FOCUS – À partir du jeudi 2 mai, les halles de Grenoble bénéficieront d’un éclairage de leurs façades toutes les nuits pour mieux mettre en valeur un bâtiment deux fois centenaire. Une manière pour la Ville de tenter de redynamiser le marché, mais aussi de mettre en valeur ces monuments emblématiques, dans une logique patrimoniale comme économique.
Mettre en valeur un lieu iconique du centre-ville de Grenoble, tout en redynamisant le seul marché couvert du département de l’Isère, tel est l’objectif de la mise en lumière des halles Sainte-Claire. À compter du jeudi 2 mai, jour d’une cérémonie en présence du maire de la Ville Éric Piolle, la façade du bâtiment deux fois centenaire bénéficiera d’un éclairage nocturne, au même titre que le Palais du parlement, la Tour Perret ou les remparts de la Bastille.
Une initiative de la Ville de Grenoble que l’adjoint en charge de la Démocratie locale présente comme nécessaire pour redynamiser le marché des halles, et construit en lien direct avec ses commerçants. « Un travail de trois ans », décrit-il. Daniel Arenas, gérant du Bistroquet et vice-président de l’Union de défense des intérêts des commerçants Sainte-Claire, confirme. Et souligne l’unanimité des locataires des halles autour de l’opération.
Une étape dans la revalorisation du marché
Cette opération n’est toutefois qu’une étape, prévient Pascal Clouaire. « Nous sommes dans un objectif de revalorisation du marché du centre-ville qui va se poursuivre dans les années à venir », précise-t-il. Avant d’évoquer d’autres projets, tout en se refusant – goût du suspens oblige – à en dire plus. Dans tous les cas, l’illumination nocturne des halles Sainte-Claire est symbolique d’un mouvement d’ensemble, insiste-t-il.
Et celui-ci de vanter la politique des marchés instaurée par la Ville de Grenoble. Politique assortie d’une modification du règlement « dans une logique de production de produits locaux et de circuits courts »… quitte à s’être mis à dos un certain nombre de commerçants. Autre volonté : améliorer l’offre en créant trois nouveaux marchés sur Grenoble. En l’occurrence, ceux d’Anatole-France, de l’Île-Verte et de Chavant le mercredi après-midi.
Le marché des halles, de par sa dimension historique, semble toutefois appelé à bénéficier d’une stratégie bien spécifique. « Nous avons tout fait pour que la question patrimoniale, la question économique et la question de l’espace public soient considérées comme un tout, et ne pas les séparer chacune dans leur logique », explique Antoine Back, l’élu du secteur 2 de Grenoble. Qui inscrit l’illumination des halles dans l’esprit général du projet Cœurs de ville, cœurs de métropole.
Derrière les halles, la défense de CVCM
Derrière les halles, c’est en réalité bien CVCM que les élus veulent encore une fois défendre. « Dans les villes où le centre a été embelli, ciblé pour une clientèle plutôt piétonne avec une voiture canalisée, on sait que le commerce de proximité à moyen terme fonctionne plutôt mieux qu’ailleurs », affirme ainsi Pascal Clouaire. Une manière aussi d’appeler les commerçants du centre-ville à faire preuve de patience face aux travaux en cours devant leurs échoppes.
Pas de corrélation directe, en somme, entre l’éclairage nocturne des halles et la fréquentation d’un marché ouvert le matin. Sauf, précise Daniel Arenas, en hiver. Les vendredis et samedis, le marché des halles est ouvert jusqu’à 19 heures, quand l’éclairage public se met en route aux alentours de 17 heures. De quoi attirer des clients supplémentaires ? « À la fin de l’hiver, nous ferons le bilan pour voir s’il y a une amélioration », promet Antoine Back.
Les illuminations ne sont pas les seules initiatives destinées à mettre en valeur le marché des halles, précise encore Pascal Clouaire. Au programme : une nouvelle signalétique pour mieux flécher le bâtiment à l’intention des Grenoblois, et un parking Verdun renommé Préfecture-Les halles. Sans oublier, « dans les années à venir », un gros travail de restauration à envisager sur l’ensemble d’un bâtiment qui fait son âge.
De prochaines illuminations en perspective
Du point de vue technique, l’éclairage des halles reposera sur 33 sources lumineuses de 20 watts chacune, soit une puissance totale de 660 watts. À noter que l’éclairage sera coupé chaque nuit aux alentours d’une heure du matin. Coût de l’installation ? « Moins de 180 euros par mois », chiffre Alan Confesson, président de la Régie Lumière. Côté investissement, l’étude, les fournitures et les travaux ont représenté une somme d’environ 40 000 euros TTC.
Alan Confesson n’exclut pas, par ailleurs, de procéder à d’autres illuminations patrimoniales pérennes. « Si, chaque année, nous pouvons développer de nouveaux dispositifs, nous ferons ce qu’il faut pour que cela marche », explique-t-il. L’idée ? « Cibler des éléments emblématiques et sur lesquels il y a un intérêt patrimonial et touristique à décliner ce type de politique », ajoute le conseiller municipal de Grenoble.
Quid de la pollution lumineuse ? Pour Alan Confesson, pas de contradiction entre ces nouvelles illuminations et les préoccupations de la Ville sur cette question. « Le fait que cela ne soit pas allumé toute la nuit va contribuer à avoir un impact positif de ce point de vue-là », estime-t-il. Et de conclure : « Nous avons tous ces monuments emblématiques de l’Histoire de Grenoble. Il faut arriver à combiner les différents aspects : pas de dogmes sur le sujet ! »