REPORTAGE VIDÉO – Ce samedi 9 février a été marqué par la treizième mobilisation des gilets jaunes de l’agglomération grenobloise. Entre trois et quatre cents personnes ont défilé dans le calme et sans heurts dans les rues de Grenoble. Le mot d’ordre ? L’opposition à la loi anti-casseur récemment votée par l’Assemblée nationale. Le tout avant que ne se déroule, ce dimanche 10 février, la première réunion de leur propre grand débat.
C’est une nouvelle fois au pied de la tour Perret que trois à quatre cents gilets jaunes se sont rassemblés à l’occasion de l’acte XIII du mouvement, ce samedi 9 février à Grenoble.
Une énième manifestation pour occuper le terrain, à travers laquelle les gilets jaunes les plus tenaces ont tenu à marquer le coup.
Les gilets jaunes organisent leur propre grand débat
À chaque semaine, son mot d’ordre. Ce samedi, les gilets jaunes entendaient ainsi faire valoir leur opposition à la loi anti-casseurs, votée ce mardi 5 février par l’Assemblée nationale. Un texte qui n’a, par ailleurs, pas fait consensus parmi les députés de la majorité, cinquante d’entre eux s’étant abstenus.
Dans la foulée de la manifestation, les gilets jaunes ont également organisé leur propre grand débat, ce dimanche 10 février. À cet effet, une cinquantaine de personnes ont investi la Maison des habitants du centre-ville, située rue du Vieux Temple. Les thèmes abordés ? Ceux de la démocratie et de la citoyenneté et de la fiscalité.
Retour sur quelques séquences captées lors de ces deux journées du treizième acte du mouvement citoyen.
« Il faut que nous trouvions de nouveaux modes d’action »
Depuis le lancement du grand débat national, les semaines se suivent et ne se ressemblent plus à Grenoble. De fait, les grands rassemblements locaux semblent avoir pris un peu de plomb dans l’aile. Ne serait-ce que du fait de la concurrence de rassemblements régionaux, à Lyon ou à Valence. Mais aussi peut-être d’une certaine forme de lassitude…
Toujours est-il que les rangs se dégarnissent sensiblement et les constats fusent sur les groupes de discussion.
Si la plupart des gilets jaunes affirment ne pas vouloir lâcher la lutte, beaucoup s’interrogent sur de meilleures méthodes qui permettraient de faire aboutir les revendications.
« Il faut que nous trouvions de nouveaux modes d’action, se montrer et agir plutôt que [de faire] les marches que nous faisons actuellement », reconnaît Julien Terrier. Pour le porte-parole des gilets jaunes de l’agglomération grenobloise, il faut savoir tourner la page, ne pas faire la marche de trop.
« C’est bien, nous avons jeté un gros pavé dans la mare […], mais maintenant il nous faut agir efficacement », déclare-t-il. Un exemple ? Une action est notamment envisagée sur Lactalis dont les eaux usées polluent l’Isère. « Nous allons mettre le doigt là-dessus, le médiatiser et essayer de trouver une solution. C’est vers ce type d’actions que nous allons nous diriger désormais », annonce Julien Terrier.
Une association pour des actions différentes de celles des gilets jaunes
Parallèlement, d’autres projets émergent, dont celui de jardins partagés. Le projet des gilets jaunes pour l’heure le plus avancé que Julien Terrier a évoqué sur Place Gre’net. « Nous commençons à en parler avec la mairie. Il y a deux terrains possibles mais c’est un gros travail de mise en place », nous explique Julien Terrier. L’idée de se constituer en association poursuit également son bonhomme de chemin.
« Nous n’allons pas la nommer en utilisant les mots gilets jaunes car nous ne les représentons pas tous. Nous allons constituer cette association selon notre vision des choses », assure le leader grenoblois. Comment cette structure pourrait-elle aider le mouvement ? Que doit-elle mettre en avant ?
Autant de questions et de réflexions en cours. « On va essayer de se battre activement via cette association. Et ce en menant des actions différentes de celles menées avec les gilets jaunes notamment avec les marches », expose Julien Terrier.
Enfin, toujours dans les cartons, un projet de référendum d’initiative citoyenne (Ric) au niveau isérois. « Nous attendons la fin de ce grand débat et les principales idées qui en ressortiront pour les soumettre à un sondage ». Le tout, espère Julien Terrier, « avec la participation des mairies ». Les maisons communales seraient ainsi mises à contribution en vue de fournir des urnes « pour faire un vrai scrutin avec de vrais résultats ».
« Je ne voulais pas qu’on nous reproche de n’avoir pas joué le jeu »
Pour en revenir au grand débat, Julien Terrier n’est pas partisan d’une posture de déni. « Je suis allé à celui organisé par Émilie Chalas. Je suis intervenu dans le cadre du thème de la citoyenneté pour mette en avant le Ric », raconte-t-il.
De la même manière, ce dernier va également se rendre à celui de Jean-Charles Colas-Roy à Eybens le 22 février. Pour autant, difficile de participer à toutes les réunions programmées ici et là. D’autres s’en chargent et font des compte-rendus.
Pourquoi Julien Terrier, gilet jaune, participe-t-il à cette consultation hors normes du gouvernement pourtant particulièrement décriée lors de son annonce ? « Nous doutons effectivement de son résultat et de la transparence de sa synthèse. Mais je ne voulais pas qu’on nous reproche de n’avoir pas joué le jeu alors que nous demandons le dialogue depuis le début », explique Julien Terrier.
Joël Kermabon