REPORTAGE – Une trentaine d’étudiants accompagnés de gilets jaunes ont occupé, ce lundi 28 janvier aux alentours de midi, le bâtiment de la présidence de l’Université Grenoble-Alpes. Ils demandaient à Patrick Lévy, son président, de se positionner plus clairement par rapport à la mesure du gouvernement qui prévoit la hausse des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens à la rentrée 2019.
Étudiants et gilets jaunes ont envahi les locaux de la présidence de l’Université Grenoble-Alpes (UGA), lundi. Cela faisait longtemps… La dernière occupation de ce type remontait en effet au 3 avril 2018. Avait suivi un mouvement de contestation avec force blocages et occupations sur tout le campus.
Pas de doute : certains des étudiants venus exprimer, ce lundi, leur désaccord avec la politique de l’université rêvent d’un printemps 2019 similaire. Ils viennent d’ailleurs demander au président de l’UGA Patrick Lévy de leur « laisser le moyen d’organiser la lutte ».
Les raisons de la gronde des étudiants et gilets jaunes, venus envahir le bâtiment de la présidence ? L’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens à partir de la rentrée scolaire prochaine.
Actuellement de 170 euros en licence, 243 euros en master et 380 euros en doctorat, ces frais passeraient à 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat. Une augmentation destinée à favoriser l’attractivité des universités françaises selon le gouvernement. Une mesure tout simplement discriminatoire pour ses opposants.
L’UGA exonérera les étudiants extra-européens à la rentrée
Depuis l’annonce de la mesure en novembre, treize universités se sont positionnées contre : Clermont-Auvergne, Aix-Marseille, Toulouse Jean-Jaurès, Lyon-II, Nanterre, Rennes-II, Angers, Le Mans, Tours, Rennes‑I, Caen, Rouen et Strasbourg. Quant à la conférence des présidents d’université (CPU), elle a, de son côté, demandé au gouvernement de suspendre la mesure.
Une démarche du reste saluée par l’Université Grenoble-Alpes. Celle-ci a ainsi récemment fait savoir par voie de communiqué qu’elle soutenait « la demande de la CPU de suspension de la mesure et l’engagement d’une concertation globale ».
L’université grenobloise s’est même engagée à « faire bénéficier de l’exonération de la hausse des frais d’inscription tous ceux qui en exprimer[aie]nt le besoin ». Une position qui semble aller dans le sens des étudiants venus manifester ce lundi. Dès lors, comment expliquer cette occupation surprise ?
« C’est bien que Patrick Lévy ait fait ces annonces, concède Antonin, militant au NPA jeunes. Mais il faut les tenir et, financièrement, c’est impossible. L’année prochaine, les étudiants seront peut-être exonérés mais rien ne garantit que ce sera le cas dans deux ans et sur le long terme. » Et le militant d’exiger « une réponse plus claire ».
De l’avis de la direction de l’université, les réponses apportées par Patrick Lévy sont pourtant on ne peut plus claires. Et les étudiants le reconnaissent, ses déclarations « vont plutôt dans le bon sens ». Mais l’exonération constitue, selon eux, un contournement du problème. Les étudiants devront en faire la demande. Or « ils ne seront peut-être pas au courant que leur université propose cette exonération et la mesure du gouvernement sera tout de même décourageante », prédit Antonin.
Patrick Levy « ouvert au dialogue »
Installés dans la présidence, les étudiants contestataires ont finalement pu discuter avec Patrick Lévy en dehors du bâtiment. Un échange qui s’est avéré plutôt mouvementé. Les gilets jaunes « ont fait tampon entre le président et certains étudiants très remontés », témoigne ainsi Ethlin, membre du syndicat Solidaires étudiant.e.s.
Parmi les revendications : « une salle pour organiser la lutte » ainsi que l’assurance de la non-intervention policière durant celle-ci (contrairement aux interventions répétées des forces de l’ordre sur le campus au printemps dernier).
Si le président n’a pas apporté de réponses concrètes ce jour-là, il s’est dit « ouvert au dialogue » et prêt à venir en assemblée générale étudiante.
Étudiants et gilets jaunes sont ensuite allés s’installer sur un rond point du campus où ils ont dressé des banderoles. Un moyen de se rendre visibles et de diffuser leurs revendications. Avant un printemps 2019 à nouveau marqué par un mouvement de contestation sur le campus ? En tout cas, et contrairement à l’année dernière, l’université et les manifestants ne partent pas sur un désaccord.
Jules Peyron