DÉCRYPTAGE - La construction d'une église sur le terrain du prieuré de Meylan, à proximité d'une école catholique hors contrat, cristallise de nombreuses tensions. Meydia, une "association politique de gauche », a notamment saisi le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler le permis de construire. Face à elle, L'abbé Salaün, directeur de l'école Saint-Pierre-Julien-Eymard qui officie au prieuré, ne croit pas aux raisons invoquées. Retour sur les enjeux d'une lutte bien plus complexe qu'il n'y paraît…
Une nouvelle église de 299 places verra-t-elle bientôt le jour au sein du prieuré traditionaliste de Meylan ? Meylan démocratie information action (Meydia) qui se décrit comme "une association politique de gauche » espère bien que non. Elle a ainsi saisi le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler le permis de construire accordé au prieuré membre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX).
Meydia dénonce les liens entre le prieuré et l'extrême droite, notamment avec l'organisation politique Civitas, parti politique français se définissant comme un "lobby catholique traditionaliste ». Le prieuré partage par ailleurs son terrain avec une école catholique hors-contrat, les deux étant sous la direction de l’abbé Jean-Marie Salaün.
Une église qui serait contraire aux lois de l'urbanisme
Le collectif AiMeylan, rassemblant des élus de gauche, écologistes et centristes à Meylan avaient d'abord déposé un vœu pour que le maire actuel Jean-Philippe Blanc retire le permis de construire de l’église qualifiée « d’intégriste ». Un vœu retoqué par la majorité municipale. D'où ce recours au tribunal administratif de Grenoble.
« Ce recours porte sur des raisons techniques et administratives », précise l'abbé Salaün, que nous avons rencontré au prieuré.
Meydia, le base en effet uniquement sur des raisons urbanistiques et non politiques. L'association dénonce un nombre de places de stationnement insuffisant et un accroissement du flux quotidien de la circulation pouvant rendre dangereux le trafic routier et cycliste.
« Nous construisons pour avoir notre lieu de culte. L’église que nous avons actuellement à Grenoble est vieillissante » se justifie l'abbé. Qui affirme que l'ancien maire de Meylan, Damien Guiguet, ne s'est pas opposé au permis de construire lors de son mandat.
« Effectivement, le permis a été déposé auprès des services en avril 2017, confirme l'intéressé. L’instruction a commencé et il a fait l’objet ensuite de plusieurs demandes de pièces complémentaires et de modifications. Le dernier modificatif déposé par le pétitionnaire date du 11 décembre 2017, soit bien après ma démission, le 13 octobre… Ce n’est qu’à cette date du 11 décembre que le dossier est administrativement complet et que son instruction peut être finalisée avant signature par le maire ou l’adjoint compétent ». Et l'édile d'enfoncer le clou : « C’est donc bien le nouvel exécutif qui a finalisé l’instruction et pris la décision d’accorder le permis. »
Interrogé sur d'éventuels contrôles de l'école par des inspecteurs de l’Éducation nationale, Damien Guiguet nous informe que le dernier a été réalisé en novembre 2017. "Les inspecteurs n'ont pas relevé de défaillances », souligne-t-il.
Pour l'abbé, "le véritable motif, c'est qu'ils ne veulent pas d'un lieu de culte ici ». Pourquoi donc tant d'acharnement ? Pour le savoir, nous avons essayé de mieux connaître cet établissement.
"Ici, la religion n'est pas matière à option »
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