FOCUS – Depuis le mois de janvier, deux medialabs ont ouvert sur Grenoble : l’un à Cap Berriat, l’autre à la Maison de l’image. Inscrites dans la vie citoyenne et associative, les deux structures veulent accompagner les projets des habitants. Et jouer la carte de la complémentarité plutôt que de la concurrence, en incluant le medialab déjà existant de la Casemate.
Ce n’est pas un, mais deux medialabs qui ont récemment ouvert sur Grenoble. Le 22 janvier, la pépinière d’associations Cap Berriat inaugurait ainsi son Mouton électrique, un laboratoire des médias dont le nom ne manquera pas de charmer les amateurs de science-fiction. Huit jours plus tard, le 30 janvier, c’est la Maison de l’image qui inaugurait son medialab, au cœur de ses locaux situés dans le quartier Villeneuve.
Mais de quoi parle-t-on en évoquant un medialab ? « C’est un espace ouvert, qui appartient aux habitants, et où les gens peuvent venir faire de la vidéo », décrit Théo Michel-Bechet, responsable à la Maison de l’image.
De la vidéo, mais pas seulement : la photographie est également représentée, sans oublier le son. Si, par définition, la Maison de l’image est plus axée sur une dimension visuelle, Cap Berriat prépare pour sa part des ateliers dédiés à la création de podcasts.
Du matériel et des outils de créations média
Dans les deux cas, les structures proposent du matériel et un accompagnement pour aider des personnes à réaliser leurs projets de création.
La Maison de l’image propose ainsi des logiciels de montage sur ordinateur, du matériel vidéo à emprunter, de même qu’un fond vert (pour des incrustations de fond). Mais aussi un laboratoire photo où faire des tirages en argentique… en attendant un véritable plateau télé mobile doté d’une régie pour réaliser des émissions en extérieur.
De son côté, Cap Berriat prête des smartphones permettant de réaliser de la vidéo, avec tous les outils pratiques nécessaires, tels que stabilisateur ou trépied. Du matériel plus professionnel peut également être mis à disposition, mais uniquement sur rendez-vous et avec un accompagnement.
Sans financements publics, le Mouton électrique fait en effet avec les moyens du bord, étant seulement soutenu par des associations hébergées par Cap Berriat, dont Les Ateliers de la rétine ou Shaolin Shadow.
S’inscrire dans la vie citoyenne et associative
La question pédagogique est toujours posée. « À la Maison de l’image, notre premier objectif est de faire de l’éducation à l’image, d’avoir un regard critique dessus », rappelle Théo Michel-Bechet.
Son idée ? Créer de l’image apprend aussi à prendre du recul. « Si l’on passe une journée à faire une interview, on va comprendre quelle posture prendre, se rendre compte qu’avec un montage on peut faire dire tout et n’importe quoi à une personne », explique-t-il.
Un aspect pédagogique d’autant plus nécessaire, estime Théo Michel-Bechet, que le quartier Villeneuve souffre d’une image médiatique très négative. Le medialab de la Maison de l’image veut ainsi s’inscrire dans la vie citoyenne et associative du quartier, tout en demeurant ouvert aux autres.
Un premier exemple de réalisation ? C’est avec son aide qu’une élève du lycée Mounier a tourné un clip dénonçant l’agression dont a été victime un professeur de l’établissement.
Cap Berriat souhaite, de son côté, permettre aux associations qu’elle héberge de pouvoir perfectionner leur communication. « Les personnes sont parfois un peu démunies face aux nouveaux médias, et la communication n’est pas quelque chose qui s’improvise », estime Samantha Florentin, chargée des dynamiques collectives au sein de la pépinière. Là encore, le projet est ouvert au grand public, avec notamment des permanences les mercredis après-midi.
Les medialabs grenoblois jouent la complémentarité
Ces deux medialabs ne sont pas les seuls sur l’agglomération. Depuis 2016, la Casemate de Grenoble dispose elle aussi du même type d’équipement. À elles seules, les trois structures couvrent des zones très marquées de la ville : le territoire Villeneuve pour la Maison de l’image, le centre-ville et les quais pour le Casemate, et le grand quartier Saint-Bruno pour Cap Berriat. « On a chacun une identité particulière », confirme Théo Michel-Bechet.
Et pas question pour la Maison de l’image comme pour Cap Berriat de jouer la compétition. « Nous voulons voir dans chaque medialab quelles sont les complémentarités, plutôt que de travailler dans une logique de concurrence », affirme ainsi Samantha Florentin.
Même position à la Maison de l’image : « Il y a largement assez de monde sur Grenoble ! Il n’y a pas de concurrence, on va essayer de travailler ensemble », renchérit Théo Michel-Bechet.
Un projet en direction des jeunes est ainsi en cours de construction entre la Casemate, Cap Berriat et la Maison de l’image. « Nous sommes en train de travailler sur la mise en place d’un parcours utilisateur, qui permettrait de prendre en compte les compétences des jeunes et, en même temps, de les valider », détaille Samantha Florentin. Si les contours sont encore à définir, c’est donc un vrai réseau d’éducation aux médias qui se dessine sur Grenoble.