WEB-DOCUMENTAIRE – Épisode 5 – Faute de parvenir à atténuer le changement climatique, l’Homme n’a d’autre choix que de s’adapter. En 2050, à Grenoble, il devra notamment faire face à des étés de plus en plus chauds. Le nombre de jours consécutifs où la température ne descendra pas, de jour comme de nuit, en-dessous de 35 °C représentera ainsi la moitié des étés. Mais ce ne sont pas tant les impacts à court terme qui inquiètent les scientifiques que ceux à plus long terme…
Dans les Alpes, les glaciers fondent, les pics de chaleur s’intensifient et les précipitations font le grand écart entre épisodes de pluie intenses et sécheresses marquées.
Les trente prochaines années vont suivre la même tendance. Les projections réalisées dans la capitale du Dauphiné par le cabinet Tec, missionné par la Métropole de Grenoble ne sont guère réjouissantes.
Les canicules et épisodes de chaleur extrêmes * vont se multiplier. Le nombre de jours consécutifs où la température ne descend pas, de jour comme de nuit, en-dessous de 35 °C devrait passer de trois aujourd’hui à quarante-six en 2050. L’été 2003 deviendrait ainsi la norme, avec des températures qui augmenteraient de 1,4 à 2,7 °C et des précipitations en baisse de 6 à 10 %.
L’hiver, la hausse du thermomètre devrait osciller entre 1,5 °C et 3,5 °C, accompagnée d’une augmentation des précipitations de 9 à 14 % mais, surtout, de chutes de neige en baisse de 50 à 86 %.
Le cadre de vie grenoblois devrait être affecté par ces changements
Conséquence à la moitié du siècle ? Intensification de la chaleur en ville, risques d’inondation accrus, feux de forêts plus fréquents, prédit l’étude. « Le changement climatique va induire une augmentation généralisée des températures et des extrêmes ainsi qu’une plus grande variabilité des précipitations. Le cadre de vie grenoblois, la population ainsi que les ressources naturelles devraient être affectés sur le long terme par ces changements. »
D’autant que les efforts engagés de 2005 à 2015, s’ils ont atteint leurs objectifs, ne sont pas suffisants. Grenoble fait d’ailleurs partie des quatorze zones mises à l’amende par la Commission européenne pour ses dépassements chroniques de polluants atmosphériques.
La Métropole visait une baisse de 14 % des émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2014 ? Elle a certes été de 23 % mais « la baisse reste encore insuffisante dans le secteur des transports », pointe la Métro. La barre est désormais haut placée : la baisse doit atteindre 35 % en 2020 puis 50 % en 2030.
Des efforts insuffisants dans le transport et le chauffage au bois
L’objectif de baisser de 14 % la consommation d’énergie a été également atteint mais cette diminution repose essentiellement sur le secteur industriel. Du côté de la pollution issue du trafic routier, les objectifs sont légèrement dépassés : baisse des particules fines de 27 % (pour un objectif de 24 %) et du dioxyde d’azote de 48 % (pour un objectif de 47 %). Mais les efforts n’ont pas été suffisants dans les secteurs du transport et du chauffage au bois.
Même topo du côté de la la production d’énergie renouvelable. Celle-ci atteint 16,3 % – pour un objectif de 14 % – mais cette production repose en grande partie sur l’hydroélectricité et la biomasse dans les centrales de production des réseaux de chaleur. « Pour atteindre les objectifs 2020 et 2030 (20 % et 30 %), toutes les filières devront être développées, que ce soit biomasse, le solaire thermique et photovoltaïque, la géothermie ou le biogaz. »
« Il se peut que l’enchaînement des événements ne soit plus contrôlable ».
Le plus dur reste donc à faire. En attendant, faute de pouvoir atténuer le changement climatique, l’Homme n’a d’autre choix que de s’adapter. Et d’encaisser. Car les effets à court terme sur la santé humaine ne sont rien par rapport aux impacts à plus long terme, alerte le professeur de physiologie Jean-François Toussaint.
Ce médecin a travaillé sur les impacts sanitaires de la stratégie d’adaptation au changement climatique. Un rapport auquel ont contribué dix-huit scientifiques et dont les conclusions sont alarmantes. « Si les températures de surface augmentent de 4 à 6 °C d’ici à la fin du siècle, souligne l’étude, il se peut que l’enchaînement des événements ne soit plus contrôlable ».
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Patricia Cerinsek
*Article mis à jour le 6 mai 2019 : les