La ten­sion est mon­tée d’un cran sur le cam­pus de Saint-Martin-d’Hères après une nou­velle inter­ven­tion policière

La ten­sion est mon­tée d’un cran sur le cam­pus de Saint-Martin-d’Hères après une nou­velle inter­ven­tion policière

FOCUS – Ce lundi 7 mai, la police est inter­ve­nue vers 8 heures du matin sur le cam­pus de Saint-Martin-d’Hères pour déga­ger les accès à la gale­rie des amphi­théâtres où devaient se dérou­ler des exa­mens, ceux-ci étant entra­vés par une tren­taine d’é­tu­diants en lutte contre la loi Vidal. Contestataires et syn­di­cats dénoncent une bana­li­sa­tion de la pré­sence poli­cière tan­dis que la direc­tion botte en touche, esti­mant pri­mor­dial que les étu­diants puissent pas­ser leurs examens.

Blocage des étudiants de l'UGA à l'ARSH, le 5 avril 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

Blocage des étu­diants de l’UGA à l’ARSH, le 5 avril 2018. © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

La ten­sion, déjà pal­pable ces der­nières semaines sur le cam­pus de Saint-Martin-d’Hères où des étu­diants luttent contre la loi Vidal, est mon­tée de quelques crans dans la mati­née de ce lundi 7 mai.

La direc­tion de l’Université Grenoble-Alpes (Uga) a en effet sol­li­cité la force publique afin de déga­ger les accès à la gale­rie des amphi­théâtres où étaient convo­qués 580 étu­diants de l’UFR Arts et sciences humaines (Arsh) et de l’UFR Sciences de l’homme et de la société (SHS) pour y pas­ser leurs partiels.

Une tren­taine de per­sonnes avaient, depuis 6 h 30, com­mencé à blo­quer la gale­rie, jus­qu’à ce que dix-sept poli­ciers inter­viennent vers 8 heures – de manière mus­clée selon les témoins de la scène – pour les en déloger.

La police a chargé assez dure­ment et fait usage de gaz lacrymogène

De très vifs et brefs affron­te­ments se sont alors dérou­lés au cours d’une bous­cu­lade où a régné la plus grande confu­sion. Les étu­diants gré­vistes refu­sant de quit­ter les lieux, la police a chargé fai­sant usage de gaz lacry­mo­gène et pro­vo­quant une réelle panique parmi les autres étu­diants, gazés eux aussi alors qu’ils étaient juste venus pas­ser leurs exa­mens. Des vidéos pos­tées sur les réseaux sociaux par les mani­fes­tants illus­trent bien l’in­ten­sité de cette confrontation.

Un boy­cott des par­tiels avec des copies blanches et solidaires

« Il n’y avait pas que des per­sonnes qui blo­quaient. La majo­rité des étu­diants était là pour pas­ser les par­tiels. Il y a eu des coups de matraques. Trois per­sonnes sont par­ties à l’hô­pi­tal et une per­sonne n’ap­par­te­nant pas au mou­ve­ment a été inter­pel­lée et est en garde à vue », relate Camille, l’un des étu­diants pré­sents sur les lieux. Le jeune homme est scan­da­lisé. « On voit bien sur une vidéo qui tourne sur Twitter un poli­cier lui prendre la tête et la frap­per sur le sol », pré­cise-t-il encore.

La Galerie des amphis, sur le campus de Grenoble. © Léa Raymond - placegrenet.fr

La Galerie des amphis, sur le cam­pus de Grenoble. © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Avant d’as­su­rer que les per­sonnes pré­sentes « ont été cho­quées par le déchaî­ne­ment de tant de vio­lence contre des per­sonnes qui, bien qu’elles blo­quaient effec­ti­ve­ment les accès, sont en revanche res­tées tota­le­ment paci­fiques », sou­ligne l’étudiant.

Sur le nombre de per­sonnes bles­sées, la ver­sion livrée par les forces de l’ordre diverge de celles de cer­tains témoins.

Si les ser­vices de police déplorent qu’un fonc­tion­naire ait été blessé à la tête et affirment que deux autres poli­ciers ont porté plainte, ils démentent qu’il y ait eu d’autres bles­sés. « À ma connais­sance, il n’y a pas eu de blessé dans les rangs des mani­fes­tants », a déclaré à nos confrères du Dauphiné libéré Nadine Le Calonnec, la direc­trice dépar­te­men­tale de la sécu­rité publique (DDSP). Les pom­piers affirment quant à eux avoir conduit à l’hô­pi­tal « un étu­diant légè­re­ment blessé ».

De sup­po­sés “blo­queurs” pris à par­tie par des membres de la sécurité

Toujours est-il que vers 10 heures, au cours d’une réunion spon­ta­née, des mani­fes­tants ont décidé, tout comme les étu­diants mobi­li­sés de Sciences humaines appli­quées et de Philosophie de l’UFR Arsh, de boy­cot­ter les par­tiels en ren­dant des copies blanches et “soli­daires”. Camille est d’au­tant plus remonté que cer­tains étu­diants auraient été pris à par­tie par des vigiles qui les auraient recon­nus comme étant des bloqueurs.

