EN BREF – Le juge des référés a confirmé la fermeture administrative, pour six mois, de la mosquée Al-Kwathar à Grenoble. L’association musulmane dauphinoise gestionnaire du lieu de culte avait saisi la justice après la décision du préfet d’ordonner une telle mesure. En cause, les prêches radicaux de son imam et, notamment, des propos justifiant le « djihad armé ».
Le tribunal administratif de Grenoble a rejeté la demande de l’association musulmane dauphinoise, gestionnaire de la mosquée Al-Kwathar à Grenoble, de suspendre la décision du préfet de l’Isère. Le 5 février, le représentant de l’État avait en effet ordonné la fermeture pour six mois du lieu de culte après les prêches radicaux de son imam.
En cause ? « La tenue au cours de prêches, de propos de nature à provoquer la violence, la haine ou la discrimination contre les fidèles des autres cultes et constituant le terreau d’actions terroristes, ainsi que la fréquentation du lieu par des individus radicalisés adeptes du djihad armé », enfonce le juge des référés dans son délibéré.
Une vingtaine d’individus radicalisés fréquentent ou ont fréquenté la mosquée
Dans son mémoire de défense, le préfet du département est revenu sur les « références religieuses qualifiées de radicales » extraites de prêches depuis 2011 et jusqu’à une période récente de l’imam. Des prêches mis en ligne « comportant de nombreux passages incitant à la haine et à la violence entre les chrétiens et les juifs, légitimant la discrimination et la charia, et justifiant le djihad armé ».
L’imam n’est pas seul en cause. Une vingtaine d’individus radicalisés fréquentent ou ont fréquenté la mosquée Al-Kwathar située rue des Trembles, dans le quartier de La Villeneuve à Grenoble. Certains ont déjà été interpellés et parfois condamnés pour des faits d’apologie du terrorisme.
Depuis, l’imam a été révoqué et l’association a mis en place un système vidéo.
Le tribunal a jugé que cette fermeture ne portait pas atteinte au droit de culte et de réunion
Pour appuyer sa demande de suspendre la décision du préfet de l’Isère, l’association a expliqué que celle-ci pénalisait des centaines de fidèles et constituait ainsi une « atteinte grave et manifestement illégale au droit de culte et de réunion » alors que « les mosquées environnantes sont dans l’impossibilité d’accueillir le flux des fidèles ».
Mais pour le tribunal, « quelle que soit la responsabilité de l’association, ou l’intensité du rôle social joué par ce lieu de culte, et alors qu’il existe dans l’agglomération d’autres lieux où les fidèles peuvent se rendre, il n’apparaît pas en l’état de l’instruction que le préfet de l’Isère aurait […] porté une atteinte à la fois grave et manifestement illégale à la liberté de culte ni à celle de réunion ».
Le préfet a également ordonné le gel pour six mois des avoirs de l’imam et de l’association gestionnaire, dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme. Décision qui n’a pas fait l’objet de recours en référé de la part de l’association.
PC