FOCUS – La MC2 fête ses 50 ans cette année. On s’attend donc à une saison brillante, anniversaire oblige. Grâce à un petit coup d’œil dans le rétroviseur, avec un hommage au metteur en scène Georges Lavaudant, la plus importante scène nationale du pays assure le show.
Un demi-siècle déjà pour le paquebot MC2. L’an passé, l’équipage provoquait quelques mouvements de houles, comme nous nous en étions fait l’écho. Cette rentrée semble se dérouler sur mer calme.
Quoi de mieux qu’un petit regard en arrière sur ce qui fit la grandeur du lieu pour fédérer à nouveau ? Il échoit donc à Georges Lavaudant, dit Jo, d’incarner cet âge d’or.
Le metteur en scène d’origine grenobloise codirigea la maison aux côtés de Jacques Blanc de 1981 à 1986. Mais c’est surtout par ses pièces que l’homme de théâtre a laissé sa trace dans les mémoires.
Pour lui rendre hommage, l’équipe de la MC2 a décidé que sa salle la plus importante, le grand théâtre, deviendrait la salle Georges Lavaudant. Le samedi 22 septembre, une soirée spéciale, La Bande à Jo !, saluera l’artiste via des lectures, de la danse et du théâtre.
Attention, pièce mythique !
« Je suis très chauvin mais j’ai toujours trouvé qu’il y avait ici une réception très inventive. Les gens avaient vu beaucoup de très bons spectacles, ce qui leur donnait une sûreté de jugement assez phénoménale. C’est vraiment un des publics les plus attentifs, les plus présents que j’ai eu », se souvient Georges Lavaudant avec émotion. Et cela alors même que ses pièces ne firent pas toutes l’unanimité.
« Certaines de mes pièces ont divisé, c’est vrai. Pour Palazzo mentale [programmée en octobre 1976 à Grenoble, ndlr], des gens trouvaient ça trop esthétique, trop élitiste, on n’y comprenait rien ! », admet le metteur en scène.
À rebours, La Rose et la hache, présentée il y a quarante ans et rejouée en 2004 pour la réouverture de la MC2, provoqua l’enthousiasme le plus complet. C’est cette adaptation de la pièce Richard III, de Shakespeare, que la MC2 reprogramme cette saison, du 6 au 17 novembre.
« Cinq ans avant le Richard III qu’il créera, grandeur nature, dans la Cour d’honneur du palais des Papes à Avignon […], Georges Lavaudant, avec La Rose et la Hache, avait enfilé les gants du metteur en scène italien Carmelo Bene pour réduire (exploser, saccager, parodier, réinventer) ce même Richard III à la façon d’une compression de César : voix et musiques trafiquées, lumières magiciennes, texte broyé, fureur des sons et des rires, personnages comme des pantins désarticulés sous les éclairs d’un stroboscope », écrivait Claude-Henri Buffard dans Les Rêves ont leurs usines, édité chez Glénat en 2004.
D’autres monstres sacrés
Pour les moins de 20 ans, disons pour résumer qu’Igor et Lili Dromesko sont des légendes vivantes du théâtre forain. Leur langage singulier emprunte autant au théâtre qu’à la danse ou au cirque. La musique et les bêtes à plume y tiennent une place de choix, qui contribue à l’onirisme charmant qui auréole leurs pièces.
Du 2 au 13 avril 2019, ils installent leur “baraque” devant la MC2 pour jouer successivement, sur un plancher enserré par deux gradins, Le Jour du Grand Jour et Le Dur Désir de Durer.
Dans Le Jour du Grand Jour, le Théâtre Dromesko revisite les rituels durant lesquels nous portons volontiers le masque : mariages, baptêmes, enterrements, remises de médaille, etc. Leur fantaisie louvoie ici entre farce dérisoire et hommage poétique à tous les endimanchés occasionnels que nous sommes.
L’ancien et le nouveau
On a hâte de découvrir les créations des chorégraphes Jean-Claude Gallotta et Rachid Ouramdane, le second ayant succédé au premier à la tête du Centre chorégraphique national de Grenoble, rebaptisé CCN2, comme on sait.
Comme un trio (du 11 au 15 décembre 2018) marquera la première rencontre de l’écriture de Françoise Sagan avec la danse contemporaine. Il imagine sa pièce en résonance avec l’ouvrage Bonjour tristesse rédigé par le « charmant petit monstre » alors qu’elle était une si jeune fille.
Dans Franchir la nuit, du 8 au 10 novembre 2018, Rachid Ouramdane creuse encore son goût pour le portrait dansé. Ici, c’est celui de jeunes migrants qu’il esquisse sur un plateau recouvert d’eau. Écho de la Méditerranée que tant de migrants cherchent à franchir.
Adèle Duminy
L’ensemble de la programmation est à retrouver sur le site de la MC2.