FIL INFO – Dans un communiqué, le maire écologiste de Grenoble s’insurge de voir la participation d’une élue d’extrême-droite, députée européenne de Grenoble, au centenaire du 11-Novembre. Une « torsion du protocole républicain » pour Eric Piolle, « polémique », rétorquent les députés LRM de l’Isère.
Les représentants élus de l’extrême-droite doivent-ils prendre part aux commémorations du centenaire du 11-Novembre ?
C’est le sens du message qu’a voulu faire passer le maire de Grenoble en s’insurgeant de voir les députés de l’Isère obtenir du préfet de participer à cette commémoration.
« Au moment où le président de la République dérapait lourdement en saluant les qualités militaires de Philippe Pétain, pourtant frappé d’indignité nationale, les députés de La République en marche des circonscriptions de Grenoble faisaient pression avec insistance sur la préfecture de l’Isère afin qu’elle leur octroie le privilège, inédit à Grenoble, de déposer des gerbes lors des commémorations nationales du centenaire de l’Armistice », s’indigne Eric Piolle dans un communiqué.
Le problème pour le maire écologiste de Grenoble ? La décision, initiée par les députés LREM de l’Isère Émilie Chalas, Olivier Véran et Jean-Charles Colas-Roy, ouvre la porte aux représentants de l’extrême-droite. Et notamment à Mireille d’Ornano, députée européenne Les Patriotes (ex-Rassemblement national-Front national).
Une « torsion du protocole républicain » pour Eric Piolle
« Cette torsion du protocole républicain a pour odieuse conséquence de faire sauter un garde-fou : pour la première fois à Grenoble, l’extrême-droite sera mise à l’honneur lors des cérémonies en déposant elle aussi une gerbe », souligne Eric Piolle dénonçant « le cynisme et l’irresponsabilité du mouvement La République en marche qui, du chef de l’État jusqu’aux députés, est prêt à brader les valeurs de la République ».
Dans la Constitution, rien n’interdit aux parlementaires de participer à de telles cérémonies, quand bien même le maire est responsable du déroulement des cérémonies publiques sur sa commune. Dans l’ordre protocolaire, les députés et sénateurs arrivent même en seconde position, après le préfet, et bien avant le maire…
Émilie Chalas converse avec Catherine Kamowski. En retrait : Olivier Véran. © Joël Kermabon – Place Gre’net
« Aucune règle du protocole républicain n’interdit aux parlementaires de déposer une gerbe de fleurs lors des cérémonies à condition que celle-ci ne mentionne le nom d’aucun parti politique », répond le préfet de l’Isère, Lionel Beffre, qui souligne de son côté n’avoir « jamais fait l’objet d’aucune pression, notamment au bénéfice de l’extrême-droite contrairement à ce qu’assène le maire de Grenoble dans un raccourci fallacieux ».
Pour l’ensemble des députés LREM de l’Isère auquel s’est joint le sénateur LREM Didier Rambaud, le maire de Grenoble ne fait que polémiquer. « Le combat contre les extrêmes ne se déroule ni à l’occasion d’une commémoration, ni autour d’une gerbe de fleurs ; mais dans les valeurs que nous portons de liberté, d’égalité et de fraternité, dans nos ambitions politiques au service des citoyens, soulignent-ils dans un communiqué. A défaut, le résultat pourrait être, comme on l’observe ailleurs, l’union sacrée des deux extrêmes ».
PC