EN BREF – Si les partenaires du projet se réjouissent de la signature récente de la Déclaration d’utilité publique pour le projet d’aménagement de l’A480 et de l’échangeur du Rondeau, ce n’est pas le cas de la Frapna. La Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature renouvelle ses réserves vis-à-vis du projet, et formule ses inquiétudes en matière de boisement et de qualité de l’air.
La Déclaration d’utilité publique du réaménagement de l’A480 et de l’échangeur du Rondeau signée par la préfecture ne fait pas que des heureux. La Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna) rappelle ainsi ses réserves vis-à-vis du projet, et juge que celui-ci peut, et doit, encore être amélioré afin de limiter ses nuisances environnementales.
« Les études d’impacts et l’examen approfondi du projet montrent que le projet actuel présente de nombreuses lacunes qui doivent être corrigées pour le rendre plus acceptable », écrit ainsi la Fédération. Qui ajoute se retrouver dans les avis publiés par le Conseil national de protection de la nature (CNPN), autant que dans ceux de l’Autorité environnementale (AE) en date du 25 juillet 2018, tous deux porteurs de plusieurs observations.
Boisements en danger
La Frapna divise en trois points ses pistes d’amélioration du projet. En premier : son impact sur les boisements. La Fédération juge ainsi que « les lambeaux boisés reliques le long du Drac et de l’Isère sont indispensables », en matière de biodiversité comme de qualité du paysage, ou encore de création de zones d’ombre pour les périodes de fortes chaleurs.
Or, le CNPN a rappelé la concomitance de deux projets : celui de l’A480, et le plan de gestion de la végétation des digues, qui a déjà occasionné la coupe de 180 arbres et prévoit d’en abattre encore 90, auxquels s’ajoutent quinze arbres morts. Quel lien entre les deux dossiers ? Les études ont été réalisées avant ces coupes et, écrit le CNPN, il n’est pas certain que « les arbres épargnés par le projet Area [maître d’ouvrage de l’aménagement de l’A480, ndlr) soient encore sur pied ».
Conclusion : « Il faut totalement revoir cet état initial et les mesures d’évitement, de réduction et de compensation », note le CNPN. Une demande soutenue par la Frapna, qui ajoute que le fameux plan de gestion s’étale sur dix ans, et prévoit la coupe de « milliers d’arbres qui vont disparaître sans être remplacés du fait de la fauche annuelle ». Aussi, la Fédération attend que l’impact global des différents projets soit révisé pour mieux compléter les mesures compensatoires… et demande à la préfecture d’annuler l’arrêté relatif à la gestion des digues.
Des compensations sans équivalence ?
Les compensations sont justement le deuxième point sur lequel le Frapna émet de sérieuses critiques. Ainsi, écrit-elle, les compensations prévues dans le cadre des travaux de déboisement et de défrichement réalisées sur l’A480 par Area et le Département de l’Isère dans les années 2010 ne sont toujours pas effectives. « Les 4 hectares boisés détruits devaient faire l’objet d’une compensation de 1,5 hectare de plantations », indique la Fédération, qui exige la réalisation de cette compensation avant de nouveaux travaux.
De plus, les militants de l’environnement, tout comme l’Autorité environnementale, demandent le maintien du corridor biologique le long du Drac. Et s’interrogent dès lors sur « l’équivalence écologique des mesures compensatoires proposées loin de l’agglomération grenobloise avec les destructions annoncées dans le périmètre de cette dernière ». Les sites de compensation étudiés, tels que Jarrie ou Montbonnot, sont en effet bien éloignés de la zone du projet.
L’impact sur la qualité de l’air
Dernier point abordé par la Frapna : l’impact du projet sur la pollution de l’air. La Fédération ne manque pas de rappeler que l’agglomération grenobloise est régulièrement sujette à des épisodes de pollution au dioxyde d’azote, et que la France a été déférée devant la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des seuils de la qualité de l’air. Aussi redoute-t-elle une augmentation du trafic routier faisant suite à l’élargissement de l’A480.
Ce n’est pas le cas de l’étude d’impact qui, citée par l’Autorité environnementale dans son avis, « donnait des valeurs moyennes annuelles inférieures aux valeurs cibles réglementaires en fonction de l’hypothèse retenue de stabilité du trafic automobile à l’horizon 2030 ». Cruelle, l’AE ne manque pas de juger cette « hypothèse optimiste » comme « peu conforme aux tendances en la matière ». Une critique qu’elle avait par ailleurs déjà formulée auparavant.
Pour cette raison, la Frapna demande dans ses conclusions à ce que la vitesse sur le tronçon routier soit fixée à 70 hm/h. Ainsi que « l’engagement de réaliser une étude de la pollution de l’air du secteur, trois années après la mise en service de l’aménagement ». Autant d’exigences qui, estime enfin la Fédération, « relèvent de l’intérêt général, pour la santé des habitants et la biodiversité de l’agglomération ».