EN BREF – La députée de l’Isère Émilie Chalas annonce sa candidature à l’investiture En marche pour les élections municipales de Grenoble de 2020. Une candidature qui n’a rien d’un « grand mystère », indique la parlementaire, mais n’en a pas moins bénéficié d’un plan communication élaboré, entre exclusivité et jeu de “répartition” entre médias.
Émilie Chalas en convient d’emblée : sa candidature pour être tête de liste En marche aux prochaines élections municipales de Grenoble de 2020 n’avait rien d’un « grand mystère ». La députée LREM de la troisième circonscription de l’Isère l’a toutefois officialisée par deux annonces successives, les vendredi 22 et samedi 23 mars. Et indique réunir depuis « plusieurs semaines » un groupe de réflexion afin de développer un « projet alternatif » pour Grenoble.
Le « mystère », Émilie Chalas prenait pour autant soin de le cultiver auparavant. Interrogée sur ses intentions à l’occasion de la présentation des vœux de la fédération iséroises de LREM en janvier, la parlementaire restait volontiers évasive. « Tête de liste ou pas, ce n’est pas le sujet », avait-elle ainsi répondu à Place Gre’net. Avant de faire savoir avant tout son ambition « d’apporter au pot commun », forte de sa formation et de ses expériences professionnelles.
Émilie Chalas, candidate En marche face au « déclin » grenoblois
Changement de ton le vendredi 22 mars : la députée annonce sa candidature à l’investiture en privilégiant Télé Grenoble et Le Dauphiné libéré. Les autres médias devront attendre le lendemain pour recevoir un communiqué de presse. Effet d’aubaine ou stratégie de communication média bien réfléchie ? Le collaborateur parlementaire auprès d’Émilie Chalas n’a pas souhaité nous apporter d’éléments sur ce point…
Le discours de la candidate à la candidature est en tout cas bien rodé. Avec, en toile de fond, un champ lexical sur la déperdition grenobloise. Grenoble a « décroché » du classement des villes les plus attractives, « perdu » son attractivité résidentielle et « reste tristement polluée, insécure (sic), abimée ». Un « déclin » qui a pour causes, estime encore la députée, le « déni et […] l’enfermement idéologique » de l’actuelle municipalité.
Face à ce « constat lucide », Émilie Chalas veut proposer un projet municipal « construit avec les habitants et porté par une équipe renouvelée et pragmatique ». « Nous avons collectivement la capacité de raviver la flamme qui a fait de Grenoble une ville enthousiaste, conviviale, inventive et en avance sur son temps », écrit la parlementaire. Qui se dit prête à relever les défis économiques, sociaux, écologiques ou encore de sécurité et de bien-vivre du territoire.
Rassemblement syndical devant la permanence de la députée
Si la candidate ne fixe pas encore de propositions concrètes, elle n’en dévoile par moins ses orientations. Maniant l’art de l’anaphore, Émilie Chalas veut ainsi « faire de Grenoble » « une ville dans laquelle on retrouve l’envie de s’installer et d’entreprendre », « la ville de la réussite éducative et de l’égalité des chances » ou « une référence européenne en matière d’aménagement résilient, de qualité et d’écologie urbaine, en symbiose avec la nature qui l’entoure ».
Sans oublier « une ville qui garantisse la tranquillité publique, la convivialité et le vivre-ensemble » et « une ville pleinement en phase avec son temps, à la pointe des réponses aux défis de notre monde ». La députée vante enfin les bienfaits de la « participation citoyenne » dans l’élaboration d’un projet politique : « J’appelle tous ceux qui souhaitent porter un travail collectif, proeuropéen, humaniste et progressiste à rejoindre notre rassemblement pour Grenoble », conclut-elle.
Un appel entendu… par les syndicalistes ? L’intersyndicale Fonction publique 38 organise en effet un rassemblement devant la permanence grenobloise d’Émilie Chalas, le mercredi 27 mars à 14 heures. Objectif : dénoncer le projet de réforme de la fonction publique, dont la députée de l’Isère est rapporteure. Un projet dont Émilie Chalas vante la « souplesse et l’efficience », mais que les syndicats interprètent comme une « casse de la fonction publique » (voir encadré).
Florent Mathieu
DES « ACCUSATIONS TERRIBLES »
Après avoir pris connaissance de l’appel à manifester devant sa permanence le mercredi 27 mars, la députée Émilie Chalas juge que le syndicat Solidaires, relais du mouvement, porte des « accusations terribles » contre sa personne et contre le gouvernement. « Je comprends de ces propos que de toute évidence ils n’ont pas pris la peine d’étudier le texte dont ils parlent », ajoute-t-elle en évoquant une « opération de communication et de désinformation ».
Loin, selon elle, de réduire le nombre de fonctionnaires ou de remettre leur statut, le texte qu’elle rapporte « est un texte de management (…) qui, au contraire, doit permettre aux employeurs publics de mieux mener leurs missions de service public et aux fonctionnaires de se réapproprier leurs carrières », affirme-t-elle. Et la députée d’inviter les syndicats à prendre rendez-vous avec elle « un jour où [elle est] présente à Grenoble », pour débattre des finalités de ce texte.