RENCONTRE – Avec déjà deux polars à son actif publiés par Calmann-Lévy, Elsa Roch se fait petit à petit une place dans le monde du roman noir francophone. Un rêve pour l’auteure grenobloise, psychologue clinicienne, qui explore à travers ses récits et son personnage principal les faiblesses et les tourments de l’humanité.
Son nom sonne comme un personnage de polar : Elsa Roch, à prononcer comme dans “Rock’n Roll”. L’auteure grenobloise a fait son apparition dans le champ de la littérature noire en 2017, avec Ce qui se dit la nuit. Un premier roman rural sur fond de suspicion de matricide, de rites païens et de secrets ancestraux… et un coup de maître : Elsa Roch a été repérée et publiée par les prestigieuses éditions Calmann-Lévy.
Aujourd’hui, la Grenobloise compte deux romans à son actif : début 2018, son deuxième opus Oublier nos promesses, offrant une ambiance très différente, fidèle à l’esprit “Quai des orfèvres”, a rejoint le rayon noir des librairies. Pas question de s’arrêter en si bon chemin : un troisième roman est d’ores et déjà sur les rails, mais ne comptez pas sur l’auteure pour en déflorer le propos ou l’intrigue.
Une chose est sûre : Elsa Roch n’a pas envie de se laisser enfermer dans des petites cases. « Un coup, j’ai écrit un polar rural, puis le deuxième est 100 % urbain… et le troisième sera différent. J’ai envie d’être un peu libre, et c’est pour ça que j’ai choisi le polar », explique-t-elle. Un sentiment de liberté que l’auteure n’arrive pas encore à ressentir dans la littérature dite “blanche”. « Dans le noir, tout est possible ! », résume-t-elle.
Amaury Marsac, personnage fatigué et torturé
Dans ses deux romans, un même personnage principal : Amaury Marsac, quadra fatigué de son quotidien de flic, confronté à des meurtres particulièrement sordides et qui mène ses enquêtes tout en affrontant ses propres démons. Pourquoi avoir choisi un homme ? Par goût du challenge, confie Elsa. Qui pense avoir appris de son personnage. « Ça m’offre un autre point de vue. L’écriture et la vie finissent pas s’entremêler… et je suis peut-être un peu plus indulgente vis-à-vis des hommes. »
Un homme « particulièrement torturé ». Et pour cause : « J’écris pour explorer une à une les failles de l’être humain », confie-t-elle. Elsa Roch jure toutefois ne nourrir aucune cruauté de plume à l’égard de Marsac. Au contraire, dit-elle : « Je veux qu’on l’aime et qu’on s’y attache »… sans savoir elle-même exactement quel avenir elle lui réserve. « Mon éditrice m’a dit : si un vendredi à 18 heures tu veux tuer Marsac, tu m’appelles ! », s’amuse-t-elle, tout en précisant que la mise à mort n’est pas à l’ordre du jour. « Je l’aime suffisamment pour vouloir le garder en vie… mais j’en ferai mourir d’autres ! »
Une adaptation audiovisuelle en projet
À l’image de Flaubert, Elsa Roch pourrait-elle déclarer « Amaury Marsac, c’est moi » ? La question la fait sourire, mais des lecteurs et lectrices lui ont déjà fait la réflexion. « Je ne renie pas une parenté quelconque. En tout cas, il vient de moi ! », concède-t-elle. Mais c’est finalement l’univers tout entier de ses romans qu’investit Elsa Roch, à travers son expérience de psychologue clinicienne ainsi que sa rencontre, adolescente, avec une jeune autiste qui aura marqué sa vie à tout jamais.
L’auteure revient toujours à ces réalités que sa profession l’a amenée à côtoyer, derrière le rideau noir des apparences sociales.
Si Elsa Roch se défend de s’inspirer de cas de patients concrets, elle reconnaît volontiers que ses personnages, et notamment ses « salauds », proviennent de ce qu’elle a pu voir ou entendre. Ce qui leur donne, au demeurant, un caractère singulier, loin des schémas archétypaux des personnages “classiques” de polar.
Aujourd’hui, Elsa Roch a mis sa carrière de psychologue entre parenthèses pour vivre son rêve d’écrivain, entre écriture intensive et rencontres avec les lecteurs au cours de dédicaces ou dans des salons littéraires, dont le prestigieux Quais du polar.
Et tandis que son prochain roman devrait voir le jour en 2019, un autre projet se dessine : une société audiovisuelle a acquis les droits de son premier ouvrage. Avec peut-être à la clé, bientôt sur nos écrans, un Amaury Marsac en chair et en os.