FOCUS – Avec pas moins de onze concerts programmés du 7 au 20 octobre, la 14e édition du Grenoble-Alpes Métropole Jazz festival veut faire swinguer le public dans six communes de l’agglomération. Unique festival de jazz métropolitain, cet événement poursuit l’ambition d’agrandir son périmètre pour donner enfin au jazz la place qu’il mérite dans l’agglomération, voire au-delà.
« Vivre un véritable voyage musical au rythme de courants cosmopolites, de rencontres explosives, d’improvisations inspirées ». Telle est l’alléchante proposition de la 14e édition du Grenoble-Alpes Métropole Jazz festival portée par le Jazz club de Grenoble et ses 260 adhérents.
À l’occasion de cette nouvelle édition, neuf salles* partenaires, situées à Grenoble, Échirolles, Varces, Gières, Fontaine et Saint-Égrève, vont accueillir, du 7 au 20 octobre, pas moins de onze concerts.
Autant de chaleureuses rencontres jazzistiques qui, l’association et ses partenaires l’espèrent, sauront séduire le public de l’agglomération grenobloise. L’an dernier, près de 3 000 festivaliers avaient participé à l’événement.
La volonté affirmée cette année est d’étendre la dimension métropolitaine du festival. Notamment par le ralliement de nouvelles salles, telles que La Rampe à Échirolles et le Nouveau théâtre Sainte-Marie‑d’en-Bas à Grenoble. Bref, ça va swinguer dans la métropole ! De quoi ravir autant les amateurs avertis et les professionnels qu’un public curieux de ce genre musical né à la fin du XIXe siècle dans les lointaines contrées du sud des États-Unis.
Du jazz, du jazz et encore du jazz mais pas seulement…
Toujours est-il que, pour cette 14e édition du Grenoble-Alpes Métropole Jazz festival, l’organisation a mis les petits plats dans les grands : une programmation mêlant éclectisme, échanges entre différents styles de jazz, aussi bien que la découverte de jeunes musiciens ou de groupes émergents. Les ingrédients de base, les fondamentaux de ce festival ne changent pas. Du jazz, du jazz et encore du jazz. Latin jazz avec Cuba et le Brésil, free jazz, jazz swing, traditionnel ou rock…
Pour autant, le festival n’est pas sectaire, d’autres genres musicaux sont représentés tels le rhytm’n blues, la soul music, le funk… Se succèderont ainsi sur scène des artistes de haut niveau – dont des stars internationales –, certains atypiques voire inclassables comme Electro Deluxe, des groupes locaux ou encore les élèves du Conservatoire régional de musique de Grenoble.
Au rayon “grosses pointures », la chanteuse et pianiste d’origine cubaine Janysett McPherson qui se produira en ouverture du festival à La Vence scène de Saint-Égrève ce dimanche 7 octobre figure en tête de gondole. « L’un des plus beaux cadeaux de Cuba à la France », se réjouit l’organisation à propos de cette jazz-latina française qui, sans nul doute, va faire le show.
Dès le lendemain, « la machine à groove infernale » des dix musiciens « totalement inoxydables » du groupe Captain devrait à son tout enflammer la salle Le Laussy de Gières avec son rhythm’n blues explosif et déjanté.
De la master class aux sonorités arabo-andalouses, en passant par les années folles
Avec la master class conduite le mardi 9 octobre par le batteur André Charlier et le pianiste Benoît Sourisse, le public de la salle Stendhal de Grenoble – camp de base du Jazz club de Grenoble – sera convié à apprécier des sonorités peut-être plus sages. Très attachés à la transmission, ces deux complices donnent de nombreuses classes de maître à des musiciens ayant déjà une certaine pratique instrumentale en France et à l’étranger.
Quant à la soirée suivante, elle risque fort d’être mémorable avec « l’inclassable » groupe Electro Deluxe. « Un groupe fort de quinze années de scène. Des musiciens nourris par le jazz, qui ont baigné dans le funk et qui s’inspirent beaucoup du rap », commente Salvatore Origlio, le président du Jazz Club de Grenoble. À savourer ce mercredi 10 octobre au Théâtre municipal de Grenoble.
La Rampe à Échirolles accueillera, quant à elle, le 11 octobre à 20 heures « l’effervescence des années folles » avec le Umlaut Big Band et son répertoire jazz swing traditionnel.
Les nostalgiques de Duke Ellingtonn, Count Basie ou Lionel Hampton devraient s’y retrouver dans leur manière de reproduire, d’arranger ou de redonner vie aux grands standards du jazz.
