort à parier que des gilets jaunes seront encore au rendez-vous samedi prochain pour l’acte XXVI du mouvement. Et bien malin qui peut prédire quelle sera l’issue de cette fronde…
Joël Kermabon
- * Ce point précis fait l’objet d’un article détaillé à paraître très prochainement sur Place Gre’net.