FIL INFO — L’appel national au blocage des routes le 17 novembre pour protester contre la hausse des prix du carburant concerne également Grenoble, avec trois points de rassemblement d’ores et déjà annoncés. Mais le mouvement, soutenu par le Rassemblement national et Debout la France, suscite autant d’adhésion que de rejet.
La hausse du prix du carburant, la « goutte d’eau » qui fait déborder le jerrycan ? C’est ainsi que le présente Julien Terrier, porte-parole isérois du mouvement national de blocage prévu pour le samedi 17 novembre, à nos confrères du Dauphiné libéré. Un mouvement, né d’une pétition pour la baisse du prix du carburant, tout autant applaudi que décrié. Nombre de militants voient en effet la main de l’extrême droite derrière cette initiative “citoyenne”.
Objectif du mouvement ? Se munir de gilets jaunes reconnaissables et bloquer les routes des villes pour entraver la circulation. À Grenoble, selon les informations circulant sur les réseaux sociaux, trois points de rassemblement sont déjà organisés, tous trois à 8 heures : devant les magasins Carrefour de Meylan et de Saint-Égrève, et devant l’espace Comboire de Grenoble. La carte des blocages indique également des rassemblements dans le Nord-Isère (sans plus de précisions) ainsi qu’à La Mure.
Un mouvement fascisant… ou citoyen ?
Organisées pour décider collectivement du mode d’action, des réunions ont, semble-t-il, d’ores et déjà permis aux forces de l’ordre d’identifier les “meneurs” du blocage en Isère. « Ça y est, je suis contacté par l’hôtel de police de Grenoble… Pour le moment, le contact est plutôt bon à part un petit rappel sur la responsabilité des porte-parole », écrit ainsi sur Facebook l’une des personnes présentes, en relayant la vidéo du Dauphiné libéré.
Témoignage inattendu, une figure de Solidaires étudiants Grenoble était présent à l’une des rencontres. « Il y a dans ce mouvement un gros potentiel car il réunit des gens qui se heurtent à une baisse de leur pouvoir d’achat : rien de fascisant dans ce que j’ai vu », écrit le militant, sans préjuger de l’ambiance dans les autres villes. Avant d’appeler les « militant-e‑s syndicalistes et de la gauche » à se renseigner sur l’opération plutôt que de relayer les messages la dénonçant.
La CGT dit comprendre mais n’adhère pas
Si le mouvement apparaît difficilement identifiable et suscite une hostilité parfois de principe, il n’en demeure pas moins que les deux seuls partis à le soutenir officiellement sont le Rassemblement national (ex-FN) et Debout la France. Et que certains visuels en sa faveur affichent une “couleur” politique qui vire rapidement au brun. Tel un dessin de inénarrable site d’inspiration nazie Démocratie participative appelant à lutter contre « le racket judéo-bolchévique », dénoncé par le conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani sur son compte Facebook.
La CGT Isère semble d’ailleurs partagée. Dans un communiqué émis le 7 novembre, le syndicat dit comprendre « la colère et les angoisses » face à une augmentation du coût du carburant pénalisant les plus pauvres. Mais se refuse pour autant à rejoindre un mouvement qu’il juge « opéré par des organisations ou des individus issus de la sphère patronale et de l’extrême droite ». En visant notamment le rôle sournois du « patronat des sociétés de transport », qui espèrerait obtenir de nouvelles concessions de l’État en faveur des « lobbies routiers ».