FOCUS – Banni fin 2014 des mobiliers urbains de la Ville par le maire écologiste de Grenoble, l’afficheur JCDecaux vient de re-signer un contrat avec le SMTC. Il pourra ainsi continuer à apposer ses publicités sur les abribus jusqu’en 2031, moyennant quelques restrictions toutefois. Rétropédalage ? La convention passée avec JCDecaux permet surtout au syndicat mixte des transports en commun, dans le rouge, d’engranger 500 000 euros de redevances par an.
(À moitié) sorti par la porte, l’afficheur JCDecaux revient par la fenêtre. Fin 2014, la Ville de Grenoble n’avait pas renouvelé son contrat avec l’afficheur, supprimant ainsi 326 panneaux de l’espace public.
L’occasion de s’octroyer accessoirement un petit coup de projecteur en se présentant comme la première ville européenne à « libérer l’espace public ». Un coup politique mais aussi un pari financier, la Ville de Grenoble s’étant privée de plusieurs centaines de milliers d’euros de redevances par an*.
Quatre ans plus tard, le syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise (SMTC) de la même majorité politique fait un autre choix. Seul candidat en lice, JCDecaux a décroché un nouveau contrat. Un marché, conclu sur douze ans soit jusqu’en 2031, de mise à disposition mais aussi de maintenance et d’exploitation commerciale de mobiliers urbains publicitaires ou non destinés à la mobilité. Soit les abribus, les abris de tramway, de parking-relais et de covoiturage.
La moitié des espaces publicitaires réservée aux commerçants locaux
La convention avec l’afficheur, votée à l’unanimité du conseil syndical, a par ailleurs fait l’objet d’un certain nombre de négociations. Ainsi donc, le SMTC a‑t-il obtenu l’introduction du… bois local dans ses abris. Du mélèze des Alpes, en fait.
Il a aussi obtenu que l’entretien du mobilier, une fois par semaine, soit fait avec de… l’eau de pluie. Ou encore que soient démontées 280 faces publicitaires. « Soit l’équivalent de la réduction de la publicité par la Ville de Grenoble en 2015 », a rappelé Yann Mongaburu, le président du SMTC. L’éclairage va également être revu à la baisse puisque celui-ci sera diminué une première fois à partir de 18 heures, puis une seconde fois dès 22 heures. Soit une économie de 68 % sur la consommation électrique.
Quatre-vingt dix écrans seront destinés à la seule information sur les mobilités. Quant aux espaces publicitaires proprement dits, ils seront réservés, pour la moitié d’entre eux, aux commerçants locaux.
« L’aspect financier arrive à supplanter les dogmes »
Application du principe de réalité ? Lors du conseil syndical du SMTC, Michel Octru de l’opposition de droite s’est ironiquement félicité que « l’aspect financier arrive à supplanter les dogmes ». De fait, le syndicat engrangera près de 500 000 euros de recettes par an.
Si l’opposition y a vu un (heureux) rétropédalage, la majorité souligne sa capacité à s’adapter faute de pouvoir, au vu des capacités financières du SMTC, reprendre le marché en gestion directe. Pour Alan Confesson de la majorité, contractualiser avec Decaux, c’est donc « la situation la plus satisfaisante possible […] Pas la solution idéale du point de vue des dogmes mais de temps en temps, il faut se contenter de progrès par rapport à l’objectif idéal que l’on souhaite atteindre. »
Un pis-aller ? Pour Yann Mongaburu, l’objectif est tenu : à savoir supprimer toutes les publicités en dehors des abris « pour ne pas polluer l’espace public ».
Pas d’écrans animés non plus, « mauvais pour les enfants » et un contrat qui comprend la maintenance du matériel. Ainsi, les dégradations ne seront plus à la charge du syndicat.
Le contrat promet aussi le retrait des stickers et autres graffitis dans un délai maximum d’une heure. Il intègre également la mise en place de poubelles et cendriers, d’assises extérieures, de ports USB et d’écrans tactiles dédiés aux mobilités.
Le SMTC a‑t-il trouvé « le bon équilibre », comme s’en félicitait Francie Mégevand, conseillère appartenant à la majorité ? « Il va surtout falloir arrêter de faire des promesses inconsidérées, a rebondi la socialiste Amandine Germain, et de brandir des dogmes à chaque campagne électorale ! »
Patricia Cerinsek
* De 2004 à 2014, la Ville de Grenoble avait encaissé 6 millions d’euros de redevances.