EN BREF – Dans une récente étude intitulée « Les territoires de la région face au défi du développement durable », l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes se penche sur les disparités territoriales de la région, en s’appuyant sur ses Établissements publics de coopération (EPCI). Au final, les analystes de l’Institut définissent sept types de territoires, depuis les grandes agglomérations jusqu’aux zones résidentielles diffuses.
Les territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes « face aux défis du développement durable », tel est le sujet d’une récente synthèse élaborée par l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes.
Des territoires ruraux en situation de fragilité sociale
L’étude (cf. méthodologie en encadré) met en relief la disparité des différents types de territoires présents sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une région où la ruralité est bien présente, que l’Insee divise en deux typologies.
D’une part, des territoires ruraux attractifs mais exposés à la précarité, où se retrouvent principalement des intercommunalités de Drôme et d’Ardèche. Ruraux et parfois montagneux, ces territoires sont difficilement accessibles, et concentrent un taux de pauvreté de 18 % malgré une forte activité touristique en lien avec la beauté de leurs paysages.
Deuxième espace rural : des secteurs d’élevage bovin « présentant des signes de fragilité sociale », en grande majorité concentrés dans l’ouest auvergnat. Des zones dans lesquelles le niveau de formation est plus faible : 24 % des actifs sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 37 % sur l’ensemble de la région.
L’Insee y observe également un chômage de longue durée plus important et, surtout, une proportion de personnes de plus de 65 ans bien supérieure aux moins de 20 ans, entraînant un « déséquilibre générationnel ».
Les territoires résidentiels face à la « ségrégation sociale »
Au niveau résidentiel, les analystes de l’Institut distinguent, là encore, deux grands types de territoires. Principalement concentrées en Savoie et Haute-Savoie, mais aussi en partie dans le Grésivaudan, se distinguent ainsi des zones résidentielles aisées mais confrontée à des difficultés de logement.
Leur taux de pauvreté très faible induit un foncier très coûteux, et dès lors un véritable « enjeu de ségrégation sociale ». Dans le détail, l’Insee note la topographie particulière de la Vallée de l’Arve, qui l’expose à des phénomènes de pollution similaires à ceux des métropoles.
Plus “fourre-tout”, l’Insee dessine une catégorie de territoires « à dominante résidentielle », plus dispersés géographiquement. Situés dans le bassin de Bourg-en-Bresse, dans le Roannais ou encore dans la Matheysine, ces zones concentrent tout de même 15 % de la population régionale.
Signes caractéristiques : un niveau de vie mais aussi des inégalités plus faibles que sur la moyenne régionale, et un habitat diffus composé aux deux tiers de maison. Ces territoires ne présentent au final « aucun enjeu fort de développement durable », selon l’aveu même des analystes.
Des agglomérations face aux enjeux environnementaux
Les territoires restants ? L’Insee distingue et insiste sur « un patrimoine naturel en haute montagne à préserver ». Une zone, principalement basée en Savoie mais aussi en Haute-Savoie et en Isère, qui compte deux parcs nationaux, la Vanoise et une partie des Écrins, confrontée à des risques d’inondation et de mouvements de terrain. Si le territoire ne concentre que 1,4 % de la population régionale, son importance écologique et touristique n’est plus à démontrer.
La montagne fait naturellement partie des paysages isérois, mais le département de l’Isère est très majoritairement composé d’aires urbaines, dont l’enjeu principal réside dans les déplacements, note encore l’Institut.
« Dans ces territoires, les déplacements domicile-travail sont importants, et s’accompagnent d’un usage accru de la voiture », écrit ainsi l’Insee. L’impact environnemental est important : dans ces zones, 38 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des véhicules, contre 28 % pour l’industrie et 13 % pour le résidentiel.
Enfin, l’Insee recense quatre grandes agglomérations dans la région : Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Lyon et Grenoble. Des zones « sensibles à la pollution industrielle et aux inégalités sociales », note l’Institut. Qui rappelle, sans surprise, que les agglomérations de Lyon et de Grenoble présentent les qualités de l’air les plus dégradées.
Un enjeu écologique auquel s’ajoute un risque en matière de cohésion sociale, les villes concentrant de fortes disparités et présentant un taux de pauvreté de 15,2 %… soit 2,5 % de plus que la moyenne régionale.
Florent Mathieu
Une étude construite autour d’une méthodologie bien précise
En se basant sur les Objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations unies en 2015, l’Institut national de la statistique et des études économiques distingue ainsi sept types de territoire sur l’ensemble de la région, tous confrontés à des enjeux particuliers.
C’est également autour des EPCI, autrement dit les Établissements publics de coopération intercommunal comme les communautés de communes, que l’Insee a construit son étude. En effet, note l’Institut, les EPCI « constituent un espace de décision publique apte à porter des projets de développement ». Ce sont notamment eux qui donnent les orientations des Plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUI).