EN BREF – Partout en France, des professionnels du secteur de la petite enfance, inquiets du projet de réforme sur les modes d’accueil se sont mobilisés ce jeudi 28 mars, en réponse à l’appel du collectif Pas de bébés à la consigne. À Grenoble, trois quarts des crèches étaient fermées et environ 200 personnes ont manifesté devant la préfecture.
Environ 200 professionnels de la petite enfance se sont rassemblés devant la préfecture de l’Isère à Grenoble, ce jeudi 28 mars dans la matinée, suite à l’appel du collectif Pas de bébés à la consigne, lancé contre le projet de réforme sur les modes d’accueil.
La plupart – quasiment exclusivement des femmes – travaillent dans des crèches publiques, d’autres exercent dans le privé : auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants, directeurs… Tous s’inquiètent du projet de réforme du gouvernement qui pourrait engendrer une dégradation des conditions d’accueil des enfants et de leurs conditions de travail.
Des milliers de professionnels et parents dans quarante villes de France
Leurs principales craintes ? La diminution attendue du taux d’encadrement, la baisse du ratio des personnels les plus qualifiés, une augmentation des possibilités d’accueil en surnombre ou encore une baisse de la surface d’accueil par enfant. « On travaille déjà dans des conditions difficiles. Les dégrader davantage est impensable. On toucherait au bien-être des enfants », explique cette manifestante qui travaille dans une crèche privée. Un constat partagé par les personnels des crèches publiques présents sur place.
Cette réforme intervient dans le cadre du projet de loi pour un État au service d’une société de confiance (Essoc). « Le gouvernement a été autorisé à la mener par ordonnances », s’inquiète le collectif Pas de bébés à la consigne, engagé depuis 2009 pour la sauvegarde de modes d’accueil de qualité.
Dans une lettre ouverte adressée à Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, le collectif a ainsi formulé vingt propositions pour augmenter l’offre et la qualité de l’accueil et des conditions d’exercice des professionnels.
Un « premier succès »
La mobilisation du 28 mars a réuni des milliers de professionnels et parents dans quarante villes de France. Plusieurs syndicats (CFDT, CGT, FSU) s’étaient d’ailleurs joints à l’appel relayé par de nombreuses associations. À Grenoble, le taux de fermeture des crèches a atteint les 75 % ce jour-là, selon les organisateurs.
À l’issue de cette journée, le collectif, reçu en délégation à Paris par des représentantes du cabinet de Christelle Dubos, s’est réjoui d’avoir obtenu un « premier succès » sur le maintien du ratio actuel des professionnels les plus qualifiés. « C’est le seul engagement ferme » , a précisé Pierre Suesser, co-président du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile et représentant du collectif.
Le ministère devrait présenter courant avril un document indiquant les orientations retenues. Et ce, avant l’ouverture d’une concertation publique. D’ici là, Pas de bébés à la consigne va lancer une pétition pour amplifier la mobilisation auprès des professionnels, parents et l’ensemble des citoyens. « Nous devons faire des progrès pour l’accueil de la petite enfance et nous rapprocher des pays qui font mieux que nous, a conclu Pierre Suesser. Et il y en a beaucoup ! »
Leïla Shahshahani