FIL INFO – Attaqué en justice pour diffamation contre l’école Philippe-Grenier, le ministre de l’Éducation nationale persiste et signe en qualifiant de nouveau sur Twitter l’établissement privé « d’inspiration salafiste ». Et en affirmant que tous les élèves seront « rescolarisés » dans la semaine.
Le feuilleton continue, et Jean-Michel Blanquer persiste et signe. Jeudi 11 avril, le ministre de l’Éducation nationale annonçait en fin d’émission sur France Inter « faire fermer » l’école « d’inspiration salafiste » Philippe-Grenier d’Échirolles. En réponse, l’avocat de l’association Unicité, gestionnaire de l’établissement, faisait savoir son intention de porter plainte en diffamation. Une plainte confirmée le 29 avril, à l’occasion de la rentrée des classes.
Une école d’inspiration salafiste m’attaque en diffamation pour l’avoir qualifiée ainsi et pour procéder à sa fermeture.
Ma priorité est de protéger les enfants.
Les élèves de cette école seront rescolarisés dans d’autres écoles de Grenoble dès cette semaine.— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) 30 avril 2019
C’est sur Twitter le jour même que Jean-Michel Blanquer répondait. « Une école d’inspiration salafiste m’attaque en diffamation pour l’avoir qualifiée ainsi et pour procéder à sa fermeture. Ma priorité est de protéger les enfants. Les élèves de cette école seront rescolarisés dans d’autres écoles de Grenoble dès cette semaine », écrivait ainsi le ministre, suscitant nombre de commentaires d’approbation dans les commentaires.
Des effectifs quasiment au complet dans l’école, selon la direction
Rescolariser les élèves ? Si la justice a bien décidé de la fermeture de l’école privée musulmane hors contrat, cette décision reste suspendue à l’aune de la procédure en appel lancée par l’association. De plus, insiste à l’envi l’avocat de l’école Michael Bendavid, le tribunal correctionnel de Grenoble s’est prononcé sur la qualité jugée insuffisante de l’enseignement dispensé. Et ne fait pas mention dans son jugement de faits de « salafisme », affirme-t-il.
De fait, l’avocat estime que les courriers adressés aux familles des élèves de l’école, leur demandant de prendre contact avec le rectorat pour scolariser leurs enfants dans d’autres établissements, est une tentative de « contournement » d’une décision de justice. Ainsi que de pression sur les parents d’élève. La direction de l’école indique cependant que les effectifs étaient presque au complet à l’occasion de la rentrée du 29 avril.
Audience en appel prévue le 1er juillet
Dans un communiqué publié sur Facebook, l’école dénonce par ailleurs un « acharnement politique et médiatique ». Ainsi que des « calomnies » émanant notamment des services du rectorat, qui refuseraient de reconnaître « un projet pédagogique revu et valorisant désormais les manquements soulignés ». Mise en ligne, une pétition pour « faire cesser l’acharnement de l’académie et des médias » a recueilli à ce jour un millier de signatures.
« Il y a urgence. Pour un enfant de six ans on ne peut attendre trois ans », déclare pour sa part à France 3 Aymeric Meiss, directeur de cabinet de la rectrice de Grenoble. Quitte à faire appliquer une décision de justice en suspens ? Le même Aymeric Meiss a reconnu auprès de Place Gre’net que la rectrice n’avait pas de « pouvoir de police ». Possible fin de bras de fer le 1er juillet, à l’occasion de l’audience en appel.