FOCUS – Droit au logement 38 tire la sonnette d’alarme face à la forte abstention aux élections des représentants des locataires HLM. Le taux de participation plafonne en effet à 20 % et descend même en Isère à… 9,9 %. Candidate pour la première fois à ces élections, l’association lance un appel au vote, tout en prêchant pour sa paroisse.
Alors que les élections des représentants des locataires en logements sociaux touchent à leur fin, Droit au logement 38 tire la sonnette d’alarme. Une fois encore, comme tous les quatre ans, le taux d’abstention atteint des sommets. Il ne s’agit pas d’une spécificité iséroise : la participation aux élections locatives atteint péniblement les 20 % au niveau national.
Les militants du Dal 38 espèrent motiver les locataires des logements sociaux à voter pour leurs représentants. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Nouveau candidat en Isère sur les listes des bailleurs Actis, SDH et Scic-Habitat, le Dal espère encore mobiliser les électeurs pour les deux premiers. Les élections Scic-Habitat se sont en effet conclues le 12 novembre dernier et ont été dépouillées le 22. Résultat ? Avec 25 % des voix, le Dal remporte un siège de représentant… mais le taux de participation n’excède pas les 9,9 %.
Une « élection honorable » avec peu de votants
« On ne va pas se mentir, moins il y a de gens qui votent, plus on monte dans les pourcentages », reconnaît Patricia Ospelt, membre du Dal 38. Pour preuve, aux élections de Scic-Habitat, la liste du collectif arrive deuxième, juste derrière l’historique CLCV et devant la non moins historique CSF. Le Dal prend ainsi une place à la CNL, qui ne siégera plus au sein du Plan de concertation locative de Scic-Habitat*.
Une victoire qui n’empêche en rien le Dal de déplorer un tel niveau d’abstention. Au contraire, les militants dénoncent, d’une part, la faible couverture médiatique de ces élections et, d’autre part, l’absence de communication extérieure des bailleurs quant à leur tenue.
« Les votes des gens sont pris en compte quelles que soient leurs origines, précise André Béranger, qui s’en félicite. Pas besoin d’avoir la carte d’identité française pour pouvoir voter ! » Pas besoin de carte d’identité… mais besoin de maîtriser la langue française, ce qui n’est pas toujours le cas des locataires de logements sociaux. Sans être complexes, les notices explicatives peuvent être alambiquées. Et les votes ne peuvent se faire que par voie postale ou Internet, avec parfois des bugs de connexion.
Le Dal espère réveiller les consciences
Est-ce à dire que les bailleurs ne font aucun effort ? Le Dal 38 ne va pas si loin. Ses militants reconnaissent qu’Actis a, par exemple, joué le jeu dans l’information aux locataires. Les bulletins ou documents de vote comportent des logos, en plus du nom des personnes et de leur structure d’appartenance. Ainsi, les listes de Droit au logement étaient-elles reconnaissables via la petite maison jaune qui constituent leur emblème.
Des militantes de Droit au logement réunies contre la « désaffection » face aux élections locatives. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Pour autant, Rdiha Sahiri, tête de liste du Dal pour Actis, estime que les bailleurs « font en permanence de la publicité pour les mêmes organismes ». À savoir la CSF, le CNL et le CLCV, présentés comme « des institutionnels réélus en permanence ». Indecosa, association liée à la CGT et récemment décriée par la CSF, ne trouve guère plus de grâce aux yeux du Dal : « Ils s’orientent plus sur les salariés, or il n’y a pas que des salariés dans les logements gérés par les bailleurs sociaux », rappelle le collectif.
Face à la « désaffection globale », Rdiha Sahiri voit la candidature de membres du Dal comme l’occasion de réveiller les consciences. « Il y a une offre nouvelle et différente. On parle de la réalité des problèmes des gens, ce qu’ils rencontrent dans leur quotidien. Comme le Dal est nouveau, il apporte des ouvertures nouvelles et une nouvelle façon de faire valoir les droits des locataires auprès des bailleurs », estime-t-elle.
Jusqu’au 11 ou 12 décembre pour voter
Si le Dal est plus connu pour défendre les droits des sans-logis ou des mal-logés, à l’image des occupants de l’immeuble du 6 rue Jay de Grenoble, Patricia Ospelt n’y voit aucune contradiction : « Tous les locataires HLM peuvent être concernés par la vétusté de leur habitat, ou, à terme, par une éventuelle expulsion. » Le chemin peut aussi se faire en sens inverse : le migrant “squatteur” d’aujourd’hui peut devenir un locataire HLM demain.
Le collectif espère encore pouvoir obtenir des places auprès des bailleurs sociaux pour mener des actions déjà existantes. Comme, par exemple, obtenir des documents qu’il dit demander en vain concernant les démolitions dans les quartiers Arlequin, Villeneuve ou autres. Ou réclamer la mise en place de nouveaux prêts locatifs aidés d’intégration (PLAI) pour des logements réservés aux personnes en très grande précarité.
Autres structures candidates pour la SDH comme pour Actis : la CLCV, Indecosa CGT, la CNL, la CSF et la Confédération générale du logement (CGL). Le temps presse, puisque les locataires d’Actis ont jusqu’au 11 décembre pour faire valoir leurs voix, et ceux de la SDH jusqu’au 12 décembre.
Florent Mathieu
* Respectivement : Consommation logement cadre de vie, Confédération nationale du logement et Confédération syndicale des familles.