FOCUS - Deuxième épisode du dossier sur l’Islam dans l’agglomération grenobloise dans la foulée de l’Aïd Al-Adha, date la plus importante du calendrier musulman. Spécificité locale, la plupart des mosquées sont fédérées au sein du Conseil des imams de l’Isère (CII). Retour sur l’histoire de cette structure, la première de ce type en France, son fonctionnement, ses limites et sa contribution au dialogue interreligieux.
Le conseil des imams de l'Isère est à l'initiative des grandes prières de l'Aïd à Alpexpo. © Florian Espalieu - Place Gre'net
« Le Conseil des imams de l’Isère [CII] est quelque chose d’unique en France », s'enthousiasme Riadh Azouni, imam et secrétaire du CII. « Nous avons même été contactés il y a deux ans par l’imam de Lyon qui souhaitait mettre en place le même type d’instance. »
Laïcité oblige, la France ne compte en effet pas de ministère des affaires religieuses comme dans les pays musulmans. "Le Conseil des imams de l’Isère, qui regroupe 25 imams du département, tient un peu ce rôle à l’échelle de l’agglomération », précise Riadh Azouni. 85 à 90 % des lieux de culte de l'agglomération grenobloise se réclameraient ainsi du CII.
Concrètement, cet organisme vise à organiser le culte en fédérant les différentes mosquées. Ce qui leur permet de parler d’une seule voix d’un point de vue religieux. Ou encore d’être en mesure de co-organiser des événements tels que les prières de l’Aïd rassemblant plus de 10 000 fidèles à Alpexpo, en collaboration avec la Fédération des associations de mosquées de l’Isère (Fami).
De l’“islam des caves” à des structures associatives
Pour comprendre la genèse du Conseil des imams de l’Isère, il faut remonter quelques décennies en arrière. Les premiers musulmans de Grenoble étaient des travailleurs immigrés et des étudiants. Dans les foyers, des salles de prières ont alors été improvisées dans les soixante et soixante-dix. On appelait cela l’“islam des caves”.
Riadh Azouni, secrétaire du Conseil des imams de l'Isère lors de la préparation de l'Aïd el-Fitr à Alpexpo © Florian Espalieu - Place Gre'net
« Au début, les étudiants se retrouvaient simplement dans une chambre pour prier ensemble », se souvient Lotfi Makhlouf, président du Centre culturel musulman de Grenoble (CCMG) et de la Fami. Puis différentes salles de prières et différentes associations ont vu le jour au cours des années 80. « Il a alors fallu faire un travail collectif pour organiser le culte. Ce qui a conduit à la création du Conseil des imams de l’Isère dans les années 1990. »
Une date commune pour l’Aïd el-Fitr
« À force de travail, on a réussi à convaincre les musulmans qu’on était en France et qu’il fallait qu’on adopte un Islam de France », atteste Lotfi Makhlouf. « Par exemple, dans les années 1980, il y avait ainsi trois dates de fêtes pour l’Aïd el-Fitr, la fête de la rupture du jeûne après le mois du ramadan. »
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