FOCUS – À l’occasion de la journée mondiale du climat, une cinquantaine de militants d’Action non violente Cop21, de l’association Les Amis de la Terre et d’Alternatiba ont procédé, ce samedi 8 septembre au matin, à des nettoyages d’agences de la Société générale à Grenoble. Motif de ces actions « propreté » ? Dénoncer le business climaticide de l’organisme bancaire, qui soutient « à coups de milliards de dollars » l’extraction d’énergies fossiles aux États-Unis.
Ce samedi 8 septembre au matin, les activistes d’Action non violente Cop21 et les militants de l’association Les Amis de la Terre et d’Alternatiba avaient préparé une petite surprise à la Société générale, à Grenoble.
À l’occasion de la journée mondiale d’action pour le climat, des actions étaient ainsi organisées dans une cinquantaine de villes en France.
Il faut dire que la banque française constitue une cible idéale, puisqu’elle détient « le triste record » d’investir le plus massivement dans l’extraction des énergies fossiles comme le gaz de schiste aux États-Unis.
Un business désastreux pour le climat de la planète, rappellent les activistes. Pour qui le dérèglement climatique à l’œuvre impose plus que jamais d’amorcer une baisse drastique des émissions des gaz à effet de serre. Et, par là même, une diminution tout aussi radicale de l’utilisation des énergies fossiles, qui génèrent ces émissions nuisibles pour l’Humanité et la biodiversité.
« Nous estimons que notre action est légitime »
« La Société générale est une banque sale, il faut la nettoyer ! », a lancé d’une voie forte et ferme Élisabeth Martinez, coprésidente d’Alternatiba Grenoble, en se plantant au milieu de l’agence de la banque située cours Jean-Jaurès.
Sous le regard médusé de l’employé, les activistes en blouses de ménage ont commencé à procéder à un nettoyage en bonne et due forme, équipés de seaux d’eau, de serpillères, de plumeaux, de chiffons et de produits pour sol, surfaces et vitres.
Pendant ce temps, la militante a rappelé le contexte de cette intervention « non violente ». « C’est la troisième action que nous faisons depuis deux ans dans votre banque. Nous estimons que notre action est légitime et la seule solution pour que la Société générale cesse de financer des projets climaticides », a‑t-elle asséné.
Un peu plus avant le top départ de l’opération nettoyage, Amélie Fondevilla, militante d’ANV Cop21, pointait « l’attitude de surcroît hypocrite de la banque alors que la France interdit l’extraction des gaz de schiste ».
« La banque est vraiment très très sale. Il va falloir la décontaminer »
Durant l’intervention des militants écologistes, les quelques clients présents dans l’agence n’ont pas bronché. Le responsable de l’agence a, pour sa part, d’abord manifesté sa réprobation. Puis il s’est ravisé, au vu du nombre des militants, considérant tout compte fait qu’il n’y avait pas péril en la demeure.
Sans doute pour clore la séance de ménage, la porte-parole a lancé : « Désolée, la banque est vraiment très très sale. Il va falloir la décontaminer. »
Des faux spécialistes de la décontamination sont alors arrivés. Et ont évacué leur propre troupe vers la sortie, mettant ainsi un terme à la mise en scène, savamment élaborée.
« Cela s’est très bien passé », se sont félicités les militants, une fois sortis de l’agence.
« Changez la banque ou alors changez de banque ! »
Deux agences de la Société générale à Grenoble, l’une sur le cours Jean-Jaurès et l’autre sur le boulevard Vallier auront eu droit, ce jour, simultanément à une petite séance de nettoyage d’une vingtaine de minutes, administrée par deux groupes de vingt-cinq militants environ.
Une fois leur besogne effectuée, les militants ont ensuite convergé vers la place Victor-Hugo, sans se priver de dénoncer, au cours de leur déambulation, par le truchement d’un mégaphone, de panneaux et de tracts, les agissements de la Société générale.
Arrivés à place Victor-Hugo, les activistes ont cette fois procédé au ravalement de la vitrine de l’agence du quartier, tout en continuant d’échanger avec les passants intrigués. Les militants n’ont eu de cesse de lancer aux clients potentiels de la Société générale : « Changez la banque ou alors changez de banque ! ».
« Ces projets sont également imposés aux populations autochtones »
La Société générale n’en a pas fini avec cette publicité peu flatteuse dont elle se passerait bien. En mars dernier, les mêmes activistes avaient déjà entrepris un autre type d’action non violente contre elle.
Déjà à l’époque, ils dénonçaient ses « mégaprojets ravageurs pour la planète ». Les activistes lui reprochent en particulier de financer « un projet de terminal d’exportation de gaz de schiste liquéfié, Rio Grande LNG, et de double gazoduc, Rio Bravo Pipeline ».
« En plus d’être très mauvais pour le climat, la planète, ces projets sont également imposés aux populations autochtones qui les refusent mais ne sont pas écoutées ! », fulmine Samuel.
« Nos actions médiatisées portent leurs fruits »
La précédente action de mars n’avait pas suffi à faire plier la banque. Les activistes ont à nouveau sévi ce samedi et n’entendent pas lâcher la banque de si tôt. Ils annoncent, cette fois à l’avance, qu’ils programment un « nettoyage géant » du siège parisien de la Société générale du 28 boulevard Haussmann, le 14 décembre prochain.
Une date qui ne doit rien au hasard puisqu’elle marquera la fin de la Cop24 (“Conference of the Parties”, en anglais), se déroulant cette année en Pologne.
De quoi laisser à la banque quelques semaines pour mûrir sa décision de renoncer à ses projets d’extractions de fossiles aux États-Unis ? Telle semble en tout cas la stratégie mise en œuvre.
« Nos actions médiatisées portent leurs fruits », déclare, confiante, Béatrice Janiaud, militante d’Alternatiba et ancienne élue verte au conseil régional de Rhône Alpes. Preuve en est, qu’harcelée de la même façon par les activistes, la BNP Paribas a fini par battre sa coulpe. En octobre 2017, elle s’est désengagée des projets liés à l’extraction d’énergies fossiles.
Séverine Cattiaux