FOCUS – Le Travailleur alpin a 90 ans ! Créé en 1929 par la Fédération iséroise du parti communiste français, le mensuel est à l’origine de la Fête du Travailleur alpin qui souffle, elle aussi, ses 90 bougies. Les communistes grenoblois célébraient, ce vendredi 29 mars, la longévité de leur titre de presse local et présentaient son numéro spécial anniversaire.
« Le voilà ! Maintenant, il va falloir le vendre ! », lance Simone Torres aux dizaines de personnes réunies dans le local de la Fédération iséroise du parti communiste, ce vendredi soir. La représentante du Travailleur alpin brandi fièrement le numéro “spécial 90 ans” du mensuel. « On voulait une trace qui reste dans les mémoires. On présente ce soir un numéro exceptionnel », s’enthousiasme l’élu communiste de Pont-de-Claix.
Oubliez les 22 pages mensuelles à 3 euros. Ce numéro fait grimper les compteurs : 92 pages pour 15 euros. « C’est la première fois qu’on a un numéro aussi riche et complet », se félicite Luc Renaud, le rédacteur en chef. Tiré à 1 000 exemplaires, il sera disponible à la vente auprès des militants communistes et sur le site du Travailleur alpin.
De Jacques Brel à Kery James
Le Travailleur alpin n’est pas le seul à fêter ses 90 printemps. Avec lui est né en 1929 la désormais célèbre Fête du Travailleur alpin. L’événement réunit, depuis des décennies, des milliers de personnes durant le dernier week-end de juin. Parmi les vedettes passées par la scène du festival, Joe Dassin, Jacques Brel, Jean Ferrat, Nana Mouskouri… Cette année, c’est le rappeur Kery James la tête d’affiche qui se produira dans le parc Dotto de Fontaine. « Mais une autre pointure du rap français sera annoncée dans les jours à venir », murmurent certains impatients.
Avec le rappeur engagé Kery James en tête d’affiche, les organisateurs du festival ne cachent pas leur ambitions : « Il y a deux ans avec Keny Arkana, on avait eu 8 000 personnes sur les trois jours. Cette année, le challenge c’est d’atteindre les 15 000 », projette Simone Torres. Comme chaque année, les soirées du vendredi et du samedi seront des concerts payants, tandis que la journée du dimanche, gratuite, sera consacrée aux débat et activités culturelles.
« Grosse soirée rap » le samedi 29 juin
Le samedi soir devrait constituer le temps fort de la Fête avec ce qui s’annonce être « une grosse soirée rap ». « Ça représente bien la Fête du Travailleur alpin et son côté intergénérationnel, se réjouit le programmateur du festival Bernard Ferrari. Les vieux viennent découvrir le rap et les jeunes la politique. »
Une chose est sûr, pour les 90 ans du festival, il va falloir placer la barre haut. « Au vu des attentes du public, il faut imaginer quelque chose d’encore plus original que l’année d’avant à chaque édition », explique Olivier Vallade, historien qui a participé à la rédaction du numéro spécial du mensuel. Il l’assure, la Fête est devenu un événement incontournable où « tout le monde est déjà venu au moins une fois » et dont « on ne sort pas indemne ».
Le secret de cette longévité ?
« La Fête a connu des hauts et des bas tout au long de son histoire. Dans les années 1920, les débuts sont chaotiques et il faut attendre 1933 pour assister aux premières vraies Fêtes », explique Olivier Vallade, reprenant les éléments du numéro spécial du Travailleur alpin.
Quatre-vingt-dix ans plus tard, comment expliquer une telle longévité ? « En moyenne, la durée de vie d’un festival c’est vingt ans. Nous, on en est à quatre-vingt-dix », se vante Luc Renaud. Qui évoque l’une des raisons de ce succès non sans une pointe d’ironie : « On ne craint pas la perte de subventions… car on n’est pas subventionnés ! »
Tant le Travailleur alpin que sa fête estivale s’appuient sur des militants extrêmement investis. L’édition 2019 de la Fête, c’est « 500 militants mobilisés pendant trois mois », décompte Simone Torres. Avant d’affirmer : « Les communistes sont les seuls à pouvoir faire ça. Ce n’est pas un parti très visible dans les médias mais celui qui peut compter sur le plus grand nombre de militants sur le terrain. »
Ils seront tous sur le pont du 28 au 30 juin pour faire vivre cette 90e édition du festival… et y vendre le numéro spécial du Travailleur alpin. En attendant, vendredi, l’ambiance était déjà à la fête au siège du parti communiste français Isérois. Pour célébrer les années passées mais aussi celles à venir. « On repart pour 90 ans ! », a lancé Simone Torres avant l’ouverture du buffet.
Jules Peyron