FOCUS – Le festival de contes Les Arts du récit qui met à l’honneur la culture de l’oralité depuis déjà trente-deux ans fera la part belle à la francophonie du 10 au 25 mai. Les artistes invités viennent en effet de toute la France mais aussi de Belgique, de Suisse, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso ou encore du Québec. Autant de conteuses et conteurs qui iront porter leurs histoires un peu partout en Isère.
Il y en aura pour tous les goûts, cette année, au festival des Arts du récit. Des séances pour les tout-petits comme pour les adultes. Des contes surnaturels mais aussi des récits ancrés dans le réel. Des spectacles gratuits et des “pass découverte”. Les conteurs seront partout : en salle, dans les musées, les bibliothèques ou les jardins. Et les approches traditionnelles côtoieront les mises en scène résolument contemporaines, où s’inviteront la musique, la scénographie, l’interactivité… On verra même le conte se mêler à la gastronomie !
En effet, lors du premier dimanche du festival (le 12 mai), se tiendront au Centre des Arts du récit trois spectacles ludiques. Parmi eux, Contes de gourmandise, de Clément Goguillot, invitera le public à goûter diverses saveurs au rythme d’un récit enlevé sur les légendes culinaires. Dans un genre également ludique et familial, la conteuse Francine Vidal proposera le samedi un jeu-spectacle intitulé La troisième oreille.
« La programmation de ce premier week-end est très ludique », détaille Martine Carpentier, en charge de la programmation du festival. « Le but est de créer des moments conviviaux pour permettre à des néophytes de découvrir cet univers du merveilleux. Le public qui vient ces jours-là est très différent de celui des salles de spectacles. »
Des conteurs et conteuses venus de tous les pays francophones
Suisses, belges, burkinabé, québécois… Les conteurs et conteuses de l’édition 2019 du festival des Arts du récit viennent de tous les pays francophones. Et ils apportent avec eux leurs cultures et leurs regards.
C’est par exemple le cas de la conteuse ivoirienne Florence Kouadio Affoué, alias « Flopy », qui propose un spectacle pour enfants plein de vie sur les liens complexes entre humains et animaux. Puisant dans les contes africains, elle livre une performance où le récit se mêle à la danse, aux chants et aux proverbes.
Comment ces artistes d’horizons si divers se retrouvent-ils conviés au festival grenoblois ? « Je me déplace beaucoup pour repérer des spectacles », explique Martine Carpentier. « Nous sommes proches de festivals comme La Cour des contes en Suisse, ou le Festival interculturel du conte de Montréal, au Québec. » Le festival Les Arts du récit a d’ailleurs noué, depuis de nombreuses années, un partenariat avec La Cour des contes pour financer chaque saison la création d’un spectacle ou la venue d’artistes étrangers.
C’est justement grâce à ce partenariat que le festival a pu inviter le spectacle Sacré chœur de Gilgamesh, qui après son succès au Québec arrive enfin dans l’Hexagone. Un « très beau spectacle à trois voix », écrit et raconté par Nadine Walsh avec ses compères Franck Sylvestre et Jean-Sébastien Bernard. Ce récit très contemporain des origines du monde, mêlant la parole, le slam, le chant et les bruitages, aura lieu à Saint-Martin-d’Hères le 11 mai.
D’autres artistes encore vont puiser dans leurs origines, par exemple italiennes ou algériennes, pour conter des histoires touchantes et riches de voix multiples. Si seuls deux pays africains sont représentés cette année, le festival devrait l’an prochain mettre à l’honneur ce continent majeur dans le paysage francophone, le gouvernement ayant décrété 2020 « année de l’Afrique » en France.
De Barbe bleue aux récits-concerts en passant par l’Indochine
Le festival des Arts du récit avait l’année dernière consacré une large place à l’amour. Il proposera cette année trois soirées thématiques. La première consacrée au personnage mythique de Barbe bleue enchaînera deux spectacles, Barbe Blues succédant à une performance contée à deux voix par Catherine Gaillard et Nadine Walsh. « Leur spectacle est plein d’énergie », s’enthousiasme Martine Carpentier. » Une énergie d’ailleurs très féminine, très actuelle. »
La seconde soirée thématique sera consacrée à des « créations », c’est-à-dire à des spectacles inédits. En l’occurrence à destination des ados et adultes. On y découvrira notamment l’étonnant Tanuki et Kitsuné, une histoire française de Fred Duvaud. Il y raconte l’histoire de son grand-père, disparu en Indochine, en mêlant piano, piano-guitare numérique et références à la pop-culture japonaise. Un récit « émouvant et très bien porté ».
Il sera suivi par un autre spectacle lié au réel, Une vie de Gérard en Occident, où l’on découvre le monde rural à travers le personnage de Gérard Airaudeau, incarné par Gérard Potier, qui raconte sa vie à un jeune migrant.
Enfin, une soirée sera consacrée à deux récits-concerts. D’abord Fleuve, où deux femmes livrent un récit à la fois politique et poétique. Puis Un siècle, deux solitudes, où trois hommes se racontent sur un ton délirant et surréaliste.
Diane Hentsch
Infos pratiques
Le festival des Arts du récit proposera 110 événements dans toute l’Isère. Découvrez toutes les communes concernées ici.
L’intégralité du programme est à retrouver sur le site web du festival.