FIL INFO – Douze maires, dont celui de Grenoble Eric Piolle, interpellent le PDG de Total, le sommant de respecter l’Accord de Paris sur le climat, et donc d’arrêter une partie de son exploration pétrolière.
Le maire de Grenoble Eric Piolle a menacé de porter plainte contre Total si le pétrolier refuse de prendre ses responsabilités face au réchauffement climatique.
Dans une vidéo postée ce 23 octobre sur les réseaux sociaux, Eric Piolle somme le PDG de l’entreprise française de respecter l’accord de Paris sur le climat alors que Total a été désigné en juillet 2017 par un rapport du Climate Accountability Institute comme le 19e plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde.
« Ici, dans les Alpes, le réchauffement va deux fois plus vite qu’ailleurs : les glaciers fondent, les lacs se vident, la neige manque. Ailleurs, les incendies ravagent les campagne et les inondations abiment les villes. Après New-York, Oakland, San-Francisco, avec Bayonne, Bègle, Nanterre et tant d’autres, aujourd’hui, avec l’initiative de l’ONG Notre affaire à tous, nous, les villes, nous haussons le ton envers les géants du carbone ! Si chacun doit faire sa part, alors vous aussi ! », s’élève le maire de Grenoble.
Le 22 octobre, douze collectivités et quatre associations de défense des droits de l’Homme et de l’environnement ont adressé à Patrick Pouyanné un courrier demandant à son entreprise de respecter la loi de février 2017 relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre.
« Il faudrait laisser trois quarts des réserves fossiles aujourd’hui connues sous le sol »
Cette loi invite les grands groupes multinationaux à mettre en place des plans pour prévenir les risques liés à leurs activités, a expliqué Marie Toussaint, la présidente de l’association « Notre affaire à tous » sur FranceTVInfo.
« Mais pour l’instant, le plan de vigilance de Total est non seulement très court, mais en plus ne cite qu’à peine le risque climatique et ne l’évalue absolument pas. Pour respecter l’Accord de Paris, c’est-à-dire limiter le réchauffement à 1,5 ou 2 °C, il faudrait laisser trois quarts des réserves fossiles aujourd’hui connues sous le sol. Or, Total est en train de poursuivre l’achat de productions pétrolières, mais également de continuer l’exploration, notamment au large des côtes de la Grèce ou du Brésil. On a besoin qu’il s’arrête d’explorer et qu’il s’arrête d’exploiter une partie des puits de pétrole aujourd’hui en fonctionnement. »
En septembre 2017, le pétrolier avait obtenu le feu vert de Nicolas Hulot pour poursuivre ses recherches d’hydrocarbures au large de la Guyane avant que ne soit votée la loi sur les hydrocarbures.
Mais si la loi prévoit de ne pas renouveler les concessions d’exploitations existantes au-delà de 2040 sur le territoire français, elle a aussi prévu des dérogations et notamment d’autoriser l’octroi d’une concession d’exploitation dans la foulée d’une éventuelle découverte et de prolonger les permis exclusifs de recherche déjà attribués.
PC