FIL INFO – Éric Piolle déchaîne la polémique sur les réseaux sociaux. Après avoir écrit, ce jeudi 14 mars, sur Facebook et Twitter que « la ville d’hier était faite pour l’homme blanc pressé au volant de sa voiture », le maire de Grenoble suscite critiques, railleries, ironie… et réactions épidermiques chez les identitaires. [Edit, le 14 mars à 20 heures : Le post a, depuis, été retiré.]
« La ville d’hier était faite pour l’homme blanc pressé au volant de sa voiture. » C’est sur les comptes officiels Facebook et Twitter d’Éric Piolle que l’étrange formule a été publiée (puis retirée, voir encadré), le jeudi 14 mars aux alentours de midi. À l’occasion du partage d’un article du Dauphiné Libéré indiquant que de plus en plus de piétons fréquentent le centre-ville, le maire de Grenoble se félicite d’une « ville de demain faites pour toutes et tous ». Et pourfend ainsi au passage « l’homme blanc pressé ».
L’assertion peut questionner. Ainsi, les chiffres officiels de répartition du permis de conduire indiquent que dans les années 1980, 1990 et 2000, plus de femmes que d’hommes avaient leur permis B*. Il n’existe naturellement aucune statistique sur la couleur de peau des détenteurs de permis de conduire. Mais rien ne permet d’affirmer que seuls les « hommes blancs » pouvaient se révéler « pressés » sur l’asphalte urbain.
Twitter rage contre la formule du maire de Grenoble
Le message du maire de Grenoble s’inscrit-il dans le cadre du lancement de la nouvelle édition de la Quinzaine contre le racisme et les discriminations, organisée du 15 au 27 mars ? Une chose est certaine, la référence à « l’homme blanc pressé » laisse perplexe, y compris dans les commentaires du post Facebook. « C’est une blague ou quoi ? », s’étonne une internaute. Tandis qu’un autre ironise : « Ton chargé de com est mort, Éric Piolle ».
Sur Twitter, les réactions sont plus nombreuses… et parfois plus violentes. « Racisme décomplexé », « clientélisme débridé », « autisme radical »…
Les identitaires, tels le groupe Français de souche, focalisent sur la formule. Tandis que des internautes bien plus modérés font part de leur incompréhension. « Cette comparaison a quelque chose d’hier : comment aujourd’hui peut-on encore utiliser des clichés racisés ? », se demande ainsi une “twitteuse”.
« Mort à l’homme blanc, au méchant occidental… »
Du côté du Rassemblent national, ex-Front national, on ne prend pas de gants. « Promotion du racisme anti-blanc et de la haine de soi au cœur du programme de la gauche ! Mort à l’homme blanc, au méchant occidental, voilà le programme… Le même que celui des islamistes en somme ! », n’hésite ainsi pas à twitter Alexis Jolly, conseiller municipal d’opposition RN de la ville d’Échirolles.
Le message n’a pas non plus échappé au conseiller régional Stéphane Gemmani. « Quel est l’intérêt d’animer la deuxième pièce croisée de cette tenaille identitaire, au moment de la venue d’un Alain Soral ? », écrit-il. Avant de considérer que, par ce message, Éric Piolle « s’oppose au projet humaniste et universaliste d’une collectivité comme Grenoble », en appelant les gens à « se définir par leur origine, comme membre d’une communauté et non comme des citoyens ».
Le conseiller municipal d’opposition de Grenoble Matthieu Chamussy se dit, pour sa part, « triste de voir [le maire de Grenoble] tout mélanger ». « Quelle perte de repères pour Éric Piolle que de mêler ce noble combat contre le racisme et les discriminations à sa vision un brin dogmatique sur l’organisation des déplacements dans la ville », commente-t-il. Et de voir dans le message du maire de Grenoble un « calcul politicien » manquant de dignité.
FM
- * Selon Wikipedia. La tendance s’est inversée à partir des années 2010.
« Je le retire »
Le soir même du jeudi 14 mars, Éric Piolle a supprimé sur les réseaux sociaux le message tant commenté. Pour le remplacer par un autre, faisant son mea culpa : « Mon précédent post décrivait de façon maladroite les travers de la ville des années 1960. Je le retire. Grenoble regarde aujourd’hui vers 2030 et accélère les transitions pour une meilleure harmonie des modes de déplacements ». De quoi calmer la polémique ? [encadré ajouté à 20 heures]