Le batiment ARSh Arts et sciences humaine, de l'Universite Grenoble Alpes © Léa Raymond - placegrenet.fr

Le bati­ment ARSh Arts et sciences humaine, de l’Universite Grenoble Alpes © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Finalement, ces mêmes étu­diants ont pu ren­trer mais le mal était fait. « C’est désta­bi­li­sant quand on a trois par­tiels dans l’a­près-midi de se voir refu­ser l’ac­cès par des vigiles », juge Camille.

Pour ce der­nier, les choses sont claires. « Nous ne pou­vons pas pas­ser des par­tiels dans ces condi­tions », s’in­surge-t-il, regret­tant que toutes les demandes d’aménagement des exa­mens faites par l’assemblée géné­rale des étu­diants aient été refu­sées par Patrick Lévy, le pré­sident de l’Université Grenoble-Alpes. D’ailleurs, nous confie Camille, « il n’y a pas qu’a­vec les étu­diants contre la loi Vidal qu’il refuse de dis­cu­ter, il y a aussi des ensei­gnants qui ont trouvé porte close et qui auraient beau­coup à dire sur les vio­lences poli­cières, sur com­ment la réforme à été mise en place car c’est eux qui vont devoir l’ap­pli­quer ».

« Il n’y aura aucun amé­na­ge­ment d’é­preuve » réaf­firme Patrick Lévy

Du côté de la direc­tion de l’Université, c’est un autre son de cloche que l’on entend. Patrick Lévy s’est en effet fendu d’un com­mu­ni­qué en fin d’a­près-midi, ce lundi 7 mai, dans lequel il revient sur les tenants et abou­tis­sants de sa déci­sion de recou­rir aux forces de l’ordre. « Au vu des ten­sions depuis plu­sieurs semaines entre blo­queurs et étu­diants dési­reux de pas­ser leurs exa­mens, je ne pou­vais lais­ser seuls face à face des blo­queurs et des étu­diants qui sou­haitent aller pas­ser leurs exa­mens », explique-t-il. Et de poursuivre.

Patrick Lévy © Comue Grenoble Alpes

Patrick Lévy © Comue Grenoble Alpes

« Aussi, j’ai demandé l’in­ter­ven­tion des forces de police. Les blo­queurs ont sou­haité res­ter mal­gré la pré­sence des forces de l’ordre, et se sont volon­tai­re­ment affron­tés avec les forces de police, entra­vant par là même le pas­sage d’é­tu­diants qui sou­hai­taient mal­gré tout inté­grer le bâti­ment », retrace Patrick Lévy.

C’est donc « pour les pro­té­ger […] que j’ai demandé le report des exa­mens pré­vus à la gale­rie des amphi­théâtres à 8 heures et à 11 heures. Les exa­mens orga­ni­sés dans les autres bâti­ments, y com­pris le bâti­ment Stendhal, se sont tous tenus sans pro­blème », assure le pré­sident de l’Université Grenoble-Alpes qui ne lâche rien.

« Afin de pré­ser­ver la valeur des diplômes de l’Université et de res­pec­ter l’en­semble des étu­diants, je réaf­firme, comme exposé depuis le début des évé­ne­ments, qu’il n’y aura aucun amé­na­ge­ment d’é­preuve. La pré­si­dence met­tra tout en œuvre avec l’ap­pui de l’ad­mi­nis­tra­tion pour la tenue effec­tive des exa­mens tels que prévu dans le règle­ment des études de chaque diplôme », conclut-il dans son communiqué.

« Le pré­sident de l’u­ni­ver­sité a encore une fois choisi l’u­sage dis­pro­por­tionné de la force »

La réac­tion des syn­di­cats ne s’est pas fait attendre. Dans un com­mu­ni­qué com­mun, la CGT, FO et le Snesup de l’UGA se sont alar­més de cette nou­velle flam­bée de vio­lence. « Face aux étu­diants mobi­li­sés paci­fi­que­ment contre la loi ORE, le pré­sident de l’université a encore une fois choisi l’usage dis­pro­por­tionné de la force », condamnent-ils avec force. Et d’ap­pe­ler tous les agents concer­nés « à exer­cer leur droit de retrait quand les condi­tions de sécu­rité ne sont pas réunies, ou leur droit de grève pour refu­ser d’assurer leur ser­vice dans des condi­tions qui contre­viennent à la fran­chise uni­ver­si­taire (pré­sence poli­cière, bar­rages fil­trants mis en œuvre par des com­pa­gnies de sécu­rité) ».

Pour les syn­di­cats, c’est l’incompréhension qui pré­do­mine devant « l’au­tisme » de la direc­tion de l’UGA qui, estiment-ils, refuse tout dialogue.


Reportage Joël Kermabon

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