FOCUS – Le préfet de l’Isère visitait, mercredi 9 janvier, le centre d’hébergement d’urgence hivernal d’Échirolles. Une visite d’une demi-heure menée tambour battant. L’occasion pour la préfecture de rappeler les chiffres du dispositif d’hébergement hivernal 2018 – 2019. Et de vanter au passage les moyens humains et financiers mis en œuvre.
Visite préfectorale pour le moins express, mercredi 9 janvier. Le préfet de l’Isère Lionel Beffre s’est rendu à 16 h 30 au centre d’hébergement d’urgence Comboire d’Échirolles, avant d’en repartir à 17 heures pile. L’objectif ? Aller à la rencontre des personnes hébergées et de l’association Entraide Pierre Valdo. Mais aussi présenter, de nouveau, le dispositif d’hébergement d’urgence hivernal du département pour l’hiver 2018 – 2019.
Lionel Beffre au centre d’hébergement d’urgence hivernal Comboire. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Le centre d’hébergement, rue Comboire, est plutôt discret. À proximité de la grande zone commerciale, ce local qui jouxte le magasin Stokomani compte des chambres communes, des sanitaires et une cuisine. Mais aussi dans l’arrière-cour d’autres logements, au sein de cabines individuelles Algeco. Exclusivement familial, le centre héberge cinquante personnes, dont plus de la moitié d’enfants.
Des familles en grande précarité
« On accueille des personnes dans des situations particulièrement vulnérables pour les mettre à l’abri », résume Rachel Abderraouf, chef de service au sein de l’association Entraide Pierre Valdo.
Installée en Isère depuis un an, cette dernière gère le centre Comboire, en convention avec les services préfectoraux. Mais également un centre d’accueil et d’évaluation des situations (CAES) de demandeurs d’asile, situé pour sa part dans Grenoble.
Dirigées par le 115, les familles accueillies dans le centre proviennent de régions très diverses. Certaines d’Afrique francophone, d’autres des Balkans… De quoi parfois rendre compliquée la cohabitation ? Au contraire, affirme Rachel Abderraouf. « Les personnes sont dans la solidarité, l’entraide. Elles sont dans des situations précaires difficiles et s’arrangent pour s’aider ! »
« S’il y a un problème, appelez-moi ! »
L’association compte dans ses rangs trois travailleurs sociaux et six agents de sécurité, qui assurent une présence humaine constante. Quand bien même, assure la chef de service, le caractère familial du centre n’entraîne aucun problème de sécurité.
Les difficultés sont d’un autre ordre : cuisiner, s’occuper de son linge… Compliqué, par exemple, pour un couple comme Roberto et Parquisa, venus de Serbie avec quatre enfants en bas âge. Non francophones, ils échangent ainsi en italien avec Rachel Abderraouf.
Roberto et Parquisa prennent la pose devant l’entrée du centre d’hébergement. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Les histoires, les parcours ? Difficile de recueillir des témoignages de personnes hébergées. Accueillantes et souriantes, elles ne parlent souvent pas un mot de français et, lorsque c’est le cas, ne souhaitent pas s’exprimer. Une chose est sure, la précarité des situations est flagrante. Et lorsque le préfet conclut sa visite en lançant aux travailleurs sociaux « S’il y a un problème, appelez-moi ! », ces derniers ne peuvent s’empêcher de sourire. « Des problèmes, il y en a tous les jours », lui répond ainsi le directeur général de l’association, Zaïr Sid-Ali.
550 places d’hébergement supplémentaires pour l’hiver
Le dispositif d’hébergement d’urgence hivernal inclut au total l’ouverture de 550 places, en plus des 1 300 accessibles toute l’année, indiquent les services de l’État. Des places réparties sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise, de Grenoble à Pont-de-Claix en passant par Fontaine, Échirolles, Seyssins ou Voreppe.
La préfecture ne manque par ailleurs pas d’insister sur les moyens humains comme financiers qu’implique l’ouverture de ces places supplémentaires. En Isère, sur les 28 millions d’euros consacrés par l’État aux dispositifs de veille sociale et de logement, 8,5 concernent en effet l’hébergement d’urgence. Le tout en lien avec le 115 de concert avec des associations comme le Samu social, le Secours catholique, ainsi que le CCAS ou la Banque alimentaire.
Autant de places et de moyens mobilisés pour répondre à l’objectif « zéro personne à la rue » fixé par le gouvernement, estime la préfecture. Chaque année, des associations comme le Dal (Droit au logement) dénoncent pourtant des moyens insuffisants. La Nuit de la solidarité, organisée par la Métro et l’association Un toit pour tous, permettra peut-être de dresser un état des lieux réel du nombre de personnes à la rue dans l’agglomération grenobloise.