Et puisque le festival invite au « voyage musical ». Quoi de mieux pour voyager que le concert que donnera le Fayçal Salhi 6tet ?
Ses six musiciens mêleront, à l’auditorium du musée de Grenoble le 14 octobre, leurs influences musicales arabo-andalouses à celles du jazz pour de « profondes sonorités métissées bien au-delà de la simple fusion des deux genres », assure l’organisation.
Des jeunes pousses, un duo insolite, deux hommages…
Le mardi 16 octobre, salle Stendhal, retour aux standards du jazz de 12 à 14 heures avec, pour la troisième année consécutive, la prestation du Conservatoire régional de Grenoble. Ce dernier présentera quelques élèves entourés de leurs deux enseignants, Karim Maurice et Lionel Moreau-Fachat. Au programme de cette soirée, un répertoire de jazz traditionnel, de jazz rock mais aussi des créations originales. L’occasion de découvrir des jeunes pousses « qui étonnent par leur énergie créatrice et leur talent », garantit le festival.
Tandis que le même jour, en soirée au Nouveau théâtre Sainte Marie d’en Bas (NTSMB), la part belle sera donnée à la musique brésilienne, avec le duo « insolite » Gabriele Mirabassi et Roberto Taufic.
Django Renihart, Stéphane Grappelli. Ces deux grands maîtres du jazz méritaient bien un bel hommage.
Celui que leur rendront le Florence Fourcade trio et Christian Escoudé, le mercredi 17 octobre à L’Oriel, la salle de Varces-Allières-et-Risset. Avant un autre hommage au saxophoniste Michael Brecker, le 18 octobre à la salle Edmond Vigne de Fontaine. Un exercice de mémoire au cours duquel André Charlier, le Winsberg Trio et Benoît Sourisse raconteront, à leur manière, les Histoires de Michael (Tales from Michael) de l’album éponyme sorti en avril 2018.
« Un jazz très dansant qui fait perdre le contrôle de ses jambes et de ses mains »
Encore quelque chose à gratter ? Oui, avec le quintet Sac à pulses, le vendredi 19 octobre, toujours à la salle Edmond Vigne de Fontaine. Évoluant depuis trente-deux ans dans les ambiances du jazz traditionnel, ces musiciens n’en sont pas moins à l’écoute de ce qui se fait actuellement, notamment à la Nouvelle-Orléans.
Une valeur sûre avec pour résultat « un jazz très dansant qui fait perdre le contrôle de ses jambes et de ses mains pendant le concert », indique le programme. Salvatore Origlio en est convaincu, « c’est le groupe idéal pour animer cette soirée jazz-danse festive », produite en partenariat avec l’association Grenoble swing.
Et, puisque toutes les bonnes choses ont une fin, en final de cette 14e édition du Grenoble-Alpes Jazz festival, c’est à un autre voyage étonnant qu’est invité à participer le public, avec la « formation atypique » du Sylvain Luc quintet. Une tête d’affiche « qui vient souvent avec un projet innovant et qui décoiffe », souligne Salvatore Origlio. En l’occurrence, un voyage en cinq dimensions avec la diversité des influences de ses musiciens dont l’union révèle « une musique nouvelle qui mêle plusieurs traditions musicales », s’enthousiasme l’organisation.
« C’est un festival qui n’a pas d’esthétique particulière »
« Ce qui est intéressant, et qui parfois nous a été reproché, c’est que c’est un festival qui n’a pas d’esthétique particulière », souligne Salvatore Origlio. Et le président s’en explique : « Nous n’avons pas de fonds suffisants pour dire “cette année, c’est l’année Thelonious Monk, on va faire venir des groupes d’Afrique du sud ou du Canada et nous allons voir qui nous propose des projets intéressants sur ce thème” ».
Quant à l’image ringarde qu’aurait le jazz auprès des jeunes, Salvatore Origlio la conteste avec force. « C’est une musique qui reste très créatrice, qui puise son inspiration dans la tradition mais aussi dans tous les courants musicaux », plaide-t-il. Un message qui, selon lui, a toutefois également du mal à convaincre les politiques. « Eux aussi ont mis le jazz dans une petite boîte traditionnelle ou ringarde », regrette Salvatore Origlio.
Joël Kermabon
- * La Rampe à Échirolles, La Source et la salle Edmond Vigne à Fontaine, la salle Le Laussy à Gières, Sainte-Marie-d’en-Bas, le Théâtre municipal et l’auditorium du musée à Grenoble, La Vence scène à Saint-grève et, enfin, la salle Loriel à Varces-Allières-et-Risset.