Suite à la parution, le 7 décembre 2018, de notre article intitulé « Solidaires Isère, dans de nouveaux locaux de la Ville de Grenoble, ne se sent pas “redevable” » , Maud Tavel, adjointe en charge du personnel, de l’administration générale, des contentieux et du patrimoine municipal, nous a fait parvenir un « droit de réponse ». Nous le reproduisons ci-dessous in extenso.
Votre article cite des propos qui sont factuellement infondés et, faute de demande du point de vue de la mairie formulée de votre part auprès des élus en charge du dossier, induit in fine en erreur vos lecteurs sur le traitement de ce dossier, qui mérite d’être replacé dans son contexte pour comprendre la situation :
La Ville de Grenoble supporte seule depuis 2001 les frais d’hébergement de l’union syndicale Solidaires Isère, union dont le champ d’action est départemental. À ce titre, les frais devraient être supportés, au titre du soutien au dialogue social comme cela se fait couramment, par toutes les collectivités locales concernées (le Département, la Métropole et la Ville). Or Solidaires Isère n’a pas envoyé de demande de subventions au Département ni à la Métropole, ce qui interroge quelque peu… Faut-il y voir des « arrière-pensées politiques » ?
Il y a, dans ce pays, une logique historique de regroupement des syndicats dans les bourses du travail. Mais à Grenoble, Solidaires Isère a refusé cette démarche, invoquant « l’atteinte au syndicalisme » dès qu’était évoquée cette hypothèse.
La Ville avait l’occasion de concrétiser une activité économique (créatrice d’emplois au bénéfice de travailleurs handicapés) dans la zone d’activités des Trembles où était logée Solidaires, une ZA se justifiant par le développement d’activités économiques. Donc il n’y a là aucune « arrière-pensée politique », contrairement à ce qui est écrit, mais une opération logique et cohérente avec l’effort fait depuis 2014 pour rationaliser le patrimoine immobilier de la Ville.
Une recherche de relogement a été faite par les services en tenant compte des multiples souhaits de Solidaires Isère. Après qu’un local important ait été refusé au cœur du quartier de la Villeneuve, Solidaires Isère a fini par accepter un relogement à Malherbe, dans trois ex-appartements d’instituteurs. Ce faisant, ce syndicat a choisi de rendre impossible le logement dans ces appartements de personnes en grande précarité, réfugiés… comme cela était envisagé (et leur a été dit).
Le coût des « différents travaux » évoqués mérite d’être connu des Grenoblois car il démontre à quel point la Ville est loin d’exercer des « pressions, agissements et contournements » mais tient à favoriser l’exercice des libertés syndicales : 200 000 euros (déménagement compris). Il n’y a bien sûr aucune demande d’être « redevable » de cet engagement politique qui fait partie des valeurs de notre majorité. On peut juste regretter le manque élémentaire de courtoisie qui conduit un syndicat à inaugurer ses locaux sans inviter la Ville qui les lui fournit.
Vous présentez de façon très partielle et partiale le conflit sur la cuisine centrale*. Le litige avec Solidaires ne portait pas sur l’exercice du droit de grève mais sur des faits graves : le blocage illégal des entrées du site, conduit par une faible minorité d’agents avec des renforts de militants extérieurs. Et ce alors même que le dialogue social était engagé. Cela a conduit à un gâchis et à une détérioration inacceptable du service public, en privant brutalement 10 000 enfants de repas impossibles à livrer.
Nous ne lions pas la question des locaux fournis à une union départementale et celle des positions du syndicat Sud de la Ville de Grenoble. Mais force est de constater que ces positions ne sont manifestement pas appréciées par les agents de la Ville puisqu’aux dernières élections professionnelles, la liste Sud-CNT a fait 12 % des voix, soit 3 % de moins qu’en 2014 pour le seul syndicat Sud. Avec un taux de vote (hélas très bas) de 36 %, cela signifie que moins de 5 % des agents de la Ville partagent les positions de ce syndicat.
Enfin, alors que le pays est déchiré par la politique antisociale et inégalitaire du pouvoir, il est consternant de voir ce syndicat passer une telle énergie à critiquer la seule ville de la région qui héberge une union départementale Solidaires. Il y a sans doute d’autres motifs que « la défense des intérêts matériels et moraux des salariés » dans ce comportement…
Maud Tavel, adjointe de Grenoble en charge du personnel, de l’administration générale, des contentieux et du patrimoine municipal.
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* En l’occurrence, un segment de phrase de moins de dix mots : « lorsque le syndicat a soutenu la grève de la cuisine centrale », renvoyant vers un article évoquant plus longuement le mouvement, avec mention de la réaction de la Ville.