FIL INFO – Après plusieurs manifestations et mouvements de blocage pour protester contre la baisse de ses moyens à la rentrée 2019, l’équipe éducative du collège Aimé-Césaire de Grenoble adresse une lettre ouverte au préfet de l’Isère. Son but ? Obtenir l’appui de la préfecture pour faire valoir les besoins de l’établissement dans une logique d’apaisement des quartiers sensibles.
Après plusieurs actions de blocage organisées en février comme en mars, le personnel du collège Aimé-Césaire se tourne à présent vers le représentant de l’État en Isère. L’équipe éducative de l’établissement grenoblois adresse ainsi une lettre ouverte au préfet de l’Isère. Son propos ? Appeler Lionel Beffre à soutenir le mouvement des enseignants, pour qui les baisses de dotations annoncées mettent en péril le projet éducatif même du collège.
Le courrier reprend ainsi les mots mêmes du préfet, prononcés face aux émeutes qui ont touché le quartier Mistral. « Vous avez rappelé que “la clé de l’apaisement de ces quartiers sensibles réside dans le désenclavement social” », écrivent les auteurs de la missive. À leurs yeux, aux côtés de la formation professionnelle et de l’apprentissage, « l’éducation de [leurs] enfants et de [leurs] adolescents en est un fondement incontournable ».
Un collège symbole de mixité sociale
Pourtant, le collège verra (encore) ses moyens diminuer à la rentrée 2019, avec pour conséquence la perte de deux postes d’enseignants. Mais aussi la suppression d’heures d’accompagnement personnalisé ou de français langue étrangère (FLE), et la diminution d’heures de latin et d’anglais pour les classes de 3e. Le tout sur fond de « classes surchargées » et d’un stress prononcé au sein de l’équipe éducative.
« Il nous a été rétorqué en substance par la Direction académique des services de l’Éducation nationale que la suppression de quelques moyens ne pouvait mettre le quartier à feu et à sang », écrit encore le personnel du collège. Qui se permet d’en douter, au regard des récents événements. Symbole de mixité sociale, Aimé-Césaire accueille en effet des élèves des quartiers Camine, Eaux-Claires, Mistral, Libération et Lys-Rouge.
« Ce qui est en danger est bien le lien de confiance, d’une part entre les élèves et l’école, d’autre part entre jeunes et adultes, enfin entre les parents et l’État », affirme ainsi le courrier. Non sans juger paradoxal que le ministère de l’Éducation nationale retire des moyens aux collèges situés dans les quartiers “difficiles”… alors que le ministère de l’Intérieur en déploie, lui, de nouveaux. Notamment dans le cadre des « Quartiers de reconquête républicaine ».